Chapitre 4 - SEVERUS ROGUE

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Severus n'avait jamais noté comme cette sonnerie semblait si criarde... et si menaçante.

Emportées par une vague de panique, ses pensées se bousculèrent dans sa tête. S'il s'était imaginé durant quelques minutes pouvoir mettre toute cette histoire sous le tapi, il savait à présent que c'était fichu. Il était là, assis au beau milieu de la cuisine, le corps sans vie de sa mère à sa droite, le cadavre de Tobias Rogue à sa gauche.

La sonnerie retentit de nouveau. Il s'imaginait bien, de l'autre côté de la porte close de la maison, les amis lourdauds et à moitié ivres de son père en train de s'impatienter, parce qu'ils attendaient Tobias pour se rendre au pub du coin. Il les voyait bien se mettre à tambouriner sur la porte et à commencer à se dire que quelque chose clochait. Et surtout, ces types étaient comme Tobias : avec une propension à la violence. S'ils voyaient Severus juste à côté de leur ami mort, ils feraient le lien et ils seraient capable de se défouler sur lui.

Une horrible image traversa l'esprit de Severus. Lui en train de terrasser tous les amis de son père en se servant à nouveau du sortilège de la mort. Non... Non, il ne pouvait pas recommencer. Et de toute façon, il n'en serait pas capable. Il était totalement paralysé. Il serait incapable de faire le moindre tour de magie, dans cet état. Ni même d'aller enterrer ses parents dans le jardin... Ni même de se lever. Tant pis, il se passerait ce qu'il se passerait...

Finalement, après quelques sonneries insistantes supplémentaires, les amis de Tobias semblèrent s'impatienter et ils ouvrirent la porte de la maison d'eux-mêmes. Severus restait assis à même le sol, la tête plongée dans ses genoux.

Il entendit quelques bruits de pas dans le hall de la maison et une voix d'homme qui lança :

- Il y a quelqu'un ?

Enfin, malgré son champ de vision en bonne partie obstrué par ses genoux, Severus vit apparaître une ombre sur le carrelage de la cuisine.

- Oh... Nom d'une gargouille... Severus ! Severus, que s'est-il passé ?

L'homme s'était précipité sur lui et Severus leva les bras, comme pour se protéger le visage. Mais personne ne le frappa. Il sentit, au contraire, une main se poser doucement sur son épaule. Lorsqu'il redressa la tête de ses genoux, il remarqua que sa vision était embuée de larmes. Mais il reconnut l'homme qui était penché sur lui.

- Oncle Aidan...

C'était un homme dans la cinquantaine pourvu de longs cheveux d'un gris orageux et d'une barbe mal taillée. Dans ses yeux bleus luisaient une véritable peine pour lui. Aussitôt, Severus se sentit en sécurité.

L'instant d'après, il se retrouva assis sur une chaise de la cuisine. Oncle Aidan avait recouvert les corps avec un drap.

- Eileen, souffla-t-il en s'asseyant sur la chaise en face de lui, c'est... C'est ton père qui a fait ça, n'est-ce pas ? Cette vermine battait ma sœur, je l'ai toujours su. Mais là, il est allé trop loin, c'est ça ?

Severus acquiesça, les yeux dans le vide.

- Il s'en est pris à moi, après, dit-il d'une voix enrouée, je... Il allait me tuer... J'ai dû réagir, Oncle Aidan, je te jure que... Je n'avais pas prévu d'utiliser le sortilège de la mort, je te le jure...

De nouveau, la main apaisante de son oncle se posa sur son épaule. Il avait un air grave sur le visage.

- Severus, dit-il, si tu n'avais pas tué ce sale Moldu, crois-moi, c'est moi qui l'aurais fait. Tu as bien réagi, tu m'entends ? Tu as dû protéger ta vie. Tu ne pouvais pas mourir à cause de l'erreur que ma sœur a faite. Tu n'as pas à te sentir coupable. Tu comprends ce que je dis ?

Severus n'était pas vraiment sûr de tout comprendre. Il était encore dans un état second et les mots d'Aidan se mélangeaient entre eux dans sa tête.

- Comment... Comment on va expliquer ça ? demanda-t-il d'une voix tremblante. Au Ministère ? Comment on va justifier la mort de... la mort de...

- Ne t'inquiète pas, fit Aidan d'une voix rugueuse, les morts, ce n'est pas ça qui manque, en ce moment. Le Ministère de la Magie n'arrête pas de crier sur tous les toits que les Mangemorts sont des meurtriers. Alors un de plus, un de moins, personne ne se posera de questions. Laisse-moi faire.

Dubitatif, Severus regarda son oncle sortir dans le jardin pour pointer sa baguette magique vers le ciel nuageux.

- Morsmordre ! scanda-t-il d'une voix puissante.

Aussitôt, un fluide lumineux et verdâtre fila de sa baguette en direction des nuages, au-dessus de l'impasse du Tisseur. L'instant d'après, une gigantesque tête de mort verdâtre recrachant un serpent ondulant flottait au-dessus du quartier.

Aidan revint dans la cuisine en rangeant sa baguette sous sa cape noire.

- Tout le monde croira que les Mangemorts ont attaqué ta maison et ont tué tes parents, lui expliqua-t-il, on dira au Ministère que tu as réussi à t'échapper et que tu es directement allé te réfugier chez moi, d'accord ? Cette histoire sera vite traitée par les autorités, avec la Marque des Ténèbres, ils ne feront pas d'enquête. Et puis, vu que la victime est une sorcière et son Moldu de mari, ils se diront que c'était une cible idéale pour les Mangemorts ; ils sont tellement bornés à nous voir comme le mal incarné, ces traîtres à leur sang.

Severus renifla.

- Alors, je... Je vais habiter chez toi ?

- Bien sûr. Tu es mon neveu. Et même si tu n'as plus besoin de tuteur légal à ton âge, je suis le seul parent qui te reste, mon garçon. Tu pourras rester jusqu'à ta rentrée à Poudlard. 

Les Maraudeurs et le Maître des Corbeaux (tome 7)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant