Chapitre 27

27 5 1
                                    




Confortablement installé dans un hamac tendu entre deux troncs bien larges, François fixait la poignée d'étoiles brillantes que les lueurs du jour n'avaient pas encore effacées.


La nature commençait tranquillement à se réveiller, alors que lui, n'avait pas fermé l'œil de la nuit.

Un peu plus loin, dans un canapé tapissé de fleurs brodées, Alice s'était endormie il y a déjà des heures, elle avait encore aux lèvres le sourire qu'elle portait avant de s'assoupir.


Hier, il avait vu l'enthousiasme de l'adolescente dépasser encore ses attentes, lorsqu'elle avait pu passer de longs instants avec un Fred très fier de lui montrer toutes ses petites inventions.

Ainsi, ils avaient découvert que le pêcheur était né au pied de la montagne, et que depuis, il avait toujours vécu dans ces bois. Quand il racontait son histoire, François avait cru comprendre qu'il avait une grande famille, il y a longtemps, confirmant les suppositions de Salomé.

Pourtant, les anciens n'avaient jamais mentionné la présence de l'Homme si proche de Contre-Jour.


La petite aux mèches roses avait eu la maladresse de lui demander où ses proches étaient passés, et le meneur avait vu Salomé, toujours méfiante, s'intéresser fortement à la discussion avec un regard suspicieux. Il avait simplement répondu qu'un jour, petit, il s'était levé du lit, et que tout le monde était parti. Il s'était retrouvé seul, d'un coup. Touchés par cette image de l'abandon qui était impensable pour eux, tant leur peuple était uni, les illuminés avaient été bien surpris de voir la figure niaise de l'homme qui semblait voir là un simple incident.

Anatole, débordant de curiosité, n'avait pas hésité à le questionner sur la vie de solitude qu'il avait mené, et les moyens qu'il avait utilisé pour survivre, mais Fred avait trouvé ces réflexions idiotes : il n'avait pas survécu, il avait juste vécu.

Tranquillement, doucement, joyeusement, au milieu des arbres et des objets accumulés par ses parents, ses frères, ses sœurs, ses tantes, oncles, cousins et grands-parents. Il avait l'air de ne s'être jamais sentie particulièrement seul, entouré de ses chiens, et même la métisse assoupie sur un futon au sol avait fini par admettre que leur hôte était un homme bon.


François avait vu les yeux de Salomé se couvrir d'un voile au moment où le pêcheur avait raconté la rencontre qui avait changé sa vie, quand un beau matin, alors qu'il marchait à la lisière de la forêt, il était tombé sur une voiture qui pleurait, et qu'il avait aperçue un bébé en larme sur le siège arrière. Il avait ramené Bonnie avec lui, à la caravane, et depuis, son quotidien n'avait plus jamais été le même.

Le roux n'avait pas pu s'empêcher de se demander si le cinquantenaire était réellement en conditions de prendre soin d'un enfant en bas âge, mais il avait vite réalisé que ces deux-là étaient probablement bien plus heureux que la plupart des gens qu'il avait connus jusqu'ici.


Passionnés par cette première rencontre humaine qui leur apportait tant, ils avaient donc passé la nuit a discuter, protégés des vents arides du désert par la canopée salvatrice. 

Le pêcheur n'avait pas l'habitude de recevoir du monde, d'ailleurs, il comptait les rencontres qu'il avait faites depuis ses quinze ans sur les doigts d'une seule main, deux maintenant, grâce à eux. Cette inadaptation sociale avait compliqué grandement la communication, sans parler de son étrange élocution, mais en étant patients, ils avaient réussi à apprendre un tas de choses sur le monde de la surface.

L'éveil des IlluminésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant