Chapitre 36 : Phase 2 : Accélération

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La soirée se passe très bien dans l'ensemble. Tous les invités profitent de la dernière journée de fête avant de retourner dans leurs royaumes respectifs le lendemain matin. Les parents d'Adam sont restés à son chevet durant la majeure partie de la nuit. Opale a fait son discours de clôture en remerciant tous les invités pour leur présence, et en leur disant à quelle point elle avait hâte de voir le résultat de la collaboration entre les royaumes durant cette nouvelle saison de printemps.
Elle leur souhaite une excellente nuit puis la musique reprend.
Elle va discuter avec d'autres princesses avec qui avoir une amitié lui serait "bénéfique", selon le conseil de ses parents.

Lorsque la majeure partie des invités a quitté la salle du banquet, le roi et la reine décident de se retirer. Opale les rattrape.
- Votre Majesté, vous et mère allez vous coucher ?
- En effet. Mais je rejoindrai ta mère plus tard, je dois d'abord aller ranger quelques dossiers dans mon bureau.
- Parfait. Je vous suis alors. J'aimerais m'entretenir avec vous un instant.
- Princesse Opale, si c'est encore à propos de cette histoire d'intrusion je-
- Non, non. Ne vous en faites pas. Ça concerne tout autre chose.
Le roi hésite quelques secondes puis finit par la laisser le suivre.
Ils s'arrêtent d'abord devant la porte de la chambre des parents.
Le roi embrasse sa femme puis continue à marcher jusqu'à son bureau.
- Bonne nuit, mère. Dit Opale en faisant la révérence. Au moment où elle s'apprête à suivre son père, sa mère la retient par le poignet. Elle la regarde avec des yeux inquiets.
- S'il te plaît, ma chérie, ne contrarie pas ton père. Il a déjà tant de choses dont il doit s'occuper. N'en rajoute pas, d'accord ?
Opale se crispe. [Personne n'en a rien à faire quand JE suis contrariée...] Pense-t-elle. Elle se contente d'afficher  un faible sourire.
- Vos désirs sont des ordres, votre Altesse. Jamais je n'oserai troubler le calme de mon vénéré roi. Répond-elle d'un ton sec.
La reine Alma comprends que sa fille a mal pris ses propos.
- Opale, attends !
La princesse dégage son poignet puis s'empresse d'aller retrouver le roi dans son bureau.

Le conseiller du roi profite du fait que ce dernier n'ait plus besoin de lui pour se retirer dans ses appartements. Une quinzaine de minutes plus tard, un homme portant une tenue de majordome entre à son tour dans la chambre du conseiller. L'homme a de longs cheveux blonds regroupés en queue de cheval sur son épaule et quelques mèches sur les côtés. Il a les yeux marrons et est âgé de 25 ans.
C'est le même homme qui s'était entretenu avec le conseiller à propos d'un plan d'action contre Estir. Les deux hommes se retrouvent souvent à des endroits différents du château pour discuter à l'abri des regards.
- Vous en avez mis du temps ! J'ai cru que vous ne viendriez pas ! Dit le conseiller.
- Je devais d'abord m'assurer qu'il y avait moins de monde dans les couloirs. Je ne peux pas me permettre de me faire repérer par le roi.
- Certes, mais vous pourriez au moins me prévenir lorsque vous allez être en retard !
- Oh pitié, arrête de geindre, papi ! Parlons plutôt de ce que nous allons faire concernant le gosse qui est arrivé hier !
- Oui, il s'appelle Orion. C'est vrai que ce garçon est un énorme imprévu. Il pourrait ruiner tous nos plans.
- Non, peut-être pas.
- Vous avez quelque chose en tête ?
- Et bien, je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ce garçon est spécial. Je l'ai observé lorsqu'il a demandé au roi de le faire chevalier. Il disait que c'était ça le désir de son cœur mais j'ai bien vu qu'il y avait autre chose. Un sentiment plus fort qui brûlait dans ses yeux lorsqu'il regardait le roi.
- Et quel serait ce sentiment ?
- La haine. Je le sais parce que c'est exactement comme ça que je regarde aussi le roi depuis le premier jour de mon arrivée au château.
Le conseiller le regarde d'un air interrogateur.
- Je suis sûr qu'il peut nous être très utile pour faire tomber Estir. Il suffit juste que j'arrive à le cerner un peu mieux. Mais j'ai grand espoir que nous pourrons utiliser cette haine à notre avantage. Dit l'homme aux cheveux blonds.
- Très bien. Mais qu'allons nous faire pour l'accord que Reynolds va signer avec Orylia ?? Nous nous étions dit qu'il était préférable d'agir avant lui mais nous risquons de perdre cette avance dans très peu de temps. J'ai entendu les souverains d'Orylia dire qu'ils allaient accélérer la demande de fiançailles qu'ils comptaient faire pour leur fils et la princesse. Comment allons nous faire pour les devancer ?
- Tout d'abord, il faut qu'on les ralentisse. La princesse ne doit pas être fiancée avant que notre plan ne soit prêt à débuter.
- Et comment comptez-vous vous y prendre pour freiner les Kaizers ?
- Il suffit de raviver la flamme de l'amour qui s'était éteinte auparavant. Et par là, je veux dire faire en sorte que le prince d'Elvion s'intéresse à nouveau à la princesse.
- Mais le prince Elijah n'est-il pas déjà promis à la princesse Jessica de Gyovan ?
- Si. Mais c'est évident que ses sentiments à l'égard de la princesse n'ont pas complètement disparu. De son côté à elle, je ne sais pas. Mais il suffit de leur donner un petit coup de pouce pour être ravivés. Ainsi, cela créera une rivalité entre les deux princes et le temps que les rois et reines règlent tout ça, notre plan sera prêt à être mis à exécution.
- Ça tient la route, effectivement. Bon, faisons comme vous dîtes. J'attendrai vos directives pour savoir comment procéder. De mon côté, je ferai en sorte de pousser le roi à continuer de négliger les Estiry petit à petit. Je le pousserai à rester confiant que la population est suffisamment sous contrôle pour que "la future reine puisse redresser la situation une fois sur le trône". Il ne verra même pas la révolte venir.
- Exactement comme cet imbécile de Kepman Arantti. Ils sont tous si naïfs. Donnez-leur une couronne et un sceptre et ils se croient intouchables.
- Ce sentiment de sécurité factice du roi finira par le perdre. Même la princesse a compris que quelque chose n'allait pas mais cet espèce de vieux borné n'écoute pas sa propre fille. Et dire qu'il espère lui confier le royaume dans quelques années.
- D'ailleurs, il va falloir que vous trouviez un moyen d'effacer les soupçons de la princesse. Même si le roi ne la croit pas, nous ne pouvons pas prendre le risque que ses soupçons arrivent aux oreilles des mauvaises personnes.
- Elle n'aurait pas de soupçons si vous étiez plus prudent pendant la nuit.
- Contentez-vous de faire votre boulot et je ferai le mien. Car contrairement à vous, j'ai TOUJOURS une longueur d'avance. Même sur mes propres erreurs. Je sais déjà comment je vais faire pour incriminer le petit nouveau.
- Très bien. Partez à présent, Adrian. Il ne faut pas qu'on vous surprenne ici.

Adrian s'en va et le conseiller du roi passe ses mains dans ses cheveux gris.
[Plus que quelques mois. Quelques mois et je me débarrasserai enfin de ces maudits Arantti. Et le trône sera à moi et à moi seul. Il reviendra enfin à la famille qui l'a toujours mérité : Les Gaïoss.] Pense-t-il avant de faire appeler les servantes pour qu'elles lui fassent couler un bain.

Le prix de la différence Où les histoires vivent. Découvrez maintenant