Chapitre 9

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Hillmore University, Angleterre

Jeudi 28 septembre

[Evelyna]

Installée à la cafétéria de la Ashen House, j'écoute Isaac en sirotant le café qu'il m'a offert. Ça fait des jours qu'il essaye de m'inviter pour que nous puissions passer un moment ensemble. Il s'est excusé mille fois pour l'incident de la piscine. J'ai beau lui dire que ce n'est pas grave, que ce n'est pas sa faute, il persiste à croire qu'il aurait dû empêcher ses types de me jeter dans l'eau, quitte à se battre.

Mais je sais pourquoi il ne l'a pas fait sur le moment. Lui et ses amis se sont fait remonter les bretelles le jour avant pour s'être battu dans les jardins. Ça aurait été donc une mauvaise idée de participer à une nouvelle bagarre le lendemain.

De toute façon, je ne le blâme pas.

À son anecdote, je hoche la tête et souris, pour feindre mon intérêt. Je ne parviens pas à me concentrer sur ses histoires. Je n'arrête pas de ressasser ce moment gênant d'hier. Qu'est-ce qui m'a pris d'ouvrir ma porte et de me pavaner en culotte devant Zayn ? Lorsque Shirley l'avait d'abord malencontreusement ouverte sur son passage, j'ai vu le regard qu'il me lançait. J'ai très bien saisi que ça l'agaçait d'avoir des réactions qui allaient à l'encontre de sa haine, alors j'ai agi comme une gamine. J'ai voulu l'énerver.

Conclusion, il m'a accusé de jouer à la pute. D'une certaine façon, je ne peux pas lui en vouloir. Je me suis délibérément montrée à moitié à poil, comment aurait-il pu interpréter ça autrement ?

Je l'ai très vite regretté, car ça ne me ressemble pas. En réalité, dans d'autres circonstances, ça ne m'aurait pas traversé l'esprit du tout. Mais Zayn remue quelque chose en moi... Il m'énerve autant qu'il m'attire. Je dois lutter pour faire preuve de mon habituel détachement lorsqu'il s'agit de lui.

En plus, on a été collé ensemble pour un devoir.

Je lâche un soupir, ce qui interpelle Isaac.

— Je t'ennuie, s'inquiète-t-il.

Ses mots me ramènent à l'instant présent.

— Oh ! Non, non, ce n'est pas toi ! C'est...

— Tu étais ailleurs, c'est ça ?

— Ouais, désolée.

— Ce n'est pas grave, je parle beaucoup de moi, peut-être devrais-je te laisser la parole.

Je fonds, il est adorable. Toutefois, ce n'est pas lui le problème, c'est moi. Je ne suis pas habituée à tenir de longues conversations. Avec Shirley, il y a du progrès. Lorsque nous sommes toutes les deux dans notre chambre, je ressens ce lien qui se construit entre nous. Mais ici, en grand groupe et avec les garçons... je ne sais pas, je ne me sens vraiment pas dans mon élément. Ce n'est pas mon environnement naturel. C'est pourquoi j'essaye de m'isoler avec mes écouteurs dès que je le peux.

— Je ne suis pas bavarde, ça n'a rien à voir avec toi, dis-je pour le rassurer.

Il pose sa main sur la mienne, immobile sur la table. Son toucher ne me dérange pas, bien que je ne sois pas tactile, mais il ne m'émoustille pas non plus.

Il me pose ensuite quelques questions, soucieux de me faire parler et surtout d'apprendre à me connaître. Je m'investis donc en peu plus dans la conversation tout en évitant de lui révéler certains détails de ma vie.

Nous finissons par quitter la cafétéria. Tandis que nous marchons dans le couloir pour rejoindre nos chambres, il m'arrête soudainement.

— Est-ce qu'on pourra encore passer du temps ensemble, juste tous les deux ?

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant