Adam, Opale et Orion se retrouvent assis sur le toit de la maison. Le prince et la princesse ont dû mettre un manteau à capuche toute l'après-midi pour ne pas se faire reconnaître. Le soleil commence à descendre et certains vendeurs s'apprêtent déjà à fermer boutique. De là où ils sont, ils peuvent encore voir les gardes en train de chercher désespérément dans les rues. Quatres heures se sont écoulées depuis la fugue de la princesse mais ils savent que s'ils rentrent sans elle, le roi les fera jeter dehors instantanément jusqu'à ce qu'ils la retrouvent. Ils ont donc continués à chercher toute l'après-midi.
Orion continue à manger des lexioles.
- Eh bien tu dois être vachement riche pour avoir pû t'acheter autant de lexioles, aujourd'hui. Dit la princesse.
- Oh non j'ai rien acheté. C'est une des muzijat du château qui me les a donnés. Comment elle s'appelait déjà ? Un peu ronde avec un chignon blond et des lunettes.
- Oh tu parles de Jeanne ?
- Ouais, un truc dans ce genre là.
- Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle t'a gâté aujourd'hui.
- Alors là ! Y en avait tellement que ça m'a pris toute la journée pour les finir.
- À mon avis, t'aurais pas dû en manger autant.
- Vu le prix de ces trucs, c'est sûrement la dernière fois que j'en mange avant longtemps. Alors autant en profiter.
- Tu vas être dégouté demain matin, crois-moi.
Il l'ignore et continue à manger. Elle lève les yeux au ciel. Soudain, quelque chose attire son attention en bas de la rue.
C'est une famille de deux parents, 5 enfants et une femme très âgée. Leurs vêtements sont sales et déchirés et les parents tirent un chariot dans lequel se trouvent tous les autres. La mère trébuche et tombe de fatigue.
- Oh non! Qu'est-ce qui leur arrive ?! S'inquiète Opale.
Orion parle la bouche pleine.
- À en juger par tous les baluchons qu'il y a dans le chariot, j'imagine qu'ils n'ont plus de maison ni de moyen pour en trouver une autre ici. Ils vont sûrement essayer d'aller s'installer au Sud du royaume pour payer des taxes moins lourdes. Ou même carrément passer les frontières d'Estir.
- Ils me font tellement de peine. Dit la princesse tristement.
Y a-t-il quoi que ce soit que je puisses faire pour eux ?
- Et bien je les ai vu plus loin dans la ville, hier nuit. Ils avaient un cheval avant mais il les a lâché je crois. Sûrement mort de malnutrition. Toutes leurs affaires ont finis par terre.
- Et t'as même pas été fichu d'aller les aider ?!! S'indigne Opale.
- Et tu peux me dire pourquoi je voudrais aider des stupides Muzi ? Vous nous avez aidé, nous, lorsqu'on crevait de faim dans les forêts peut-être ? Vous étiez trop confortablement installés dans vos petits lits douillets et hors de prix pour remarquer de pauvres êtres vivants au bord de la mort à quelques kilomètres, pas vrai ?
- Cette façon de penser est cruelle ! Il y a tellement de personnes à qui tu pourrais venir en aide avec ta grande force !
- Vous non plus vous ne faites pas grand chose à part les regarder. C'est pas moi la princesse de ce royaume à ce que je sache.
- D'accord. Je vais aller les aider, alors.Au moment où Opale se lève, Adam la retient par la main.
- Ne fais pas ça Opale. Ce n'est vraiment pas une bonne idée de t'exposer dans un quartier pareil. Et en plus, les gardes vont sûrement te voir si tu vas là-bas.
- Ils tiennent à peine debout, Adam ! C'est mille fois plus important qu'un stupide jeu de cache-cache avec les gardes !!
- Le Muzikaï n'a pas tord, tu sais. Une grande partie de la population ne porte pas vraiment la Noblesse dans leurs cœurs. S'ils découvrent que vous êtes la princesse, tout ce que vous allez récolter c'est vous faire lapider sur place.
Opale déglutit et se rassoit à côté d'Adam.
- Les...Les Estiry nous détestent vraiment à ce point ?
- Oh oui. Quand je suis arrivé ici, on m'a dit qu'il y en avait des centaines qui sont dans le même cas que cette famille. Et le roi ne fait rien pour les aider. Je préfère ne pas vous rapporter ce que certains Estiry prévoient de faire à la famille royale dans leurs fantaisies les plus sombres. Alors imagine comment ils réagiraient en te voyant dans un quartier isolé et sans gardes pour te protéger. Peu importe tes motivations, ils vont te le faire regretter.
- ... Rentrons, Adam. Dit la princesse sur un ton sec.
Ils se lèvent tous les deux et prennent les escaliers pour descendre du toit.
- Owh, quoi déjà ? La soirée vient à peine de commencer !
- Oui, justement ! C'est le banquet de clôture des festivités de début de printemps. On doit rentrer pour y assister.
- Quel ennui. Dit Orion en faisant semblant d'être dégoûté.
- Tu n'es pas obligé de venir avec nous tu sais ? Ta cérémonie de bienvenue c'était hier. Ils auront sûrement déjà tous oubliés ton existence, au château. Rétorque Adam.
- Oh mais je comptais pas vous suivre. L'ambiance dans ce maudit château est étouffante. Au moins ici je peux m'amuser librement sans être pris au piège entre quatre murs. On se voit demain, Muzijat.
- Non mais c'est dingue d'être aussi mal élevé ! Il ne s'adresse pas à vous en respectant votre titre de princesse ! Pourquoi est-ce que vous ne lui faites pas la remarque ??
- J'ai essayé... Dit-elle d'une petite voix en regardant Orion partir. Un sentiment lui pinçait le cœur. Quelque chose qu'elle n'a pas ressenti depuis bien longtemps. Mais elle n'arrive pas encore à mettre un mot dessus. Une fois qu'Orion disparaît au loin, elle finit enfin par entendre les interpellations d'Adam.
- Opale ? Opale !!
- O-Oui ?
- Tout va bien ? Vous ne réagissiez pas.
- Tout va très bien. Rentrons.Ils descendent et appellent les gardes qui les rejoignent aussitôt. Une expression de soulagement s'affiche immédiatement sur leurs visages. Ils se mettent à s'énerver contre la princesse. Mais elle n'est vraiment pas d'humeur alors elle leur lance un regard si glacial qu'ils se taisent et finissent tout simplement par les raccompagner jusqu'au carrosse. La princesse sait déjà que de longues semaines d'enfermement l'attendent et elle a déjà dû subir la colère de son père alors pas besoin que les gardes en rajoutent.
Elle en a la certitude, même après le temps de la punition, le roi ne va pas la lâcher d'une semelle. Aujourd'hui marquait définitivement sa dernière journée de liberté.
VOUS LISEZ
Le prix de la différence
FantasíaDans un monde où la différence peut vous coûter la vie, la jeune princesse Opale cache un lourd secret. Tourmentée toutes les nuits par un étrange cauchemar dont elle ignore la signification, une rencontre inattendue dans la forêt va changer son des...