Chapitre 38 : Une promesse à tenir

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La reine entre précipitamment dans le bureau de son mari et ferme les portes derrière elle.
- REYNOLDS ! QU'EST-CE QUE TU LUI AS DIT ??
Le roi enfuit son visage dans ses mains. Il pousse un soupir de désespoir.
- Je sais, Alma...Je sais...Je ne veux pas lui faire de mal mais en même temps, le temps passe et j'ai l'impression que si on ne force pas un peu les choses...et bien...Je... J'ai peur qu'elle ne soit pas prête à temps, Alma!
- Tu penses vraiment qu'elle le sera si tu la traite comme ça ?? Tu sais qu'elle fait de son mieux pour te rendre fier !
- Et je le suis !! Je suis fier d'elle un peu plus chaque jour en voyant notre petite fille devenir peu à peu une femme forte et déterminée. Mais je ne la félicite pas parce que je ne veux pas lui faire croire que ça s'arrête là ! Je veux qu'elle aille encore plus loin, qu'elle se rende compte de tout ce dont elle est capable et de ses talents incroyables ! Je veux qu'elle comprenne qu'elle doit mériter sa place dans ce monde et surtout tout en haut de la liste de charognards que sont les membres de l'aristocratie ! Si on la laisse se bercer d'illusions, ils vont la dévorer une fois qu'elle accédera au trône !
- En voulant toujours la pousser plus loin, tu risques d'amplifier son sentiment d'enfermement et lui donner envie de se rebeller encore plus contre toi !
- Nous nous étions promis de faire ce que Kepman et Olivia voulaient ! Nous avons promis de faire de notre fille la reine d'Estir pour qu'elle change l'histoire de ce royaume une bonne fois pour toutes ! Et c'est bien ce que je compte faire. Maintenant, pouvons nous parler d'autres choses ? Hausser le ton pourrait inquiéter les invités.
- Tu penses bien faire... Mais si tu continues comme ça, je peux t'assurer que ça va se retourner contre toi ! Je t'ai soutenu jusqu'à présent parce que moi aussi je veux honorer la promesse qu'on a faite à Kepman et Olivia ! Mais je te préviens, si par ta faute il arrive quoi que ce soit à notre fille, je n'hésiterai pas une seule seconde et je m'en irai avec les enfants !!
La reine s'en va en claquant la porte.
Le roi se tient la tête et pousse un long soupir. Il ouvre ensuite un tiroir de son bureau et récupère une photo cachée sous des livres. Olivia et Kepman Arantti. Les précédents souverains d'Estir qui ont été assassinés par les Estiry lors du Grand Exil.
- Si seulement vous étiez encore là pour voir tous les efforts que je fais... J'essaie vraiment, je vous assure... Mais au fur et à mesure qu'elle grandit, ça devient de plus en plus dur de maintenir la paix entre nous...
Il range la photo puis se remet à classer ses dossiers.

Quand Opale entre dans la chambre d'Adam, elle s'étonne de voir Saphirre sauter sur son lit en faisant semblant d'être un chevalier.
- Saphirre !! Mais qu'est-ce que tu fais, descend de là tout de suite !!
- Je ne suis pas Saphirre ! Je suis messire Jehdo de la table ovale ! Et je suis venu au secours de cette jolie princesse aux yeux couleur azur !
- Oh c'est pas vrai... S'exaspère Opale en se pinçant le nez.
- Et à présent, par ce baiser magique, toutes les maladies vont vous quitter, princesse ! Dit Saphirre avec un air courageux et triomphant. Puis elle se rassoit sur le lit et se penche pour faire un bisou sur la joue d'Adam.
- Et voilà, chère princesse Badièvre ! Vous êtes guérie !
Adam rigole.
- Oh merci mille fois, preux chevalier de la table ovale ! Le ciel vous bénisse et que la Providence divine soit avec vous tout au long de vos nombreuses quêtes à venir !
- Oh merci, chère princesse ! Je reviendrai vous apporter des fleurs lors de ma prochaine têque- Heu- Quête !
- Allez, ça suffit pour aujourd'hui, les aventures chevaleresques ! Est-ce que mère sait que tu es réveillée ?
- Elle est passée me dire bonsoir tout à l'heure mais j'ai fait semblant pour qu'elle croit que je dorme. Dit la fillette d'un air espiègle.
- Mais quel coquin de chevalier ! Dit le prince pour la taquiner avant de lui faire des chatouilles. Saphirre rit aux éclats.
- Il serait temps de retourner te coucher, Saphirre. Tu sais comment est mère. Si elle découvre que tu n'es pas dans ton lit, tu seras privée de sortie. Et j'imagine que tu n'as aucune envie de rester coincée ici avec moi.
- Oh non, je veux rester avec Dam-Dam, moi !
Saphirre se couche pour prendre le prince dans ses bras. Il caresse ses longues boucles foncées.
- Ne t'inquiètes pas, Saph. On se verra demain. Le docteur a dit que j'allais devoir me reposer ici pendant deux jours.
- OH OUII !! On va pouvoir jouer ensemble plus longtemps !!
Saphirre l'embrasse encore puis cours vers la sortie pour rejoindre sa chambre. Elle tire la langue à sa sœur en partant.
Opale lève les yeux au ciel.
La princesse vient ensuite s'assoir au chevet du prince.
- Désolée pour tout ça, elle a sûrement dû vous embêter.
- Non, non, ne vous en faites pas. Elle a rajouté un peu de gaieté à ma nuit. Je m'ennuyais tant ici tout seul. Surtout que vous avez dû bien vous amuser en profitant de la fête sans moi.
- Ne dîtes pas de bêtises ! En plus vous savez bien comment sont ce genre de réceptions. Chacun étale son vocabulaire le plus sophistiqué pour au final ne rien dire d'important. Presque toutes les filles à qui j'ai parlé durant ce banquet ont passé leur temps à me dire à quel point elles étaient jalouses de moi ! Soit à cause de nos fiançailles soit à cause de mon royaume ou encore de la matière de ma robe! Ce qu'elles peuvent être matérialistes !
- C'est vrai. Mais je dois avouer que celles qui sont jalouses de vous à cause de moi n'ont pas tort. Je m'épouserais volontiers moi-même si c'était possible.
Opale lui donne une tape dans le bras.
Il rit.
- Hé ! On ne frappe pas une personne en convalescence !
- C'est vrai, pardon. Dit-elle en souriant.
Et sinon, comment vous sentez-vous ? Votre tête vous fait-elle encore mal?
- Non, ça va mieux maintenant que je vous vois. Vous êtes le meilleur médicament qui soit.
Il embrasse sa main et elle lève les yeux au ciel en souriant.
- Le docteur m'a donné des anti-douleurs. Mais il m'a dit d'en reprendre avant de me coucher au cas où elles reviendraient durant la nuit.
- Vos parents ont dû beaucoup s'inquiéter, pas vrai ? Je ne les ai presque pas vu au banquet.
- Oh vous auriez dû voir l'expression de ma mère ! Elle frôlait l'infarctus ! Ça ne m'étonnerait pas qu'elle repasse par ici durant la nuit pour vérifier que les médicaments ont bien disparu de l'assiette.
- C'est normal, elle se fait du soucis pour vous. Encore pardon pour l'accident. Vous n'étiez pas obligé de mentir, vous savez? J'en aurais endossé toute la responsabilité.
- Je sais bien mais vous avez déjà été tellement réprimandée ces derniers jours. Je voulais vous offrir un peu de répit. Et puis je dois avouer que c'est assez, comment dire... Excitant d'être les seuls à savoir la vérité. C'est un peu comme notre petit secret rien qu'à tous les deux. Dit-il en prenant la main d'Opale.
La princesse sourit faiblement puis dégage lentement sa main.
- Oui...Rien que tous les deux...
- Opale ? Tout va bien ?
- Oui, oui, j'aimerais juste... Est-ce que je pourrais vous poser une question, Adam ?
- Oui bien-sûr, tout ce que vous voudrez. J'espère que vous n'allez pas me devancer et me demander en mariage parce que je n'ai pas encore ramené votre bague. Dit-il doucement en riant.
- Que faisiez-vous tout seul dans la bibliothèque ? Et pourquoi n'avez-vous pas répondu quand j'appelais ?

Le prix de la différence Où les histoires vivent. Découvrez maintenant