Chapitre 10 : Un échec qui laisse des marques

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Opale est assise sur son lit, sa tête reposant sur son point, elle est restée très silencieuse depuis qu'elle a quitté la salle de réunion. Une dizaine de femmes de chambre passent tour à dans sa chambre pour faire des propositions de tenues pour le festival du printemps mais jusque là, Jeanne ne fait que les renvoyer, insatisfaite du résultat.

- Oh et que dites vous de celle-là, princesse ? Ses tons jaune orangé vont à ravir avec le thème du festival ! Le jupon ne me convainc pas trop par contre, il faudrait qu'il y ait plus de volants, je trouve. Qu'en pensez-vous ?
- Elle est jolie...
- C'est aussi ce que vous avez dit pour les quinze précédentes, princesse ! dit-elle en posant ses deux mains sur sa taille.
- Ah bon? Et bien...festive alors ?
Jeanne pousse un soupir d'exaspération. Elle fait signe aux femmes de chambre de tout remballer et de sortir.
Une fois qu'elles sont parties, Jeanne croise les bras et regarde Opale d'un air inquiet.
- Qu'est-ce qui vous arrive, voyons ? Vous n'avez pas dit plus de 10 mots durant les deux dernières heures ! Vous sentez-vous faible ? Vous voulez faire une sieste ?
- Si seulement il existait une sieste qui pourrait m'emporter dans un sommeil profond à jamais, je la ferais volontiers.
Jeanne lève un sourcil.
Opale soupire et enfouit son visage dans ses mains.
- Désolée, Jeanne...Je suis juste tellement dépitée d'avoir échoué à mon exercice de stratégie militaire !  Et en plus de ça je vais devoir rester enfermée ici pendant une semaine entière à m'étouffer avec mes idées noires et je ne pourrai même pas voir Elijah...
- Oh je vois... J'en suis sincèrement navrée, princesse. Je sais à quel point vous détestez rester enfermée ici. Mais au moins vous aurez votre sœur et des dizaines d'autres activités d'intérieur pour vous distraire. Et vous pouvez toujours envoyer des lettres à votre ami.
- Mmoui, entre 6 ou 7 matière d'études sur "comment être une reine parfaite" que mon père me forcera à apprendre, peut-être...
- Vous verrez, ça passe vite une semaine !
-...
-... En réalité, ce n'est pas vraiment ça qui vous préoccupe, pas vrai ? Dit Jeanne en prenant les mains de la princesse dans les siennes.
- Comment le savez-vous ? Dit Opale en la regardant tristement.
Jeanne affiche un petit sourire.
- Vos peines, vos joies, vos craintes et vos larmes, je les ai observées depuis votre plus jeune âge. Je les connais par cœur, je sais voir lorsque quelque chose vous tracasse même si vous le cachez très souvent.
Elle serre ses mains un peu plus fort.
Dites-moi, princesse, qu'est-ce qui vous rend vraiment si triste ? Ce n'est pas la première fois que votre père se montre dur avec vous.
- Oh, Jeanne...Si vous aviez vu son regard dans cette salle lorsqu'il m'a dit que j'avais échoué ! Il avait l'air tellement... Déçu...
- ...
- Je fais de mon mieux pourtant, je vous assure. D'habitude je réussis plutôt bien les exercices que le roi me demande, sauf lorsque j'ai la tête ailleurs, comme avec cette histoire de bruits de pas la nuit...
- Oh non, ça ne s'est toujours pas arrêté ?
Opale secoue la tête pour dire non.
- Mais malgré toutes les fois où j'ai travaillé si dur pour le satisfaire, je n'ai jamais descellé une once d'encouragement dans ses paroles. Comme si mes efforts n'étaient jamais reconnus... Mais je continue quand même, je fais ce que je peux pour réussir et ENFIN avoir son approbation... Mais parfois, quand mes pensées sont prises par certaines choses, il m'arrive de faire des erreurs et d'échouer...Et là, je ne supporte pas de voir la déception et l'exaspération dans ses yeux... Quand il me regarde avec ces yeux-là, j'ai l'impression qu'il regrette même jusqu'au jour de ma naissance, Jeanne...
Opale baisse la tête et fond en larmes. Jeanne la serre dans ses bras.
- Oh, ma princesse chérie...Si vous saviez à quel point le roi et la reine vous chérissent, mon enfant. Si seulement vous aviez conscience ne serait-ce de la moitié de tout l'amour qu'ils vous portent depuis votre naissance...
- Mon père me traite comme une élève ahurie et non pas comme sa fille ! Quel genre d'amour est-ce là, Jeanne ??
- Un jour, vous comprendrez, princesse. Il y a TANT de choses que vous ne savez pas encore.
- Comme quoi? Dit Opale en levant la tête vers Jeanne avec des yeux pleins de larmes.
- L'heure n'est pas encore venue pour vous de le savoir, princesse. Mais un jour viendra où vous saurez tout et vous vous rendrez compte que tout ce que vos parents ont fait jusqu'à présent, c'était par amour pour vous et pour votre petite sœur. C'est d'ailleurs cet amour qui les a poussé à prendre le choix le plus difficile qui puisse exister pour un parent.
- Quel choix était-ce ?
Jeanne se contente de caresser doucement la joue de la princesse en faisant passer lentement son pousse sur la tâche de naissance.
- Bon, je vais vous laisser vous reposer. Je choisirai la robe à votre place pour que votre mère ne s'énerve pas lorsqu'elle viendra pour valider la tenue dans l'après midi.
- ...Merci Jeanne.
Opale fait un petit sourire puis s'affale sur son lit une fois que Jeanne est partie.
De quel choix difficile parlait-elle? Qu'avaient du faire ses parents à cause d'elle ? Les questions se répétaient dans sa tête, en s'effaçant petit à petit, mélangée avec les milliers d'inquiétudes  qui peuplaient son esprit et le faisaient lentement rejoindre ce drôle de pays qu'on appelle les rêves.

**Au royaume d'Elvion**

Le prince Elijah, allongé dans son lit, ouvre la lettre qu'on lui a déposée ce matin et la lit à haute voix à la lumière d'un chandelier.

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Cher Lij,
J'espère que tu vas bien et que ta santé est parfaite ainsi que celle de ta famille. Comment avance les choses avec la princesse de Gyovan, a-t-elle finalement réussi à voler ton cœur ? Ou penses-tu déjà au divorce avant le mariage ?
De mon côté, je t'avoue que ça ne va pas fort. Je continue à entendre des bruits et des voix la nuit sans jamais voir à qui elles appartiennent. Le roi ne me prend toujours pas au sérieux et en plus j'ai échoué à mon exercice de stratégie. Je me suis faite piégée comme une débutante par le chef de la garde qui m'a fait gober la technique la plus foireuse de l'histoire ! Mais bon, j'imagine que je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, ça m'apprendra à faire confiance aux vieux moustachus avec un œil plus gros que l'autre ! En tout cas, je suis punie à présent. J'espère que tu viendras au festival du printemps car nous ne nous verrons pas le weekend prochain, je suis retenue en otage dans mon propre château !
Je déteste le fait d'avoir déçu mon père et je déteste le fait qu'on ne se verra pas pendant aussi longtemps.
Parfois je me demande même si je ne déteste pas ma vie entière en fait...
En tout cas je te souhaite de passer une meilleure semaine que la mienne et si tu trouves un courageux chevalier sur son cheval blanc qui passe par Elvion, demande lui de venir me sortir de cet enfer!!
Mille baisers, Op.
(P.S : Pourquoi le cheval devrait obligatoirement être blanc d'abord ? Pourquoi pas un cheval vert ou rose pour changer ? C'est moi où tous les créateurs de contes de fées exerce une énorme discrimination sur les chevaux de couleur ??)

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Le prix de la différence Où les histoires vivent. Découvrez maintenant