Chapitre 11 : Pas d'amour sans intérêt

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La fête bat son plein. De la musique, des chants, des rires d'adultes et d'enfants résonnent à travers tout le château d'Estir. Tous les souverains des six royaumes ainsi que leurs cours se sont rassemblés à Estir pour prendre part aux joyeuses festivités destinées à marquer le début du printemps, saison annonciatrice de renouveau, des nouveaux départs et du retour de la douce chaleur et des belles couleurs.
Le nombre total des invités étaient de 450.
Ce festival, censé être source de joie pour tous les habitants de la contrée, ne  l'est malheureusement pas pour la jeune princesse.
Après avoir salué les invités et s'être affairée à leur démontrer mille et une marques de politesse, caractéristiques de la royale hypocrisie, elle mange quelques petits fours puis se met dans un coin sans parler à personne. De là où elle est, elle peut voir le prince Elijah au côté de la princesse Jessica qui ne cesse de le coller. Le pauvre, ça se voit tant qu'il est mal à l'aise. Mais Opale ne peut pas le sauver cette fois, le roi d'Elvion surveille son fils en permanence pour s'assurer qu'il ne quitte pas le bras de la princesse Jessica. Bizarrement, cette situation procure un léger pincement au cœur de la princesse.

Au bout d'une demi-heure, le prince Adam la rejoins.

- Voulez-vous danser, Opale?
- Sans façon. Répond-elle d'un ton sec.
Et pour la énième fois, c'est PRINCESSE Opale, pour vous, prince Adam.
Nous n'entretenons aucunement une relation d'intimité qui vous autorise à m'appeler par mon prénom de la sorte.
- Et pour la énième fois, je vous répète que je n'ai que faire de votre attachement pour ces vaines marques de politesse. J'ai pû vous observer avec les autres souverains, ça crève les yeux que vous aussi vous les trouvez absurdes d'ailleurs.
- Peu importe. Que faites-vous là ? N'y a-t-il pas dans cette salle assez de jeunes demoiselles pour que vous veniez m'importuner ainsi ?
- Si bien-sûr mais aucune n'égale votre charme et vous êtes bien trop belle pour rester toute seule, n'est-ce pas ? Dit-il en s'adossant sur le mur à côté d'Opale qui lève les yeux au ciel.
Et puis il faut dire que mes parents me poussent à ne pas vous perdre de vue, tout comme les vôtres également.
Opale lève un sourcil et affiche un air d'incompréhension.
- Que voulez-vous dire ?
- Regardez-les bien et vous comprendrez. Répond le prince en prenant une autre gorgé du verre de champagne qu'il tenait dans les mains.
Opale observe attentivement et se rend compte que ses parents et ceux du prince leur lancent de brefs regards de surveillance depuis un bon moment.
- Sérieusement ? Ça leur tient à ce point à cœur que je devienne votre fiancée ?
- Et bien ils ne sont pas les seuls. Observez ces deux-là par exemple, dit-il en tendant son verre vers Elijah et Jessica.
Les parents des deux côtés espèrent marier leurs deux enfants pour agrandir leurs royaumes. Et marier sa descendance à un héritier d'un des six royaumes principaux représente pour tous ces  souverains une alliance assurée qui fera perdurer leur lignée ET leur territoire. Nos propres parents ne font que se porter au jeu. En me faisant épouser l'héritière du plus puissant royaume du continent ils assurent une longévité glorieuse au notre.
L'expression d'Opale s'assombrit.
- Tout n'est donc qu'intérêt, dans ce monde ?
- Malheureusement oui. La sincérité est un luxe qu'on ne peut pas se permettre de s'offrir lorsque le succès passe avant tout...
- Pour vous je ne suis donc qu'un contrat ambulant, c'est cela ?
Le prince regarde alors la princesse dans les yeux. Il a des yeux bleus vitreux qui semblent transmettre des émotions factices en réprimant dans le fond abyssal de leur iris celles qui sont réelles. Comme si...Il avait peur qu'on ne découvre ce qu'il pense vraiment au fond de lui-même.
Il s'éclaircit la voix.
- Bien-sûr que non, ma tendre et chère Opale. Vous êtes bien plus formidables que cela. J'espère simplement que vous ne me détesterez pas trop lorsque nous serons mariés... Dit-il en baissant les yeux, un regard triste affiché sur son bon visage.
Avant qu'Opale ne puisse répondre quoi que ce soit, il rebondit sur ses propos.
- En parlant de mariage, ça me rappelle la fois où le roi d'Elvion voulait absolument marier le prince Elijah à l'une de mes sœurs. Ce fût vraiment dur de lui faire comprendre qu'elle était déjà promise à un autre.
Opale sourit.
- Oui, c'est vrai, je m'en rappelle. Elijah m'avait raconté cette histoire. Ils ne se supportaient tellement pas tous les deux que le roi a dû accepter de capituler !
- Elijah et vous avez l'air d'être particulièrement proches.
- C'est le cas. Lui et moi sommes amis d'enfance, nous avons presque grandit ensemble.
- Mais il n'y a pas que ça, n'est-ce pas ?
- ...
- Dois-je être jaloux ? Réplique le prince avec un sourire malicieux.
- Absolument pas, puisque nous ne nous marierons jamais ! Dit-elle en souriant à son tour pour se prêter à son jeu.
- En êtes vous bien sûre ?
- Certaine.
- J'imagine donc que vous ne voyez aucun inconvénient à m'accorder cette danse puisque notre relation vous importe peu ?
Des couples se mettent à se former sur la piste de danse et le prince prend la main d'Opale dans la sienne.
- Mon opinion changera-t-elle réellement quoi que ce soit à vos intentions, prince Adam ?
Il met doucement la main autour de sa taille et l'entraîne avec confiance sur la piste de danse.
- À vrai dire, ma très chère Opale.
Il dépose son verre pas terminé sur le plateau d'une servante qui passait par là puis il se penche pour lui murmurer à l'oreille.
Je m'en fiche royalement.
Les deux se regardent avec un sourire en coin, Opale lève les yeux au ciel.
- C'est bien ce que je me disais. Et bien, donnons à nos vicieux parents ce qu'ils veulent voir.

Puis ils se mettent à danser au milieu des autres couples, bougeant au rythme de la musique, ils s'amusent.

Le prix de la différence Où les histoires vivent. Découvrez maintenant