Pas une once de vent ne venait s'engouffrer dans la voile du char.
La chaleur semblait encore plus écrasante, s'abattant sur le groupe comme un poids dont on ne pouvait se défaire.
Le sol avait emmagasiné toute la journée des températures que les illuminés n'avaient jamais connu, et même si le soir tombait lentement sur l'immense vallée, des ondulations de mirages continuaient de virevolter tout autour.
Cela faisait près d'une heure qu'ils reconstruisaient la scène encore et encore, tous ensemble, tentant comme possible de remettre les pièces du puzzle dans l'ordre, mais c'était à s'y perdre.
"... donc, attendez. Qui est Spencer déjà ? C'est le chef, c'est ça ? demanda à nouveau Alice qui avait du mal à prendre en main la multitude de nouvelles informations.
- Pas exactement, puisqu'ils ont parlé d'organisme supérieur, cela signifie bien que nous n'étions pas en haut de la hiérarchie selon moi, pas vrai Anatole ? ajouta Salomé.
- Peut-être, probablement même. Mais cet homme doit avoir un rôle important dans l'affaire, vu la manière dont vous l'avez décrit. Il vous a donné une mission qui semble être une certaine responsabilité, le fond nous échappe pour l'instant, cependant je présume que pour ordonner, il doit être gradé. Sans oublier le point de vue de François, tu as dit que tu avais ressenti quoi ?
- J'ai surtout vu et entendu, pour être honnête. C'était comme si j'y étais.
- Où te trouvais-tu dans l'action ? reprit Anatole avec une idée soudaine derrière la tête.
- Je ne sais pas, une sensation d'être au-dessus je suppose. Ou à travers les yeux de Ricardo, je ne suis pas tellement sûr. "
François était assis sur le rebord du véhicule, les jambes pendues dans le vide.
Il pensait à autre chose, et entendit à peine le rictus déplacé de la plus vieille du groupe qui paraissait une fois de plus, pleine de reproches.
Depuis qu'ils avaient quitté le camp, il n'était pas parvenu à faire redescendre sa tension.
Sa mémoire était marquée des horreurs qu'il avait vues, et son subconscient en rajoutait une couche en lui hurlant sans arrêt qu'il aurait sûrement pu faire les choses différemment.
Mais le pire dans tout ça, ce qui le faisait culpabiliser le plus, c'est la manière dont ses songes utilisaient leur espace de stockage, car si des coulées de sang déambulaient encore entre les flammes de son esprit, un prénom anodin jusqu'ici prenait plus de place.
Jenna, Jenna, Jenna ...
Pourquoi lui semblait-elle si familière ?
Lorsqu'il avait dû justifier sa décision de changer de fusil d'épaule en partant en quête de cette mystérieuse femme, il avait eu beaucoup de mal à en expliquer les raisons.
Il avait la sensation qu'aucun vocabulaire sur cette Terre n'avait été inventé pour retransmettre ses sentiments. Tout avait l'air trop plat, et il ne pouvait pas se permettre de ne parler qu'avec des euphémismes quand la tempête de ses émotions éclatait en palette de couleur maximaliste.
Il avait beau raconter que prendre ces décisions s'apparentait à suivre simplement ses tripes qui s'échappaient de son corps vers l'inconnu comme un aimant, l'image n'était pas assez forte.
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L'éveil des Illuminés
Science FictionTOME 1 : Lorsque François se retrouve à avoir des visions floues sur un mystérieux jeune homme, rien ne laisse présager qu'il est sur le point d'abandonner tout ce qu'il a jamais connu, sa terre et son peuple les Illuminés, pour parcourir le plus g...