17 septembre, 9:45 am
— Elle est morte, déclara Audric d'une voix sans timbre
Kent hocha la tête distraitement et lui désigna un rouleau de billets posés sur une table. Sa prime.
— Et maintenant ? demanda le soldat
La vraie question étant : "Y a-t-il quelqu'un d'autre à tuer qui me rapporterait de l'argent ?", l'homme afficha un semblant de sourire.
— Maintenant, on attend. Mon plan se déroule parfaitement, il n'y a plus qu'à régler quelques détails et nous nous rendrons dans l'autre monde.
— Et tous ceux qui y ont été transférés seront tués ? clarifia Audric
— Exact. Mais pas par toi. C'est moi et moi seul qui exécuterai ces monstres. Toi et quelques autres soldats de confiance les capturerez mais il est hors de question que quelqu'un d'autre que moi les achève. En particulier les adultes. Ceux qui ont survécu jusqu'ici malgré la sentence... ils n'ont aucun droit de vivre. Heureusement pour nous, ils seront affaiblis, insignifiants. Nous n'aurons qu'à aller les cueillir... je doute qu'ils se défendent. Ils seront terrifiés. J'ai hâte de revoir la gamine que j'ai envoyé l'autre jour... j'espère qu'elle est encore en vie, et son amie aussi. Je la forcerai à la tuer, puis à se suicider. Quoiqu'il n'y aura peut-être pas besoin de la forcer pour la deuxième partie.
Audric hocha la tête, un sourire carnassier sur les lèvres, sa récompense serrée contre son cœur.
— Et, pour moi, monsieur Kent... commença-t-il d'une voix mielleuse. Je me demandais ce qu'il se passerait si jamais ma mère mourait ? Je comptais payer ses soins mais...
— Tu es probablement le plus étrange de tous mes gardes. Tu dis vouloir aider ta famille puis tu changes d'avis, préférant garder l'argent pour toi. C'est cruel, ta mère t'attend sûrement à l'hôpital, ne souhaitant que revoir son fils avant que la Mort ne vienne la prendre. Oui, c'est cruel.
— Dois-je comprendre que vous me déconseillez de l'être ? hasards le soldat, se balançant d'un pied sur l'autre nerveusement
Kent laissa échapper un rire qui ne ressemblait en rien à une manifestation de bonheur mais plutôt à des hoquets de douleur, secouant ses épaules comme s'il étouffait, cherchant l'air désespérément.
— Qui suis-je pour te déconseiller d'être cruel ? Je suis l'homme le plus puissant de ces mondes, je pourrais faire en sorte que la paix et la joie règnent... non... ce serait bien trop facile. La cruauté est... une solution stable. Sûre. Les gens ne sont pas obligés d'accepter de la douceur, comprends-tu ? En revanche, ils n'ont pas eu le choix d'intégrer mon système. Je suis le seul maître à bord.
Audric hocha la tête lentement, tentant d'assimiler les sous-entendus des phrases. Avec Kent, il y avait toujours des sous-entendus.
Ce dernier rajusta l'ourlet de ses manches, chassa une poussière invisible de son épaule, vérifia que chaque bouton de sa chemise était droit puis se redressa, regardant le soldat de ses yeux dépourvus d'émotions.
— J'ai décidé, déclara-t-il, placide
— Décidé quoi, monsieur ?
— Nous allons attaquer les exilés dans cinquante jours. Pas une seconde de plus ou de moins. Me suis-je bien fait comprendre ?
Audric acquiesça et soutint le regard de Kent aussi longtemps qu'il le peut, plongeant ses yeux bruns dans l'eau gelée de ceux de son supérieur. Lorsque la morsure du froid se fit trop intense, il baissa les yeux humblement, faisant mine de n'avoir commis aucune faute – alors que l'homme avait clairement annoncé que personne ne devait le regarder directement dans les yeux, à moins d'avoir obtenu son autorisation expresse.
Étrangement, il ne sembla pas condamner cette transgression, affichant un léger sourire qui aurait pu être rassurant si ses yeux avaient suivi le mouvement. Ils restaient impassibles, aussi durs et froids que la glace qui avait déjà commencé à givrer les rues d'Okuno.
— Le jour de la traversée, commença-t-il si doucement qu'Audric dû tendre l'oreille pour saisir les mots, je voudrais que tu cherches quelqu'un et que tu me l'amène. Ne perds pas la moindre minute avant de l'avoir trouvée.
Un silence passa, Audric espérant que la suite viendrait d'elle-même, mais il finit par se résigner et posa la question lui-même :
— Et... qui est cette personne ? demanda donc le soldat, revigoré par la confiance que lui accordait son chef
— Une certaine Edaline Embershadow.
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Killer Queens [VERSION FRANÇAISE]
FantasyUne malédiction. Des démons. Un autre monde. Des assassines. Le résultat ? Un chaos des plus total. #1 dans la catégorie "poignard" le 28/01/2024 #1 dans la catégorie "assassine" le 29/01/2024 #2 dans la catégorie "hanté" le 29/01/2024 #6 dans la ca...