Le prix de la différence

Chapitre 7 : Origines

Jusqu'au 14e siècle, Estir était l'un des plus grands empires au monde. Sa prospérité et ses richesses étaient admirables et toute personnalité de la haute société se devait d'y avoir passé au moins 1 semaine de vacances pour être reconnue. Mais lorsque les autres empires à travers le monde entier ont commencé à tomber, le statut d'Estir en a aussi pris un coup. Malgré les efforts de l'empereur à l'époque, l'Empire fut divisé en 6 grands royaumes : Kerban, Orylia, Yutan, Gyovan, Elvion et Estir qui n'était donc plus un empire mais demeurait quand même le royaume le plus puissant de tous les 6 principaux avec Elvion et Orylia en 2e et 3e place.

Au 15e siècle, régna donc le tout premier roi d'Estir : Edgart Arantti.
La famille Arantti a toujours régné sur le royaume d'Estir.
Seulement, peu après la première moitié du 15e siècle, des êtres hors-normes sont apparus. Le peuple des Nah a alors été découvert pour la première fois à cette époque-là.
Ils ressemblent à des humains mais d'une autre forme. Ils ont des caractéristiques spéciales et uniques comme une couleur de cheveux ou d'yeux improbable, des symboles et des marques inhabituels sur la peau, ils peuvent même avoir des griffes, de la fourrure ou des crocs! Leurs sens sont 30 fois plus aiguisés que ceux d'un être humain moyen. Fascinant, n'est-ce pas? Personne ne sait vraiment d'où ils viennent, même pas eux. Tout ce qu'on sait, c'est qu'ils descendent des peuples nomades. Pendant plusieurs siècles, ils ont vécu en harmonie avec les humains. Même s'il arrivait parfois qu'ils soient traités de tous les noms comme "impurs" ou "sang-mêlés" ou "monstre"... La cohabitation se passait plutôt bien dans l'ensemble. Jusqu'à ce que les sujets d'Estir décident de leur tourner le dos. Ils ont lentement commencé à montrer de la haine envers tout étranger, principalement le peuple des Nah. Par conséquent, ils les ont tous exilés, y compris le roi et la reine de l'époque, Kelpman et Olivia Arantti, qui appartenaient également au peuple des Nah. Personne ne sait ce qui est arrivé à ce peuple par la suite, mais chacun d'entre eux est exécuté s'il est découvert dans l'un des 6 grands royaumes ou même dans ceux qui les environnent.
Quelle tragédie...
Ce jour fut appelé le Grand Exil. Les cousins des souverains en exil prirent alors la tête d'Estir : Reynolds et Alma Arantti, les parents de la princesse.
Comme vous pouvez le deviner à l'étrange tache de naissance blanche sur sa joue, Opale est aussi l'une d'entre eux. Dans leur langue, l'Hurmin, les hommes sont appelés "Nahkai" et les femmes, "Nahjat". Donc Opale est une Nahjat.
Ses parents le savent mais lui ont fait promettre de toujours le cacher, évidemment, sinon elle serait exécutée sur-le-champ.

Opale referme le livre. Elle pousse un soupir. Un sentiment de révolte grandit en elle, cette histoire lui avait toujours parue tellement injuste. Depuis petite, elle avait toujours voulu faire quelque chose pour changer cette tragédie mais cela est bien trop au-dessus de son pouvoir.
Oui, sa vie est bien plus compliquée  qu'il n'y paraît mais elle fait tout pour s'en sortir. Elle y arrive toujours.

Opale remet le livre à sa place. Il y a deux jours, elle a distingué les bruits de pas de deux personnes différentes. Elles ont longtemps fait le tour du château, elles se sont même disputé quelques fois dans une langue qu'Opale ne comprenait absolument pas, et après plus rien, les pas s'en vont au loin. La jeune princesse paierait si chère pour découvrir qui sont ces personnes mais elle ne veut pas prendre le risque d'affoler les gardes et sa soeur et encore moins de réveiller le roi dans la foulée.
Elle entend alors une femme appeler son nom. C'est Jeanne.
- Princesse ? Est-ce que vous êtes là ?
Jeanne aussi sait pour le secret que cache la marque de naissance. Elle a toujours été la confidente d'Opale depuis son enfance. Même si elle paraît parfois un peu sévère, c'est la femme la plus fidèle et attentionnée que la princesse ait jamais rencontré.
- Oui, Jeanne ! Dans la bibliothèque !
La dame de compagnie entre avec une lanterne dans la main.
- Oh enfin, je vous trouve, princesse ! Ce n'est pas une heure pour se plonger dans la lecture, voyons !
- Oui, désolée, Jeanne. J'avais seulement besoin de m'isoler un peu pour réfléchir.
- Allez, venez, il est presque 22h, nous allons vous mettre en tenue de nuit. Vous avez beaucoup de rencontres à faire demain.
Jeanne pose un châle sur les épaules d'Opale et l'emmène doucement jusqu'à sa chambre. La princesse aime être dans ses bras, elle aime cette chaleur maternelle qu'elle ne ressent plus chez sa propre mère depuis ses 14 ans.

Le lendemain, Opale a marché autour du château pendant plusieurs heures mais n'a rien trouvé de suspect.

Les bruits de pas se sont fait entendre encore pendant 1 semaine.
Opale continue de les supporter en silence car personne ne la croit. Tous les soirs, elle est terrifiée qu'un malheur s'abatte sur eux mais son père nie en bloc la moindre possibilité qu'ils soient en danger. La princesse se sent enfermée dans ce château, forcée de faire l'aveugle face au danger imminent, elle garde toujours son glaive sur elle au cas où.

Cependant, absolument rien n'aurait pu la préparer à ce qui va lui arriver...