Chapitre 56

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L'asile ne porte pas ce nom pour rien, car c'est aussi dans la vulnérabilité que la folie nous gagne.


Si la nuit faisait office de toit du monde, les protégeant des angoisses comme les murs d'un foyer réconfortant, elle ne leur garantissait pas une sécurité absolue pour autant.

Surtout lorsque le moindre charognard pouvait s'amuser à les suivre à la trace, kilomètre après kilomètre.

À ce stade, rien ne différenciait cet individu masqué d'un autre, excepté une sensation de déjà vu que Simon peinait à replacer.

Toutefois, c'est justement dans cette impression d'habitude que se cachait le danger, car le prévisible ne l'était jusqu'à ce qu'il ne le soit plus.


Après avoir démarré à toute allure, ils s'étaient rapidement retrouvés pris en filature par deux phares jaunâtre, et bien que le ronflement gras du moteur se tienne à distance, le trio s'était empressé de disparaître entre les bourrasques de poussière qui annonçaient une soirée irrespirable.

Puis, à leurs grands désespoirs, ils avaient finit par remarquer au loin les lumières s'éteindrent.

Suite à quoi, il était impossible de savoir si le véhicule avait été abandonné, si le suiveur s'entêtait toujours à les talonner ou s'il s'était arrêté.

Le pire dans tout ça -et le plus probable selon leurs expériences respectives- c'est que ce visiteur inopportun ait pu comme eux avoir l'idée de se déplacer dans l'obscurité totale, profitant des vagues de vents qui emportait le bruit de ses déplacements pour se garantir une discrétion hors paire digne des plus expérimentés.

Alors, il aurait été tout bonnement impossible de savoir à quel point ils risquaient gros.


Cependant, malgré la confiance presque aveugle que Steve accordait à son ami, il baignait dans le doute.


" Allez quoi, c'est débile, arrête-toi et laisse moi fixer les lampes de poche à l'avant. Le sol devient plein de roche, tu veux encore nous r'tourner, c'est ça ?

- Même pas en rêve, je t'ai dis non, lui répondit fermement Simon.

- Mais allez, putain ! Tu te comportes comme un con. On est au milieu de nulle part, il nous a pas suivi ton type !

- J'ai dit non.

- Tu t'es peut-être trompé sur ses intentions, c'est normal de flipper de tout le monde ici, commença Adam.

- J'vous dis qu'il y'a un truc foireux avec ce gars, il faut absolument qu'on s'tienne à distance, c'est tout.

- Tu peux pas nous en dire plus, alors comment tu veux qu'on se tape le même coup de pression que toi ? se plaignit Steve en soupirant.

- Nan, j'peux pas. C'est juste... une sensation. Comme si on m'avait prévenu de la galère, tu vois ?

- Non, avoua-t-il.

- C'est ton instinct quoi, ponctua l'infirme.

- Ouais, voilà, quelque chose comme ça.

- Pourtant, si c'était des Nettoyeurs, on en aurait vu d'autres. Non ? supposa Steve d'une voix naïve.

- Et bien... j'en suis pas si sûr."


Simon pinça les lèvres, perdu dans ses propres réflexions.

Après tout, ils savaient tous qu'il existait une autre unité chez les Nettoyeurs.

Une unité plus que divisée, une unité sans pitié, une unité pire encore : les Solitaires.

L'éveil des IlluminésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant