PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]

Chapitre 29

Hillmore University, Angleterre

Dimanche 5 novembre

[Zayn]

Furieux, je me dirige vers le bord de l'eau et escalade l'échelle. Je suis au moins soulagé de constater qu'Evy m'emboîte le pas sans problème.

Je lui avais promis qu'il n'y aurait que nous. Que fait Alicia ici ?

Le corps dégoulinant, j'avance vers elle.

— Je t'ai posé une question, dis-je.

— Toujours de mauvaise humeur, à ce que je vois.

— Réponds.

Elle n'en a que faire de mes propos et de mon ton. Elle n'est pas le genre de femme qu'on intimide facilement. Ses prunelles quittent les miennes et dévient vers un point légèrement derrière moi.

— Alors, c'est elle ? lance-t-elle.

Je me tourne vers Evelyna, recule de quelques pas et lui saisis la main. Elle observe Alicia avec une expression illisible. Face à mon silence, mon interlocutrice reprend en fixant nos mains :

— Tu es vraiment amoureux d'elle ? Franchement, je n'ai pas cru ton père quand il me l'a dit.

Je lâche un juron. Pourquoi lui a-t-il parlé de ça ?

— Ce n'est pas ton problème. Que fais-tu là ?

Elle se désintéresse une nouvelle fois de moi ainsi que de ma question. Elle inspecte les lieux avant de faire la moue.

— Désolée d'avoir interrompu vos préliminaires. Baiser dans l'eau. Pas mal. Nous n'avions jamais essayé à part sous la douche. Je vois que tu innoves.

Je guette la réaction d'Evy, m'attendant à ce que ses doigts se crispent autour des miens, mais rien. Elle est imperturbable.

Je pousse un profond soupir. Ma colère se meut en de la lassitude.

— S'il te plaît, dis-moi ce que tu fais ici.

Mon changement d'humeur et ma soudaine politesse la font sourire.

— Ton père m'a envoyée ici au cas où ce fou reviendrait.

Je fronce les sourcils.

— Seule ? La propriété d'Hillmore est immense, commente Evy.

— Bonne remarque, je vois que tu réfléchis, s'amuse Alicia. Je ne suis pas ici pour assurer une quelconque sécurité. Le directeur s'est chargé de la renforcer. Je suis ici pour intervenir en cas d'activité suspecte.

— Quel est l'ordre ? L'abattre ?

— Non. Le capturer.

Le pli qui barre mon front se creuse un peu plus. Capturer une cible ? Ce n'est pas dans les habitudes de mon père.

— Ouais, moi aussi ça m'a surprise, reprend-elle en haussant les épaules.

— T'a-t-il dit quelque chose à propos de cet homme ?

— Il nous a montré une photo de son visage, aux autres et à moi.

— C'est tout ? Même pas un nom ?

— Non, répond-elle. Ton père et Steve nous disent où nous rendre et on obéit. Je m'en fiche du nom de ce mec. On est payé pour l'attraper, pas pour connaître sa vie.

D'accord, mais ça reste étrange. Si mon père n'a pas révélé son nom, c'est qu'il ne veut pas le dire.

— Certains des gars le connaissent, puisqu'ils étaient déjà là quand ce gars travaillait pour ton père, mais ils n'ont rien dit.