Alice se mit à hurler face à cette vision d'horreur qui la choquait terriblement.
La peau de Ricardo était pure, douce et sucrée comme celle de tous les siens. Violenter un corps d'une si belle innocence lui semblait aussi douloureux que de s'en prendre à un enfant qui n'avait rien vu du monde. D'ailleurs, derrière ce tas de muscle et de virilité mal placée, elle revoyait encore en lui le petit blondinet qui grimpait aux arbres et cherchait des galets dans le lac. C'est à lui que cet homme s'en prenait, et cela lui brisait le cœur.
Malgré sa force redoutable et sa grande taille, il fut si surpris de se retrouver entre les doigts serrés de son agresseur qu'il ne réussit pas à se tirer d'affaire.
Son teint était devenu rougeâtre en quelques secondes à peine, ses bras gesticulaient à la recherche d'un soutien quelconque à attraper, frappant l'assaillant comme possible.
Aussitôt, Salomé le menaça de son arme, persuadée de la puissance de sa tentative. Une grosse goutte de sueur roulait le long de sa tempe. Elle ferma les yeux, et appuya sur la gâchette en espérant avoir bien fait. Par chance, le destin l'avait épargné, elle et son incapacité à viser qui aurait pu faire de nombreux dégâts, puisqu'aucun bruit ne s'échappa du canon. Confuse, elle essaya à nouveau en visant les jambes du malfaiteur, et le claquement sec de la culasse retentit une seconde fois, indiquant à tous survivaliste expérimenté qu'elle n'avait plus de cartouches.
Contre toute attente, au rythme des ordres dissuasifs de Jerry, François et Anatole se précipitèrent à la rescousse de leur frère en oubliant presque leur absence totale de capacités combatives.
L'un vu ses lunettes voler dans le sable en se prenant un terrible coup de coude dans l'arcade, tandis que l'autre reçut le sien entre les côtes, suffisamment puissant pour le projeter à terre et lui couper le souffle.
La métisse ne manquait pas de ressources, et en prenant note du teint violacé de son ami, elle saisit une pierre qui traînait par là, s'apprêtant à la fracasser sur le crâne de l'oppresseur.
Elle fut stoppée dans son élan héroïque par la dure réalité qui lui revenait en pleine face : ces gens venaient d'ici, et elle n'était qu'une sauvageonne des grottes.
Ce fou qui dormait à seulement cinq ou six mètres depuis le début plaquait désormais le bout d'un revolver contre le front trempé de Ricardo qui tentait tant bien que mal de reprendre sa respiration. Le pauvre avait l'air terrifié. Ses genoux tremblaient intensément, il regardait Anatole comme si c'était la dernière fois.
La tension était insoutenable.
Cet ennemi inattendu se tenait désormais si proche du blond, que celui-ci ne pourrait plus jamais oublier son visage, la chair brûlée de son profil terrifiant et son crâne à moitié nu. Il était complètement enragé, sa bouche déformée crachait une mousse de colère et ses yeux étaient à deux doigts de sortir de leur orbite.
Dans la panique de l'action, un instant de silence morbide se rependit sur le campement, donnant à cette nuit des allures de roulette russe.
Soudain, un son distinctif se démarqua des autres, celui du déclic métallique d'une sécurité que l'on retirait.
Jerry se tenait droit de l'autre côté de son automatique, visant le crâne de son tout premier invité sans rechigner. Il ordonna d'une voix calme :
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L'éveil des Illuminés
Ciencia FicciónTOME 1 : Lorsque François se retrouve à avoir des visions floues sur un mystérieux jeune homme, rien ne laisse présager qu'il est sur le point d'abandonner tout ce qu'il a jamais connu, sa terre et son peuple les Illuminés, pour parcourir le plus g...