Chapitre 39

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Manoir, Angleterre

Samedi 23 décembre

[Evelyna]

Lorsque Zayn achève ses explications, le silence s'abat dans la pièce. L'effet du sédatif commence à s'estomper et un sentiment mélangeant douleur et colère creuse ma poitrine. Je suis plus calme que tout à l'heure, mais cette subtile envie de vengeance s'accroche fermement à mon cœur. Moi qui pensais avoir tourné la page sur ce qui m'était arrivé il y a treize ans, n'accusant que ma balafre de mon malheur, je découvre malgré moi que j'avais tort.

Je n'ai eu qu'à croiser le regard de cet homme – prénommé Anthony, apparemment – pour vriller.

Je quitte la chaleur des bras de Zayn et me relève. Je reste quelques secondes immobile afin de m'assurer que mes jambes soutiennent mon poids. Puis, je me mets en marche.

— Evy..., lance Zayn.

Sa voix est mal assurée. Il est bouleversé par ce qui nous a été révélé aujourd'hui. Il s'efforce de dissimuler son désarroi et de paraître fort, mais il est évident qu'il a été blessé au plus profond de son être. Je ne peux pas lui en vouloir, ça a dû être un véritable choc d'apprendre son lien de parenté avec ce fou et que son père lui a menti pendant des années.

— Je vais prendre une douche.

Il acquiesce et je quitte la chambre pour rejoindre la salle de bain. Des gouttes sur la vitre de la cabine et la serviette roulée en boule dans un coin témoignent du passage de Zayn ici quelques heures plus tôt, lorsque j'étais toujours endormie.

Dans une série de gestes machinaux, je ramasse la serviette et la mets dans le bac destiné au linge sale. J'en prends une propre, me déshabille et laisse l'eau froide coulée sur mon corps. Une douche glaciale, voilà ce dont j'ai besoin pour sortir de cet état second, dans lequel mon esprit mélange images et sentiments liés aux derniers événements.

Reprends-toi, Evelyna. Prends de la hauteur, ne te laisse pas bouffer par tes émotions.

Mon corps tremble, mais la sensation de froid ne m'atteint pas. Je me sèche et me rends compte que je n'ai pris aucun vêtement de rechange avec moi. Je me vêtis donc uniquement du t-shirt propre que Zayn a abandonné là.

Je reviens ensuite dans la chambre. Ce dernier s'est également levé et se tient maintenant près de la fenêtre.

— Je suis allé nous chercher des bouteilles d'eau. Si tu as faim, dis-le-moi, j'irai te chercher quelque chose, m'annonce-t-il sans se retourner.

— Merci, pour la bouteille. Et c'est gentil, mais je n'ai pas faim.

— Moi non plus, répond-il dans un murmure.

Mon sang-froid retrouvé, je m'approche de lui. À peine ai-je fait un pas qu'il pivote dans ma direction.

— Est-ce que tu m'en veux ?

Je bats des cils.

— Quoi ? Bien sûr que non.

— Je suis vraiment désolé.

Je comble la distance entre nous et caresse sa joue.

— Ne le sois pas. Comment te sens-tu ?

Il fronce les sourcils.

— Pourquoi me demandes-tu cela ? C'est toi qui viens de revoir ton tortionnaire.

Je secoue la tête.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant