T.2 | Chapitre 31

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Hillmore University, Angleterre

Samedi 6 avril

[Kate]

L'ambiance est déjà folle dans les gradins. Je viens à peine de prendre place sur les marches de béton qu'un brouhaha haut en décibel met à mal mes oreilles. À mes côtés se trouve Noalia. Derrière nous sont assis Zayn et Evy. Nous sommes arrivés ensemble, mais il n'y avait plus assez de place pour que nous nous installions sur la même rangée. Nous sommes tous serrés comme des sardines, à croire que la moitié d'Hillmore s'est donné rendez-vous ici. Les supporters de l'équipe adversaire sont également venus nombreux. Je me demande d'ailleurs où ils vont séjourner puisqu'avec la Silver House en travaux, c'était déjà galère de loger les étudiants du campus. Je me tourne vers Noalia et lui crie dans les oreilles :

— Comment va-t-on héberger tout ce monde ?

— Les étudiants de l'université de York ne restent pas ici. Ils repartent en fin de journée. Nous n'avons pas la capacité de leur offrir le gîte. C'est pour ça que le match a lieu le matin.

— Je vois.

— Comment se fait-il que tu l'ignores ? C'est pourtant toi la fille du coach et la copine d'un des joueurs, me taquine-t-elle.

— À vrai dire, je n'avais pas pensé à poser la question. J'avoue qu'avant de fréquenter Soren, je ne m'intéressais pas vraiment aux matchs.

Elle glousse et nous reportons notre attention sur le terrain. Il est encore désert, hormis l'arbitre et les juges de touche. J'observe ensuite les barres métalliques blanches qui servent de but. Soren m'a appris que ça s'appelait des pagelles. Je sais, c'est honteux de ne pas connaître un élément aussi basique alors que mon père est un ex-joueur professionnel. Mais en raison de ce qui lui est arrivé, ça a longtemps été un sujet tabou. Devenir entraîneur ici a été son premier pas vers la réconciliation avec ce sport.

Les joueurs montent sur le gazon et les cris redoublent. C'est encore plus bruyant que lors du précédent match à Cumbria. Sans doute parce que les lieux sont plus petits et la paroi au-dessus de notre tête qui nous protège des éventuelles intempéries donne l'impression d'être dans un tambour. Ça résonne un peu trop à mon goût.

Néanmoins, lorsque le match commence, j'oublie tout. Mon attention n'est focalisée que sur Soren et son équipe. Il m'a donné plus d'explication sur les règles, je comprends donc un peu mieux ce qu'il se passe que la dernière fois. Les muscles tendus, je me mords la lèvre inférieure à chaque fois que l'équipe perd le ballon. C'est fou, ce n'est qu'un match amical, pourtant, j'ai l'impression que ma vie – et celle de Soren – en dépend. C'est comme s'il s'agissait d'un champ de bataille et qu'une défaite ferait de moi une veuve ayant perdu son mari à la guerre. Je suis beaucoup plus investie que je ne le pensais.

Cette rencontre compte beaucoup pour l'équipe d'Hillmore et pour lui.

C'est pourquoi lorsque la mi-temps arrive et que les adversaires mènent, je lâche un juron.

— Ne t'en fais pas, ce n'est pas encore fini, me glisse Noalia.

— Ils sont en train de perdre. Je ne suis pas experte, mais York est vraiment forte.

— Hillmore l'est aussi. Nos joueurs se sont bien défendus, ils sont motivés et prêts à en découdre.

Je fixe l'équipe debout près de mon père. Ce dernier est en train de leur balancer des conseils en faisant de grands gestes. Les rejoindre me démange.

Soudain, je sens une masse se pencher vers moi. Evelyna, assise dans la rangée de derrière, s'est courbée vers l'avant pour approcher sa bouche de mon oreille.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant