PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]

Chapitre 32

Hillmore University, Angleterre

Samedi 11 novembre

[Evelyna]

J'aimerais que le sol s'ouvre sous mes pieds et m'engloutisse. Il y a encore quelques secondes, j'étais dans mon monde, le cœur léger, en train de chanter. J'ai ouvert les paupières pour vérifier si Zayn était toujours là. Le regard qu'il posait sur moi était émerveillé. Personne ne m'avait encore contemplée de la sorte. Mon cœur battait de plus en plus fort, au rythme de mon chant. Puis, en une seconde, tout s'est écroulé.

Derrière lui, plusieurs étudiants m'observaient. Nous avions des spectateurs.

Le sang qui avait quitté mon visage remonte à une vitesse fulgurante et je sens à présent mes joues chauffer. C'est idiot, je sais que je chante bien, que je ne devrais pas avoir honte de partager mon talent, néanmoins, ça me rend terriblement mal à l'aise. Je n'aime pas être le centre de l'attention.

— Comment ça, votre chanteuse ? questionne Zayn.

Son air ébahi a disparu et il a repris sa posture fermée, une expression agacée sur la figure.

Le groupe d'une dizaine d'étudiants s'éparpille et certains se rapprochent de moi, contournant mon petit ami.

— Oui ! Notre chanteuse nous a lâchés, nous avons besoin d'une remplaçante. Ça fait des jours que nous placardons des affiches partout dans l'université en espérant qu'une ou un volontaire se dévoue ! lance celui qui avait pris la parole.

Il est grand et mince avec de longs doigts. Je ne l'avais encore jamais croisé. D'ailleurs, la plupart de ce que je suppose être les membres du club de musique me sont inconnus.

Tous me dévisagent avec enthousiasme, ne voyant en moi que la chanteuse et non la fille balafrée. J'en suis déboussolée. C'est si rare que la première impression que je renvoie soit différente de celle d'une fille a la chair meurtrie.

Le garçon me saisit par les épaules, un éclat d'espoir dans les prunelles.

— Alors, tu veux bien rejoindre notre groupe ?

— Euh... je ne sais pas, je n'aime pas chanter devant un public.

Zayn me rejoint et dégage les mains de mon interlocuteur. Ce dernier laisse retomber ses bras le long de son corps sans lui prêter la moindre attention. Il me fixe avec un air de chien battu.

— Mais tu es incroyable !

— Merci beaucoup. C'est vraiment gentil.

Il pousse un profond soupir.

— Écoute, nous avons vraiment besoin d'une chanteuse pour le gala qui a lieu après les examens, juste avant les vacances de Noël. Tu ne veux pas quand même y réfléchir ?

— Il a raison. Tu es incroyable. Tu devrais peut-être essayer, m'encourage Zayn.

Notre audience le scrute avec surprise.

— Quoi ? grogne-t-il.

— Rien, répond une fille. C'est juste bizarre de voir l'un des Untouchables faire preuve de tendresse avec une fille.

— Et c'est sa petite amie, en plus ! lance une autre.

Le concerné siffle entre ses dents et se pince l'arête du nez. De mon côté, ce petit écart me permet de me détendre un peu.

— Je ne sais pas, finis-je par reprendre. Avec les examens du mois prochain et les entraînements de boxe, je...

Une main m'agrippe à la taille. Mon flan se retrouve plaqué contre Zayn.