Chapitre 112

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Au cœur de l'Esplanade :

Lida, Nakata, Akis, Rolan, Silvia, Emilia, Charles Delistel, et L'Oracle.

Aux abords des murailles :
Dixan, Aiz, Vivel et Amilista.

A l'entrée de l'Esplanade :
Andrek, Amara, Kurl, Laley, Satin, Malir, Erik, Jade, Sora, Istios, les subordonnés d'Aiz, les subordonnés de Vivel et d'Amilista.

A l'extérieur de Corgenna :
Mezagar et Ajima.

***

— Maintenant ! s'exclama Nakata tandis que l'Oracle l'envoyait valser par le biais d'une nouvelle onde de choc.

Lida se jeta dans le dos du Saint Homme, parvint à le ceinturer ; il grommela, commença à se débattre, vit Akis surgir pour le gratifier d'un nouveau direct en pleine joue. Le regard de l'Oracle vira, se teinta d'une hargne pure, et il laissa des ténèbres angoissantes suinter hors de ses doigts. Le natif d'Aville et sa commandante en prirent acte : ils battirent en retraite précipitamment, laissant l'obscurité se répandre et broyer tout un pan de cette rue au sein de laquelle leur conflit s'était ancré sans risquer d'y laisser leur peau. Une fois établis à quelques mètres de là, ils veillèrent à reprendre leur souffle alors que Silvia et Emilia fusaient, véhémentes et revanchardes. Elles s'engouffrèrent dans le nuage de poussière qu'avait soulevé le déferlement de puissance occulte dont leur opposant s'était rendu coupable. La guerrière cinétique fut la première à atteindre le pluriséculaire Saint Homme, qu'elle percuta d'un coup d'épaule si fiévreux qu'il fut catapulté droit vers un mur contre lequel il s'effondra. La deuxième, qui se métamorphosa en un crocodilien long de près d'une dizaine de mètres à l'issue d'un bond énergique, s'encastra dans le même édifice de tout son long, la gueule la première. Elle se renfrogna, toutefois : elle n'était pas parvenue à l'engloutir, encore moins à le déchiqueter par le biais de sa gueule effilée de crocs tranchants, parce qu'il avait pris la mesure de sa charge et avait déployé une nuée de racines épaisses sur sa trajectoire afin de les enchevêtrer tout autour d'elle, et de la ralentir.

Pourtant, la bâtisse qui s'effondra représentait envers et contre tout un danger, aux yeux de l'Oracle : il dut alors user d'un autre de ses dons, la télékinésie par le biais de laquelle il avait jusque-là été en mesure de manipuler par la pensée les pavés des rues de Corgenna. Il immobilisa les roches qui chutaient vers lui avant qu'elles ne l'ensevelissent, et les rejeta droit vers Emilia ; cette dernière battit en retraite intelligemment, en reculant puis en se glissant dans le sol comme elle l'aurait fait dans un bassin aux eaux claires. Son adversaire ainsi disparue, leur ennemi veilla à reporter son attention sur ceux des renégats qui risquaient encore de vouloir sa peau... juste à temps pour observer que Lida, Nakata et Akis s'apprêtaient à revenir à la charge, inlassablement. 

Ils n'étaient pas idiots, ses ennemis du jour ; il en avait pris conscience depuis belle lurette mais ils ne faisaient que le confirmer, instant après instant. Ne s'exposaient réellement que Silvia, Nakata et Emilia, à savoir ceux de ses opposants qui étaient les plus à même de réagir à ses ripostes. Lida, privée de sa solidité légendaire, et Akis, que le courage ne rendait pas forcément plus aguerri, veillaient à ne jamais se montrer trop impétueux à son contact, sachant qu'ils ne pouvaient pas se permettre d'être touchés trop durement, et que leurs alliés risquaient de perdre pied si cela devait survenir. Outre cela, chacun prenait son mal en patience, intervenait au moment opportun... Et ils le harcelaient tant et si bien qu'ils commençaient à croire qu'elle était envisageable.

La victoire. Elle leur tendait les bras.

Parce qu'il était désorienté, mal en point, parce que le coup d'Akis l'avait atteint plus rudement qu'il ne l'aurait voulu, parce qu'il sentait que l'épuisement commençait à le gagner, parce qu'ils étaient plus nombreux, qu'ils avaient pris l'habitude de batailler de concert, qu'ils pouvaient compter sur des talents divers et agaçants, à l'instar de ceux de Nakata et d'Emilia. En outre, ils gardaient bon espoir de recevoir de l'aide tôt ou tard : le temps jouait contre eux, certes, mais Sora finirait peut-être par ressurgir, si la situation ailleurs à Corgenna pouvait le permettre. Ils se devaient d'y croire, en tout cas... Et ils le devaient avec d'autant plus de fièvre que même eux n'ignoraient plus que Mezagar avait pris part à la bataille, dans la mesure où les giclures de lave qui s'élevaient à quelques lieues de là lézardaient la nuit noire de leur aura carmin.

Le Royaume de BalhaanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant