François passait une poignée de minutes immobile, le regard dans le vide, le visage dénué de toutes émotions.
C'est presque comme si l'air n'agitait même plus ses mèches rousses.
Pour Anatole et Alice, cet instant minuscule à l'échelle d'une vie paraissait interminable.
Le garçon semblait s'être évaporé de son propre corps. Il se tenait là, à genoux dans le sable, face à eux, aussi vif qu'une statue de pierre. Son teint avait pâli, ses lèvres s'étaient ternies, on aurait pu croire que derrière eux, c'était la mort qui le regardait droit dans les yeux.
Au début, la jeune fille s'inquiétait, et le secouait même, comme si elle tentait de l'éveiller d'une simple crise de somnambulisme.
" Que t'arrive-t-il ? Tu me fais peur, ne me dis pas qu'il va rester bloqué comme ça ? demanda-t-elle.
- Eurêka, ça marche ! " répondit l'autre.
Cependant, aucuns de ses mots n'atterrissaient dans l'oreille du concerné, puisque toute son ouïe était dirigée ailleurs.
" Si on perd notre meneur sur le coup d'une mauvaise hallucination, je serais dévastée. Regarde la manière dont ses iris sursautent, penses-tu vraiment qu'il soit prêt pour ça ?
- Ne t'en fais pas, Ringo le protège. Il en est capable. " assura-t-il.
Tout à coup, François prit une grande respiration. Une respiration tellement indispensable, qu'elle donna l'impression d'être le tout premier souffle de son existence.
Il fut pris d'une quinte de toux, bousculé par tout l'air sec qui s'engouffrait à nouveau sans prévenir dans ses poumons.
Ses membres étaient engourdis, et on pouvait voir à l'expression pratiquement douloureuse de ses traits qu'il reprenait peu à peu conscience des muscles de son corps.
C'était comme s'il sortait d'un terrible coma qui avait duré des lustres.
Mais le vif de l'action lui interdisait la moindre minute de convalescence.
Alors que les questions presque silencieuses et incessantes d'Alice résonnaient encore contre ses tympans, et que les images de Spencer défilaient à toutes allures sous son crâne, on pouvait désormais percevoir une mélodie immensément familière.
Celle du claquement en rythme d'un lot de sabot qui heurtait le sol.
Pour lui, il n'y avait pas de meilleur son connu à ce jour. La cadence redondante du trot de ses lamas accompagnait les longueurs ennuyeuses de ses journées à Contre-Jour, et une part de lui espérait que l'arrivée de ces créatures-ci, soit elle aussi synonyme d'un peu de stabilité.
Oui, puisqu'il était maintenant en état d'hyper alerte constante, il ne voyait pas d'objection à rencontrer moins d'imprévus pour une fois.
" Splendide, ils ont trouvé des chevaux, articula Anatole.
- Ils sont tout de même très visibles. Pourquoi ne se cachent-ils pas ? Il y a un groupe d'une dizaine attroupé juste là, s'inquiéta l'adolescente, se levant déjà pour leur faire signe.
- Ne te montre pas. Ils savent ce qu'ils font. Partons d'ici, commença François.
- Négatif, nous devions attendre près de ces voitures, c'est le point de rencontre, dit le brun qui se voulait précautionneux.
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L'éveil des Illuminés
Science FictionTOME 1 : Lorsque François se retrouve à avoir des visions floues sur un mystérieux jeune homme, rien ne laisse présager qu'il est sur le point d'abandonner tout ce qu'il a jamais connu, sa terre et son peuple les Illuminés, pour parcourir le plus g...