Chapitre 24

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Au bout du sentier, une caravane dans un état approximatif trônait fièrement au centre du lieu de vie.


Un arbre qui avait dû se sentir aventureux avait pris la décision de pousser à travers le sol, perforant la carapace de cette maisonnette couverte de peinture. Il était même ressorti par le toit, donnant au véhicule des allures de cabane d'enfant. Les branches qui dégoulinaient sur les vitres opaques étaient magnifiquement parées de décorations diverses et variées allant de jolis galets, aux fleurs séchées, en passant par des morceaux de tissus noués en rubans.

Juste à côté, quelques planches ficelées entre elles créaient l'illusion d'un plafond, protégeant une table en plastique croulant sous le poids des objets loufoques qu'elle accueillait, ainsi qu'une étagère maladroite remplies de caisses et de cartons. Un grand nombre de casseroles et de récipients s'entassaient dans de vieux meubles en bois que la pluie et le temps avaient vieillis.

L'herbe aplatie indiquait le passage des chiens entre les canapés et fauteuils disposés un peu partout entre les arbres. L'un dormait paisiblement sur un tapis troué, un autre grattait la terre du potager, où de gros légumes dépassaient de la terre et de seau en plastique colorés.


Qui pouvait s'attendre à tomber sur une telle abondance en pleine forêt ?

Il semblait y avoir tout, ici.

Une collection de lampe de poche, une quantité inestimable de vêtements rapiécés qu'il avait cousu en rideau, un tas de chaussures grand comme un homme, non, François ne pouvait poser le regard nul part sans tomber sur quelque chose d'extraordinaire. Un canard en plastique, un carnet de croquis, gant de four et toupie, clé à molette, ballons, maracas, loupes, pinces, porte-clé, sifflet, tasses et puzzles, guitare ou arbalète. 

Anatole n'en croyait pas ses yeux.

Il s'avança lentement dans l'antre, les genoux tremblants d'excitation et les mains moites.

Le visage d'Alice, lui aussi, avait prit les belles couleurs de l'enthousiasme.


" Ce n'est pas vrai ! C'est magnifique, Fred, est-ce que c'est chez toi ?" demanda-t-elle.

Le cinquantenaire avait le regard fuyant. Tordant continuellement ses doigts, il lui répondit affirmativement en hochant la tête. 

" Je peux aller voir ?" le questionna-t-elle à nouveau, d'une voix douce. 

Alors, il attrapa la main de la jeune fille et la traîna jusqu'à la porte de la caravane. En les voyant s'éloigner, Salomé qui était loin de se sentir en confiance les suivit de prêt.


L'intérieur était plus sommaire que le reste du camp, comme s'il vivait principalement dehors. Un futon en mauvais état traînait dans un coin de la pièce sous quelques couvertures, le peu de mobilier présent servait à remplir la pièce. L'adolescente admirait la bibliothèque, remplie d'imagier, de contes et de coloriages. Elle avait un jeune âge, mais aussi créative qu'elle était, elle n'avait pas besoin d'expérience pour reconnaître les techniques de reliures manuelles.

" C'est toi qui a fait ça ? demanda la brune en feuilletant délicatement un carnet rempli de dessins narratifs.

- Oui, c'est pour Bonnie que j'lai fait ça, expliqua-t-il. "


La métisse longeait le mur, observant attentivement les photos qui y étaient placardées. Elle n'avait jamais vu de photos en vrai, et malgré les nombreux cours d'Anatole sur la surface, jamais elle n'aurait cru que l'image était si réaliste. 

L'éveil des IlluminésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant