Killer Queens [VERSION FRANÇAISE]

Chapitre 25 - Claire

Le lendemain de leur arrivée à Westwood - 8:45

Claire se réveilla au son des élèves qui déambulaient dans les couloirs, usines à bruit infernales qui avaient pour unique but de détruire les tympans des quelques malheureux qui dormaient encore.

Elle s'étira et bâilla longuement puis se leva, parfaitement réveillée. Se rappelant que Mme Embershadow lui avait demandé de venir la voir à son bureau, elle s'activa, laissant entrer la lumière du jour dans sa chambre en écartant les rideaux d'un grand coup. Le soleil attaqua ses yeux, qu'elles ferma une fraction de seconde trop tard, et elle passa les secondes suivantes è tenter sans grand succès de chasser la tâche violacée qui s'étendait dans son champ de vision. Quand le résidu de lumière s'estompa enfin, elle ouvrit les portes de son armoire, la directrice leur ayant demandé de porter l'uniforme de Westwood. Bras ballants, elle fixa avec un mélange d'enthousiasme et de stupéfaction les piles de vêtements disposés sur les étagères. À vrai dire, qu'il y en aie autant n'était pas si étonnant - les élèves passaient leur vie ici, après tout - mais elle n'y avait pas songé auparavant. Ravie, elle s'empara d'une chemise blanche et d'un short puis se changea en hâte. 

À Laena, le froid hivernal s'abattait sur les villes dès septembre, parfois même plus tôt, mais ici il faisait encore chaud, comme le prouvait le soleil au dehors - celui-la même qui avait agressé sa cornée quelques instants plus tôt.

Claire, tout en enfilant une paire de chaussettes, courut dans la salle de bains pour se brosser les dents - elle avait aperçut le nécessaire la veille - et faillit verser du dentifrice dans sa chaussette, distraite.

Une fois prête, elle sortit dans le couloir... puis rentra aussitôt dans sa chambre, repoussée par la marée d'étudiants en uniformes. Elle patienta quelques minutes, entrouvrant la porte de sa chambre pour vérifier le nombre d'élèves présents, puis finit par sortir, un grand sourire aux lèvres, fière d'avoir survécu à ce raz-de-marée. À présent, plus personne ne passait dans le couloir, à part elle.

— Jeune fille, puis-je savoir ce que vous faites ? lança une voix rocailleuse dans son dos

Peut-être pas tout à fait personne.

Un homme grisonnant habillé d'un antique pantalon à bretelles s'avança. Arrivé à sa hauteur, il plissa les yeux, faisant ressortir les rides qui les entouraient, puis sortit une paire de lunettes de sa poche et les posa sur son nez.

— Ah, c'est mieux comme ça, sourit-il. Il ne me semble pas vous connaître... une nouvelle élève, peut-être?

Claire hocha la tête poliement. Elle dépassait l'homme d'une tête mais son âge apparent lui conférait cette aura réservée aux vétérans, appelant au respect et révélant leur longue expérience concernant la vie.

— Je suis un professeur de Westwood. Julius Tros. À qui ai-je l'honneur de parler ?

— Claire Solt, se présenta l'adolescente en secouant la main qu'il lui tendait

— Bien, très bien... je vois à vos pensées que vous n'avez pas encore réussit à tromper l'esprit d'Edaline. Voulez-vous que je vous conduise à son bureau ? Vous avez rendez-vous, n'est-ce pas ?

L'adolescente hocha de nouveau la tête, éberluée. Tout le monde pouvait donc lire ses pensées ?

L'homme rit doucement et lui fit signe de le suivre.

— Pas tout le monde, non, lui dit-il finalement. Tous les professeurs, bien entendu. Et la plupart des élèves, surtout les plus âgés, même si certains décident de fermer leur esprit aux pensées qui ne leur sont pas destinées. J'imagine que c'est plus calme.