Chapitre 18

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L'instant était figé dans le temps.

Les courants d'air qui s'engouffraient dans la caverne s'étaient arrêtés en plein vol, laissant les branches des arbres dénuées de mouvements.

Le troupeau de lama-plume qui broutait paisiblement depuis les premières lueurs du jour, levait enfin la tête de l'herbe pour fixer le bout de la plaine, où le peuple des Illuminés assistait au retour d'un vieux compagnon.

François sentit un souffle d'air chaud dans sa nuque, et le sien se coupa comme par magie.

Devant lui, deux centaines de personnes abasourdies ouvraient grand la bouche, les yeux écarquillés. 

Et parmi eux, se démarquaient les Anciens, dont l'expression de choc était encore plus immense.

" Mais... mais... c'est impossible..." se mit à balbutier à voix basse Stéphane, les jambes encore plus tremblantes que son âge ne pouvait le provoquer.

Romane avait porté sa main à son cœur, et ses lèvres tremblotaient tant qu'on aurait pu la croire sur le point de fondre en larmes.

" Après tout ce temps..." arrivait-elle à peine à articuler.

François sentit à nouveau une respiration brûlante contre sa peau, éparpillant ses cheveux sur sa tête. 

" Qui est-ce ?" demandait Clémence aux adultes.

Mais personne ne semblait vouloir, ou pouvoir lui répondre.

Le corps du jeune homme était comme paralysé, il était incapable de se retourner. C'est comme si quelque chose en lui avait changé si violemment, qu'il en était devenu impossible de commander son cerveau tant la nouveauté était bouleversante. Il entendait son cœur battre à toute allure dans sa poitrine.

Les lunettes d'Anatole regardaient dans sa direction, il le vit ouvrir la bouche pour lui parler, mais François n'entendait pas, non. 


Des cris, déchirant l'atmosphère, comme une lame acérée perforant une cage thoracique.  


Il sursauta.

La mousse des façades de la caverne se mit à émettre de douces lueurs de crépuscule. Dans la terre, bientôt il vit se dessiner une ombre immense derrière la sienne. 


De violentes détonations transpercèrent la tranquillité anormalement assourdissante.     


Ses ongles commençaient à s'enfoncer dans ses paumes trempées.

La silhouette s'approchait progressivement, François pouvait déjà discerner la forme de ses membres. Pourtant, il fût tout de même surpris quand un front bouillant s'écrasa dans son dos avec une force tendre, projetant tout son corps en avant.


Tout devint blanc. 

Une chaleur insoutenable s'en prit à ses jambes, il tomba au sol. Autour de lui, un nuage de poussière étouffante lui ôta toutes capacités de visions. Une note aigüe vrombissait contre ses tympans. L'air toxique qu'il ingurgitait lui donnait envie de vomir. Une fois de plus, il était sûrement sur le point de vivre ses derniers instants.


François leva les yeux vers les Illuminés qui attendaient toujours que son courage le pousse à faire face à l'ombre. Il ne savait pas pourquoi, mais malgré cet intense sentiment d'apaisement, une peur effroyable lui glaçait le sang.

L'éveil des IlluminésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant