Chapitre 3

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Hillmore University, Angleterre

Lundi 4 septembre

[Zayn]

Le corps tendu, je rejoins la bibliothèque du bâtiment principal. Puisque la rentrée n'est que dans deux jours, les lieux sont encore déserts et j'accueille le calme qui y règne avec soulagement.

J'adore cet endroit, mais je le déteste quand il est bondé d'étudiants bruyants.

Je me dirige au fond de la pièce, là où plusieurs canapés sont dissimulés par de hautes étagères, créant un petit cocon avenant. La bibliothèque d'Hillmore est si grande qu'elle est constituée de deux étages. Je m'arrange toujours pour m'isoler dans un coin, lorsqu'il y a du monde.

Je m'assieds et bascule la tête en arrière. Mes yeux fixent le plafond, mais mon esprit est focalisé sur cette journée qui ne cesse de s'empirer au fil des heures.

Je n'en reviens pas qu'Evelyna Bailey étudie désormais à Hillmore. Qu'ai-je fait au karma pour qu'une telle chose arrive ? Qu'est-ce que la fille de notre ennemi fout ici ? Je crains déjà la réaction de mon père.

J'ignore combien de temps je rumine, seul. Une voix rauque me tire de ma torpeur.

— Mec, il va falloir que tu me dises ce qu'il se passe.

Je cesse de contempler le lustre et tourne la tête vers Soren. Il a pris place sur le canapé à ma droite.

— Tu es parti comme un voleur de la cafète, reprend-il.

Ouais. Je ne pouvais plus supporter d'être dans la même pièce que cette fille.

Aucun de nous n'est spécialement bavard. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous nous entendons si bien, mais aujourd'hui, il est vrai que j'ai été encore plus fermé que d'habitude.

— La nouvelle, dis-je simplement.

— Celle avec la cicatrice qui était assise à côté des joueurs de foot ?

En évoquant cette bande de tocard, il affiche une mine de dégoût. Je partage son avis sur ces types, ce sont des abrutis immatures, mais Soren ne les supporte pas par principe. Il y a une rivalité entre l'équipe de football et celle de rugby.

— Ouais.

— Tu la connais ?

— Pas vraiment.

Il arque un sourcil. Je soupire et plonge mon regard dans le sien.

— C'est sa fille.

— Attends, tu veux dire...

Je ne le laisse pas terminer et l'interrompt d'un ton sec :

— Oui.

Evelyna Bailey, autrefois Evelyna Robert, est la fille du connard responsable de la mort de ma mère.

— Je comprends mieux pourquoi tu n'as pas arrêté de la dévisager.

— J'ai dû lui faire une petite visite guidée, tout à l'heure. Le directeur Harrow ne m'a pas laissé le choix. Puis, je suis parti me réfugier dans ma piaule et quand j'en suis sorti, je l'ai croisée parce qu'elle crèche dans celle d'en face.

— Ensuite tu la trouves à la cafète avec les joueurs de football. Ouais, ça craint, compatit-il.

— Ah oui, et elle fait un master en économie et gestion !

J'accompagne cette remarque avec un rire amer. Puisque je vais entamer un master en économie politique, nous allons avoir la moitié de nos cours en commun. Quelle plaie.

PERFECT ENEMIES [T.1 & T.2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant