Chapitre 12 : Les mûrs ont des oreilles et parfois même ils peuvent bouger

6 0 0
                                    

Soudain dans la danse, tout le monde se met à échanger de partenaires avec le couple d'à côté. Après plusieurs combinaisons étranges, Opale finit par tomber sur Elijah.
- Ahh, enfin une partenaire intéressante. J'allais commencer à désespérer !
Elle rigole doucement.
- Vraiment ? Moi qui pensait que tu avais trouvé ton bonheur auprès de la jolie héritière de Gyovan.
- Pas autant que toi auprès du bel héritier aux yeux bleus du royaume d'Orylia de ce que j'ai pû voir.
- Oh détrompe-toi. Le prince Adam est toujours aussi ennuyant mais c'est dans notre intérêt à tous les deux que nos parents croient qu'on s'entendent bien apparemment.
Un jeune couple s'approche pour faire l'échange avec Elijah et Opale mais les deux esquivent gracieusement leurs mains pour pouvoir rester ensemble.
Les deux jeunes gens s'indignent et Elijah ricane puis redirige son regard vers Opale.
- Toi aussi ils t'ont embarqué dans la boucle infernale du mariage arrangé ?
- Malheureusement oui. Mais je me rapproche juste du prince Adam pour qu'il ne me fassent pas la morale. Je refuse d'épouser un homme dont je ne suis pas amoureuse.
- Et de qui êtes vous amoureuse alors, princesse d'Estir ? Demande Elijah en rapprochant son visage de celui d'Opale.
Elle est prise par surprise au début puis fait un sourire malicieux.
- Personne pour l'instant. Mais lorsque ça arrivera je t'inviterai à la cérémonie de mariage. Dit-elle en lui faisant un clin d'œil.
Il la fait tourner sur elle-même puis la rapproche à nouveau de lui. Leurs visages ne sont qu'à quelques centimètres de distance.
- Ce n'est pas vraiment le rôle d'invité que j'espérais avoir le jour de ton mariage, Op.
Le coeur de la princesse se met à battre la chamade, celui d'Elijah aussi. Un sentiment irrésistible monte en elle, elle arrive à peine à garder de la distance entre leurs lèvres.
- N-Non, arrête, Lij. On en a déjà parlé. Ta famille s'oppose à ça et la mienne veut me voir avec Adam et la tienne avec Jessica...
- Je ne suis pas amoureux d'elle, tu le sais bien.
- Mais si voyons, vous iriez très bien ensemble. Il suffit juste que vous appreniez à vous connaître un peu mieux. Tu passes déjà beaucoup de temps à ses côtés, tu t'y habitueras.
- Tout ça n'est que pure façade, Op. Je fais comme toi, je joue le jeu pour que mon père ne soit pas constamment sur mon dos mais je n'ai aucun avenir avec la princesse Jessica. Si j'ai déjà du mal à passer 24h à ses côtés tu m'imagines sérieusement la supporter toute la vie ?
- Ne dis pas ça, elle n'est pas mauvaise.
- Bien-sûr que non, elle ne l'est pas. C'est une jeune fille très charmante mais c'est juste qu'on est pas fait l'un pour l'autre.
Il se rapproche encore, Opale peut sentir sous souffle doux et chaud sur son visage.
- Tu dis ça mais tu sais très bien que tu l'épouseras quand même. Je te connais, tu valorise toujours l'opinion de ton père en premier, tu te marieras avec elle juste pour accomplir sa volonté.
- Pas si tu me donnes une raison de ne pas le faire, Op.
Il est sur le point de l'embrasser mais au dernier moment elle trouve la force de se séparer de lui.
- N-Non, Elijah. Nous ne pouvons pas faire ça. Pas une deuxième fois.
Puis elle s'en va et marche rapidement vers la sortie. Ses parents se tiennent juste à côté.
Elle s'incline à côté de son père.
- Puis-je avoir la permission de me retirer un instant, votre Majesté?
- Tu peux y aller, mais ne tarde pas trop,  il ne faut pas que le prince Adam reste seul.
- Bien, votre Majesté.

Elle s'en va et marche longtemps dans les couloirs vides. Au fur et à mesure qu'elle progresse dans sa marche, elle entend des rires et des voix pleines d'euphorie qui s'émanent de derrière certaines portes.
Tout autour d'elle semble respirer la joie et la liberté contrairement à la princesse qui n'arrive pas à calmer les inquiétudes de son esprit. Et la passion que manifeste son meilleur ami à son égard ne l'aide vraiment pas. Mais elle sait que ça lui passera.
Elle connaît déjà la fin de cette histoire-là.
Elle entre dans la bibliothèque, cette pièce où elle a toujours aimé se réfugier depuis sa tendre enfance lorsqu'elle cherchait une échappatoire à sa vie compliquée de future souveraine.
Elle fait doucement passer ses doigts sur la tranche des livres puis soudain, un bruit l'interpelle. Elle s'arrête net pour prêter l'oreille. Les bruits de pas, ils recommencent. Mais, étrangement, cette fois elle les entend dans la bibliothèque. Ensuite un cri strident se fait entendre puis s'ensuit le bruit d'une fenêtre qui vole en éclats.
Opale fait volte-face dans la bibliothèque, elle reconnaît la voix qui a crié, c'est celle de sa sœur.
- SAPHIRRE !!
Elle sort en trombe de la pièce et se dirige vers la chambre de sa sœur. Cette dernière avait eu de la fièvre la veille su soir donc le roi et la reine avaient ordonnés qu'elle reste se reposer dans sa chambre et qu'elle ne descende à la fête que lorsqu'elle se sentirait mieux.

Une fois devant la porte, Opale voit les gardes totalement sereins et elle leur crie dessus.
- Ouvrez la porte immédiatement, n'avez vous pas entendu la princesse crier ?!!
- N-Nous sommes désolés mais nous n'avons absolument rien entendu, votre Altesse. De quel cri parlez vous ?
Les deux gardes se regardent, déconcertés par l'affolement de la princesse héritière. Opale exige qu'on lui ouvre la porte et une fois à l'intérieur elle trouve sa jeune sœur dans les bras d'une des servantes, elle la console.
- Oh votre altesse, je ne comprends vraiment pas ce qui s'est passé. J'étais là au chevet de la jeune princesse, j'ai dû  m'assoupir un instant et elle s'est soudain jetée dans mes bras, complètement terrorisée ! Je crois que quelque chose l'a effrayée.
Opale court s'agenouiller aux pieds de sa petite sœur et Saphirre la serre dans ses bras.
- Opale!! J'ai vu- J'ai vu quelque chose bouger !
Elle serre les deux mains de sa petite sœur dans les siennes.
- Calme-toi, Saph, respire et dit moi clairement ce que tu as vu.
La petite a du mal à parler mais s'efforce quand même de prononcer quelques mots entre deux respirations haletantes.
- Je- Je ne sais pas exactement ce- Ce que c'était mais ça bougeait ! Je l'ai vu dans le noir quand je me suis réveillée !
- Qu'est-ce que tu as vu exactement ? Demande Opale en plaçant une main sur sa joue.
- On aurait dit- C'était comme si le mur avait fait un tour sur lui-même !
- Quoi?! Mais c'est impossible ! S'exclame la servante.
- Les murs ne tournent pas, Saphirre.
- Mais celui-là, si !! C'est celui juste en face de mon lit, je- Je vous jure que je l'ai vu ! Il a tourné et je crois même qu'il y avait une personne dessus !
Saphirre regarde de gauche à droite pour essayer de convaincre ses 2 interlocutrices.
Opale ouvre de grands yeux étonnés. Une personne qui se déplacerait dans les murs château ? Cela confirmerait parfaitement que les bruits qu'elle entendait la nuit étaient bel et bien réels ainsi que tous les soupçons qu'elle avait eus jusque là !
- Est-ce que tu as pû voir qui c'était, Saphirre ? Dit-elle en la regardant d'un aur grave.
- N-Non...Il faisait très noir, Monica avait déjà éteint le chandelier.
Monica se passe la main sur les cheveux pour réarranger les mèches rebelles de son chignon serré. En voyant  l'inquiétude dans le regard de la princesse, elle essaie alors de calmer la situation,
- Mais non voyons, ne vous inquiétez pas trop de cette histoire votre Altesse. J'étais là avec elle pendant des heures, et je ne me suis assoupie qu'environ 5 minutes, si quelqu'un avait vraiment été là, je l'aurais forcément entendu. Sans compter les gardes chargés de la surveillance. Je ne sais même pas comment vous avez su qu'il y avait un soucis ici, princesse. La voix de votre sœur était un cri vraiment très faible.

La servante a raison. Personne dans le château n'a entendu Saphirre crier sauf Opale alors que la bibliothèque se trouve pourtant à plus de 5 portes de distance.
- JE NE MENS PAS MONICA! JE SAIS CE QUE J'AI VU !! LE MUR A BOUGÉ, JE VOUS DIT !! POURQUOI DONC NE ME CROYEZ-VOUS PAS??
Monica prend la petite par les mains.
- Écoutez, princesse. Vous dormiez profondément et vous veniez tout juste de vous réveiller d'un très long sommeil à cause de votre fièvre. Vous étiez peut-être encore à moitié endormie et-
- NON! JE SAIS CE QUE J'AI VU MONICA !
- Moi je te crois, Saphirre.
- M-Mais voyons, princesse, c'est ridicule. Les murs ne peuvent pas se mettre à bouger tous seuls de nulle part !
- Quoi qu'il en soit, il est temps d'en avoir le cœur net.
Elle se dirige rapidement vers la sortie.

Le prix de la différence Où les histoires vivent. Découvrez maintenant