Chapitre 107

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Au cœur de l'Esplanade :
Lida, Nakata, Akis, Rolan, Silvia, Charles Delistel, et L'Oracle.

Aux abords des murailles :
Erik, Jade, Sora, Istios, les subordonnés d'Aiz, et Aiz, Vivel, Amilista, leurs subordonnés respectifs.

A l'entrée de l'Esplanade :
Andrek, Amara, Kurl, Laley, Satin, Malir.

A l'extérieur de Corgenna :
Mezagar et Ajima.

***

— Encore un petit effort ! C'est plus très loin, clama Sora en prenant les devants à grandes foulées empressées.

Leur fuite éperdue se déroulait bien ; un peu trop sans doute, considérant le fait que leurs opposants ne se donnaient pas la peine de réduire la distance de sécurité qu'ils avaient imposés entre leurs deux contingents à la suite du retournement de veste d'Aiz. Pour Erik, cela ne faisait aucun doute : les commandants avaient pertinemment conscience du fait qu'ils avaient le dessus. Qu'il ne leur était pas utile de se presser, dans la mesure où les félons devaient bien fuir en direction de leurs alliés ; qu'ils finiraient par les cueillir, tous ensemble, dans un coup de filet grandiose, mémorable. En outre, essayer d'agir avec trop de vigueur aurait pu leur nuire, ultimement. Certes, ils étaient désormais en supériorité numérique criante, et les fuyards ne disposaient pas de combattants de premier ordre susceptibles de les guider vers la résistance opiniâtre qu'ils auraient désiré incarner ; mais ils restaient envers et contre tout des membres des Brigades Royales de Balhaan. Ils avaient des armes, et savaient s'en servir. Les sous-estimer inconsidérément, c'était leur donner une chance de revenir dans la bataille par le biais d'insolents coups d'éclat.

Alors ils se contentaient de les poursuivre sans se presser, en les dardant d'œillades assassines, attentives, en veillant à ce qu'ils ne puissent pas se terrer quelque part jusqu'à ce que l'orage passe et se dissipe. Plus les secondes et les mètres s'égrenaient, plus Erik avait conscience du fait que leur salut viendrait probablement de Laley et de Kurl ; mais plus il comprenait également que leurs espérances étaient sans doute un brin naïves. Certes, les deux Orphelins étaient de formidables combattants, il avait pu en témoigner en de suffisamment nombreuses occurrences pour être sûr de ce fait... mais pouvaient-ils seulement se targuer de pouvoir tenir en respect trois commandants simultanément, au nombre desquels figuraient l'un de leurs plus tendres amis ? Oseraient-ils le mettre en danger, si cela devait s'avérer indispensable pour assurer leur sécurité à toutes et tous ? Le quadragénaire lui-même doutait du fait qu'il aurait pu attaquer Aiz avec tout ce qu'il avait, s'il en avait été capable ; alors pour eux, qui avaient grandi avec lui toute leur jeunesse durant... cela relèverait sans doute du martyre.

Ce fut sous un ciel particulièrement calme, témoin de leur précipitation erratique qu'ils se jetèrent dans la dernière avenue remontant jusqu'à la place au sein de laquelle Laley et les autres avaient dû demeurer terrés. Malir surgirait sans doute pour porter à leurs assaillants un coup décisif ; il avait suffisamment de vaillance pour ce faire, y compris au péril de sa propre vie... Réussirait-il son coup ? En tout cas, si cela devait survenir, ni Jade, ni Sora, ni Erik ne se berçaient d'illusions ; ils devraient faire volte-face et tout mettre en œuvre pour supporter les efforts de leur trublion de partenaire. Il leur conférerait une chance unique de reprendre l'ascendant ; et même si elle serait sans doute bien frêle, elle ne se réitérerait pas de si tôt.

Toutes ces considérations - et combien d'autres ? - les tourmentaient encore lorsqu'un battement d'ailes, à quelques dizaines de mètres au-dessus de leurs têtes, catapulta Istios en direction des nuages qui survolaient leurs opposants. Si cela permit à Jade de se souvenir qu'elle n'avait plus entendu le messager depuis désormais quelques dizaines de secondes, elle comprit également qu'elle n'avait pas cherché à s'en faire pour lui non plus, sachant son aisance en milieu aérien ; il était probablement le plus en sécurité de toute leur bande, en l'état. Elle eut toutefois le réflexe machinal de lui jeter une œillade...

Le Royaume de BalhaanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant