Chapitre 35 : Un prince un peu trop maladroit

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Ce n'est pas tellement à cause du banquet qu'Opale était pressée de rentrer. C'est surtout pour pouvoir confronter son père par rapport à la situation des Estiry. Pourquoi les laisse-t-il souffrir ainsi? Elle compte bien le découvrir.

Ils arrivent au château aux environs de 19h30. Le banquet ne commencera que dans une heure. Opale rejoint sa chambre et les servantes l'aident à s'habiller rapidement. Sa mère entre et valide les dernières retouches. Elle lui pose quelques questions sur sa balade avec Adam. La princesse répond en rajoutant le plus de détails possibles, bien évidemment faux, pour faire croire à la reine qu'ils ont passé une après-midi Ô combien romantique et qu'elle la laisse tranquille. Quand elles sont toutes parties, Opale en profite pour aller à la bibliothèque.
Elle parcourt les livres concernant les Nah. Ils racontent tous à peu près la même chose concernant l'origine de ce peuple. Elle les avaient tous relus plusieurs fois depuis son enfance. Sauf un. Le titre sur la tranche est écrit dans une langue qu'elle ne comprend pas mais qui lui semble étrangement familière. Et aucun des livres concernant les langues étrangères ne correspond à celle-ci. Opale ne peut que lire le nom de l'auteur : A.A.
[Une façon de pousser l'anonymat à l'extrême.] Pense-t-elle.
Elle ne l'a jamais lu car il a toujours été scellé par trois cadenas. Elle remarque d'ailleurs que l'un d'eux a l'air endommagé. Comme si quelqu'un avait tapé dessus. Il n'était pas comme ça avant.
Ça l'intrigue. Aujourd'hui plus que jamais, elle a le sentiment qu'il y a bien trop de choses qu'elle ne connait pas.
Elle est déterminée à poser toutes les questions qu'elle a en tête à Orion. Surtout qu'à présent elle sait qu'elle et lui sont de la même "espèce", comme diraient ses parents.
Avant qu'elle n'ait le temps d'y penser un peu plus, un bruit soudain la sort de ses réflexions. Elle regarde autour d'elle. Il y  a quelqu'un d'autre dans la bibliothèque.
- Qui est là ? Demande-t-elle fermement.
Les bruits de mouvements continuent mais il n'y a pas de réponse.
Opale attrape un chandelier éteint et poussiéreux se trouvant sur une petite table près de la fenêtre. Alors qu'elle regarde à travers la vitre, la silhouette d'une personne semble se déplacer de l'autre côté. Elle scrute la vitre quelques secondes avant de se rendre compte que c'est en fait le reflet de ce qui se trouve derrière elle qu'elle est en train de voir. Elle fait alors volte-face et donne un coup de chandelier sec à l'individu en criant.
Elle lâche ensuite son arme et réprime un autre cri tant elle est surprise de découvrir Adam, se tenant la tête et poussant un gémissement de douleur.

- Oh non, Adam !! Dit-elle en se précipitant vers lui.
Oh non, qu'est-ce que j'ai fait ! Je suis désolée, Adam !! Je ne voulais pas, c'est juste que j'ai cru- J'ai cru que-
Elle s'interrompt à cause des larmes qui commencent à monter.
Malgré le filet de sang qui coule de sa tempe, le jeune prince d'Orylia trouve la force de prendre Opale dans ses bras.
- Ne vous en faites pas, je vais bien.
Il prend ensuite son visage entre ses mains. Les larmes de la princesse coulent sur ses pouces.
- Et vous ? Est-ce que tout va bien, Opale ? Quand je vous ai vue avec ce chandelier en main, j'ai cru que vous étiez en danger ou qu'il y avait un voleur dans la pièce !
- Oh, Adam... Pardonnez-moi. J'ai simplement entendu du bruit et j'ai cru que- Oh non, regardez-moi un peu votre tempe. Vous avez pris un sacré coup. Je suis tellement désolée.
- Ne pleurez plus, belle Opale. Bien que ces larmes subliment vos yeux, je ne veux pas que vous soyiez triste. Vous avez simplement voulu vous défendre, c'est tout. Je ne vous en veux pas, vraiment.
- C'est gentil mais vous saignez, quand même !
- Princesse Opale ! Prince Adam! Est-ce que tout va bien ? Demande un des gardes qui avait entendu le cri d'Opale et se demandait s'il fallait intervenir ou pas.
- J-Je- !!
Jeanne fait ensuite irruption dans la pièce et appelle la princesse.
Adam s'écarte d'elle et fait tomber un gros livre qui se trouvait en hauteur. Il dépose sa couronne à terre, près du livre. Il ébouriffe ensuite ses cheveux avant de repousser le chandelier sous une étagère avec son pied..
- Que faites-vous ?? Chuchote Opale étonnée.
- Ne vous inquiétez pas, contentez vous d'observer ce que je fais.

Jeanne arrive et pousse un cri d'effroi en voyant l'état d'Adam. Les gardes la suivent à l'intérieur pour constater les dégâts.
- Vous voyez ! Je vous avez bien dit que ce cri n'était pas normal ! S'exclame Jeanne à l'intention des gardes.
- E-Est-ce qu'il y a un danger, princesse ?
- Mais allez inspecter toute la bibliothèque au lieu de poser des questions stupides !! S'écrie Jeanne.
Les gardes s'exécutent puis la dame de compagnie se dirige vers le prince pour l'examiner. Il pose ses mains sur les siennes pour la rassurer.
- Ne vous en faîtes pas, Jeanne, il n'y a aucun intrus ici. Je suis confus, en fait, c'est moi qui suis terriblement maladroit.
J'ai tapé dans une étagère sans faire exprès et un très gros livre m'est tombé dessus. Opale a tout simplement eu peur pour moi, c'est pour ça qu'elle a crié.
Jeanne rajuste ses lunettes puis observe attentivement la blessure du prince avant de scruter aussi la princesse de bas en haut. Opale connaît ce regard. Elle sait que c'est le moment où Jeanne analyse tout pour savoir si on est en train de se payer sa tête.
Les gardes reviennent et confirment qu'il n'y a personne d'autre dans la bibliothèque.
Apparemment, Jeanne ne décèle aucun mensonge puisqu'elle se contente de demander aux gardes d'escorter Adam jusqu'à sa chambre pour que les servantes le soignent. Elle prend ensuite Opale par les épaules et la dirige vers la salle du banquet avant que le roi ne se doute de quelque chose.
- M-Mais je veux m'assurer qu'il va-
- Ne vous inquiétez pas, princesse. Je veillerai personnellement à ce qu'on s'occupe parfaitement bien de votre fiancé. Pour l'instant, vous devez vous concentrer sur votre discours de clôture et sur le bon déroulement de cette dernière soirée de festivités, d'accord ?
Opale acquiesce doucement.

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