Chapitre 19 - LILY EVANS

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Le Poudlard Express s'arrêta dans un grincement strident à la gare de Pré-au-Lard sous une pluie battante. Le ciel était d'un noir d'encre quoique, par moments, illuminé par de brefs éclairs qui révélaient de lourds nuages. Hagrid attendait patiemment sur le quai, à moitié à l'abri de la pluie sous son minuscule parapluie rose alors que les premiers élèves descendaient du train, leurs capuches rabattues.

Lorsque Lily mit un pied sur la surface détrempée du quai, l'habituel appel de Hagrid était à moitié dissimulé par le tonnerre, le bruit de la pluie et le brouhaha des élèves. Elle put cependant percevoir sa voix bourrue qui s'exclamait comme à chaque rentrée : « Les première année, par ici ! ». Etrangement, elle se sentit mélancolique avant l'heure lorsqu'elle regarda de minuscules garçons et filles qui se dirigeaient vers le géant, à la fois impressionnés par cet immense garde-chasse et harcelés par cette pluie qui s'abattait de toutes ses forces sur eux.

- Lily ! Dépêchons-nous ! Je suis déjà trempée jusqu'aux os !

Eugénie l'avait attrapée par le bras pour l'attirer jusqu'au chemin boueux qui quittait la gare pour serpenter au travers d'une forêt épaisse. Lily quitta Hagrid des yeux qui vérifiait si tous les nouveaux élèves étaient autour de lui et suivit ses amies vers les nombreuses calèches tirées par les Sombrals.

Pourquoi cette soudaine mélancolie ? La réponse était simple : elle faisait sa dernière rentrée à Poudlard. Jamais plus elle n'entendrait la voix de Hagrid beugler par-dessus l'attroupement d'élèves pour appeler à lui les première année, comme il l'avait fait, déjà, lors de sa rentrée six ans plus tôt. Elle prenait conscience qu'à partir de cet instant, elle allait vivre toutes ses dernières fois à Poudlard.

Mary et Eugénie étaient aussi trempées que si elles avaient fait un plongeon dans le lac lorsqu'elles ôtèrent leurs capuches, une fois à l'abri dans la calèche. Et Lily était dans le même état qu'elles.

- On aurait pu espérer avoir une rentrée moins mouvementée pour notre dernière année, soupira Mary en essorant ses longs cheveux blonds alors que la calèche commençait à bringuebaler sur le chemin.

- Tu sais ce que je pense, Mary ? fit Eugénie. Cette rentrée est à l'image de ce que sera cette année. Epuisante. Un peu comme la cinquième année. Tu te rappelles du stress et des nuits blanches de révisions qu'on a eus cette année-là ? Je suis sûre que ce sera pire encore, cette année.

- Mmh, tu parles probablement des ASPIC. Je ne sais pas vous, mais je n'ai pas réussi à me mettre aux révisions une seule fois, cet été.

- Moi non plus, confirma Lily, j'ai bien essayé, pourtant. Mais... Je ne sais pas, l'actualité est si oppressante, ces temps-ci, qu'il m'était impossible de me concentrer plus de dix minutes d'affilée.

- Tu verras, grommela Eugénie, on ne risquera pas d'oublier ces maudits ASPIC. Les profs n'auront que ce mot-là à la bouche.

Poudlard était toujours aussi majestueuse. Perchée sur sa petite falaise au bord du lac et brillante de mille feux comme un phare dans la nuit, l'école semblait être un havre de chaleur et de lumière au milieu de cette nuit orageuse, venteuse et humide. Lorsque leur calèche s'arrêta devant l'entrée principale du château, Lily, Mary et Eugénie se dépêchèrent de sauter dehors, de grimper le plus rapidement les marches humides pour se retrouver dans le hall d'entrée comme toujours bondé de monde.

Lily ne manqua pas de remarquer cependant qu'il y avait de nombreux gardes en robe sombre qui observaient cette foule d'élèves avec sérieux.

- J'ai l'impression qu'il y a plus d'Aurors postés à Poudlard que l'année dernière, fit-elle remarquer.

- Est-ce que c'est si surprenant ? ironisa Mary.

Les Maraudeurs et le Maître des Corbeaux (tome 7)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant