Chapitre 57

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Qui aurait cru pouvoir se noyer dans un désert sans eau ?

Se débattre du rien ?

Éviter du regard l'invisible ?

Qui aurait pensé qu'on puisse confondre la fuite avec le fait d'avancer ?





Après avoir effectué quelques pas dans l'allée centrale du camp nomade, François se sentait déboussolé.

Impossible de dire si c'est l'action subite à laquelle il venait d'être confronté, le courage aveugle dont il avait dû faire preuve, ou bien l'absence des gens sous les tonnelles, mais une première impression de doute frappa le garçon.

Une impression de coup fourré.

Tandis qu'Alice s'attardait encore à chercher les chevaux des yeux, il ne put que remarquer la façon dont les lieux s'étaient vidés à l'arrivée de Scott, ce qui révélait une fois de plus la mauvaise réputation du groupe.

Une main se posa sur son épaule :


" Tu es sûr de ce que tu fais, mon ami ? Tu n'as pas l'air bien, fit remarquer la douce voix d'Anatole.

- Non, je ne vais pas bien. Toutefois, je suis sûr de ce que je fais. C'est juste que... à l'instant...

- Tu l'as sentit à nouveau ?

- Oui, répondit le roux en portant une main contre son cœur.

- Et alors ?

- Il... il a peur.

- Peur ? Mais de quoi ?

- Je ne sais pas."


La température était aussi pesante que l'ambiance qui planait dans les airs.

Le peu de personne encore présente s'agitait sur leur emplacement respectif, fourrant des bibelots dans des sacs et enveloppant du petit mobilier avec d'épais tapis.

Tout le monde était sur le départ.

Derrière eux, trois mercenaires jusqu'ici silencieux fermaient la marche en tenant fermement leurs armes contre le torse.

De l'extérieur, difficile de savoir s'ils étaient gardes du corps ou geôliers.

Leurs attitudes étaient presque aussi oppressantes que celle du chef qui marchait avec fierté à l'avant, jetant des coups d'œil réguliers vers Salomé qui lui aurait bien craché dessus à nouveau.

Au bout du corridor, l'entrée du campement avait pris des allures de parking improvisé où s'entassaient une poignée de voitures cabossées protégées avec soin par deux silhouettes montant la garde.

En commençant tout juste à distinguer les carrosseries de ferrailles, les appréhensions d'Anatole s'envolèrent en une fraction de seconde. Il se précipita vers le premier engin les bras tendus pour évaluer au mieux les distances, ce qui força immédiatement les sentinelles à pointer les armes sur lui.

Le sang de Ricardo ne fit qu'un tour et il attrapa le bras de son collègue avant qu'il ne se retrouve criblé de balles.


" Mais enfin, lâche-moi, c'est la première fois de ma vie que j'ai l'opportunité de voir une camionnette d'aussi prêt !

- Baissez vos fusils bande d'idiots, ils sont avec nous. Ces messieurs dames font route vers le Sud-Ouest et on les accompagnera jusqu'au bivouac. Entendu ?"


Face au ton agressif de leur patron et à l'apparence inhabituelle des nouveaux arrivants, les chiens de Scott firent leurs plus plates excuses signe de la forte autorité qu'il exerçait sur eux.

L'éveil des IlluminésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant