Chapitre 44

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Il n'y avait rien de tel que de rencontrer la mort pour se sentir enfin vivant.


C'est ce que se dit Simon au contact de la lame acérée qui caressait les contours de sa peau en s'échappant de son corps.

Le cri de douleur qui surgit de sa bouche s'envola dans le silence glauque de cet étage plein de décombre, rebondissant contre les murs croulants comme un galet qui s'éloignait en ricochet sur un lac.

Il s'écarta le plus vite possible d'Uma dont le ton alternait entre des gémissements de misère et des éclats de rire satisfaits.

Mais perdu dans ses jurons de détresse, il ne vit pas venir le pied botté de la jeune femme qui le frappa en plein dans l'estomac, l'éjectant efficacement contre le mur juste derrière.

Sa tête cogna avec violence le béton dur qui partait en morceau, décollant par la même occasion des fragments de plâtres qui s'effondrèrent sur lui dans un grand fracas.

Un nuage poussiéreux envahit le palier à toute vitesse obstruant les voies respiratoires avec autant d'efficacité qu'un avion pulvérisant du glyphosate.

Ses yeux piquaient, son crâne sonnait, et la vilaine fente qui paraît le bas de son ventre lançait des décharges électriques à tous ses membres pour lui rappeler la gravité de la situation. Encombré par les débris, il n'entendait plus rien, sauf un long sifflement qui troublait sa vue. Pourtant, il n'en avait que faire. Personne n'allait venir à son secours, et il ne voulait pas crever ici. Ça, jamais. Pas avant d'avoir vécu.

Il s'extirpa comme il put, agitant sa main pour dissiper les nuées de saleté dans l'air espérant que cela fasse cesser la quinte de toux qui s'était attaquée à sa gorge aride.


Toutefois, il n'avait pas une minute à perdre, car la rousse était toujours au sol à deux mètres à peine et attendait peut-être de voir sa face réapparaître pour se venger proprement. Mieux valait profiter de cette atmosphère floue pour semer son opposante.

Accroupi, il se décala progressivement, et lorsqu'il eut l'opportunité de la distinguer à nouveau, il la vit commencer à se redresser avec un petit plus qui lui appartenait dans la main.

" Fait chier !" cria-t-il en ne sentant plus son pistolet contre lui.

Il se leva brusquement pour échapper à sa ligne de mire, ce qui lui valut une atroce sensation d'étourdissement. De grosses gouttes perlaient par tous les pores de sa peau et ses lèvres tremblaient. L'adrénaline était la seule chose qui pouvait encore le garder en vie.

Il jeta un coup d'œil vers l'étage supérieur, où la sortie fermée à clé le narguait avec un malin plaisir.


Pas le choix.


Étant donné l'incertitude quant à l'état du plancher supérieur, cela aurait été imprudent de tenter de s'échapper par cette voie.

Alors il dévala les marches qui menaient plus bas, en priant pour que ces fameuses serres présentent une échappatoire.

Derrière lui, les hurlements dégénérés d'Uma le poursuivaient jusqu'à le faire pâlir d'angoisse.


Contre toute attente, il semblerait qu'elle n'ait pas menti au moins sur un point : il s'agissait bel et bien de l'ancien bâtiment d'une piscine publique.

Un véritable dédale labyrinthique rempli de vestiaires surprises et de gonflables délavés arborant des sourires effrayants.

L'entièreté du site paraissait couverte de carrelage dont la moitié s'était écroulée. C'était presque moins bruyant de marcher sur du verre pilé.

L'éveil des IlluminésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant