Chapitre 60

12 0 0
                                    


Si l'univers, Dieu, ou toute autre entité supérieure à l'Homme avait voulu lui faciliter la tâche, il l'aurait fait. 

Mais voyant que cet idiot savait très bien se compliquer la vie tout seul, il lui offrit le meilleur des cadeaux empoisonnés : le temps.


François n'avait en considération ni de puissance suprême, ni d'humanité, et encore moins de temporalité.

Aussi, confronté aux trois réunis, il ne pouvait qu'être victime de son incompréhension.

Après avoir entendu Scott dire que le trajet devait durer une nuit et demie tout au plus, alors qu'il avait encore à peine réussi à comprendre le rythme de la surface, il avait fini par en déduire que le groupe empruntait un détour non-justifié, ou du moins une prolongation qui soulevait de nombreuses interrogations.

À ce propos, toute l'équipe restait évasive, mais lors des rares pauses qui leurs étaient accordées plus pour entretenir les véhicules que pour le bien-être de chacun, il n'était pas inhabituel d'entendre des prières discrètes.

Ainsi, les Illuminés se demandaient secrètement à qui ces gens pouvaient-ils bien envoyer leur message, puisque ces mots semblaient se perdre de toute évidence et ne jamais revenir.


Pourtant, ces attitudes difficile à assimiler n'étaient pas les pires, puisque l'horrible commandant de bord présentait, lui, un comportement des plus indéchiffrable :

Souvent taciturne, il se tenait à distance de tout le monde, n'octroyant que quelques minutes par jour à sa faction pour lui hurler des ordres qui auraient pu être formulés avec davantage de délicatesse.

Il avait l'air d'être le genre de personne à n'être jamais satisfait, à appréhender sans arrêt le moindre souci, et à projeter ses sauts d'humeur sur n'importe quel malheureux qui croisait son chemin.

Il était clair que sa politesse envers les nouveaux arrivants s'apparentait à une règle imposée plus qu'à un choix personnel, d'ailleurs, même si l'intelligence de la plupart paraissait le mettre souvent mal à l'aise, il préférait s'isoler plutôt que de montrer une soumission hiérarchique.

De ce fait, le rouquin mit des jours à comprendre qu'en réalité, Scott, tout comme lui, ne savait pas vraiment où il allait.


" C'est pas vrai, regarde cette colonne de pierre, on est déjà passé devant avant-hier, j'en suis sur, se plaignit Salomé alors qu'elle se dégourdissait les jambes avec Anatole et François pendant que les autres se reposaient.

- J'aimerais te dire que tu as tort, mais je ne peux même pas te dire que tu as raison étant donné que je ne vois rien. J'ai par ailleurs une migraine abominable, comment peuvent-ils vivre sans boire ?

- Je sais, j'ai conscience que le chemin que je vous fais prendre est loin d'être facile. Mais croyez-moi, le jeu en vaut la chandelle, rappela le meneur.

- Je dois admettre que je commence à douter de tes choix.

- Oh, ce n'est pas la première fois Salomé. Je ne suis pas surpris. J'ai souvent douté de moi auparavant, cependant aujourd'hui c'est de Scott que je me méfis.

- Cet énergumène mérite notre suspicion depuis le début. Qu'est-ce qui fait augmenter ta vigilance ? l'interrogea Anatole qui se cramponnait à son bras pour ne pas avoir à trier les reliefs du sol.

- Je sens qu'il ne nous dit pas tout. Cette histoire de détour, je n'y crois pas. Il n'y a rien à la ronde, nous sommes montés en altitude, et aucune troupe malveillante n'était décelable. Il n'y avait tout simplement personne. Je ne parviens pas à voir ce qui aurait pu menacer notre sécurité.

L'éveil des IlluminésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant