Chapitre 125 - SIRIUS BLACK

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Quatorze heures étaient sur le point de sonner lorsque Sirius ouvrit la porte de la cabine pour se retrouver dans cette impasse de l'Allée des Embrumes. Même dans cette rue enfumée, Sirius fut aveuglé par la lumière d'un soleil splendide qui trônait au beau milieu de ce ciel de fin juin. Il prit un grand bol d'air. Après la Pierre Philosophale, il avait l'impression d'enfin pouvoir respirer.

Car ils étaient tous sortis de ce bourbier. Derrière lui, James, Remus, Peter, Lily et Patricia, tous suivis par une Doves ligotée fermement, quittaient un à un la cabine qui faisait office de passage vers un casino en fin de vie. Et la première chose qu'ils firent, maintenant qu'ils s'étaient sortis de là, ce fut de mettre le plus de distance possible entre eux et cette cabine.

Ils parcouraient une ruelle tordue de l'Allée des Embrumes lorsque Patricia s'arrêta de marcher.

- Passe-moi la Rose du Chaos, Sirius.

Surpris, ce dernier ouvrit son sac et en sortit l'horrible fleur, la tenant à bonne distance de lui. Patricia la prit et la jeta aussitôt dans une poubelle accrochée à un mur décrépi, parmi la nuée de mouches qui tournaient en arc-de-cercle tout autour. Elle tira sa baguette magique de sa robe rougeoyante et la pointa sur la poubelle.

- Lacarnum Inflamarae !

La poubelle se transforma en une véritable boule de feu et, bientôt, la Rose du Chaos commença à être consumée comme une vulgaire plante. On avait de la peine à croire que cette chose qui brûlait aussi facilement était l'une des plus terribles inventions de la magie noire.

- Et voilà, lâcha Patricia d'un ton pensif, la Rose du Chaos n'est plus. Et vu toutes les choses qu'ont dû faire les Mangemorts pour la créer, je ne pense pas qu'on en verra une de sitôt.

Les Maraudeurs regardaient les flammes dans un silence presque religieux. La fleur partait littéralement en fumée sous leurs yeux.

- Bon travail, reprit Patricia, bien joué à tous. On a exécuté notre plan d'une main de maître. Il ne nous aura fallu que huit petites heures pour venir à bout de la Pierre Philosophale toute entière et de Wandcaster.

- Huit heures, grogna Sirius, ça m'a paru durer une semaine entière. J'ai une faim de loup ; je n'ai rien avalé depuis la veille. Est-ce que ça tente quelqu'un d'aller se commander un truc au Chaudron baveur ?

Patricia hocha la tête, pensivement.

- Je pense qu'on l'a amplement mérité.

- Et je n'oublie pas que James a promis une tournée de Bièraubeurre à tout le monde, fit Remus.

James hocha la tête.

- Je compte bien honorer cette promesse. Mais elle, qu'est-ce qu'on en fait ?

Sirius réalisa qu'il montrait Doves d'un signe de la tête. Leur ancien professeur de Potions restait pour le moment muette comme une tombe.

- Je maintiens ce que j'ai dit tout à l'heure, fit Remus, il faut la traîner jusque devant Dumbledore.

Patricia hocha la tête.

- On a toujours une chambre au Chaudron baveur, dit-elle, on l'y enfermera sans sa baguette, bien sûr. Qu'en dites-vous, professeur Doves ?

Cette dernière essaya bien d'ignorer le sourire ironique de Patricia mais elle se sentit obligée d'ajouter :

- Vous croyez vraiment avoir gagné, petits insolents ? Sachez que vous venez seulement de signer votre arrêt de mort. Mr Wandcaster vous traquera sans pitié aux quatre coins du monde, soyez-en sûrs.

James vint se planter devant elle.

- J'ai fait respirer le parfum de la Rose du Chaos à votre cher Wandcaster, répliqua-t-il, alors je pense qu'il aura d'autres chats à fouetter que de nous poursuivre, à présent.

Doves regardait James d'une étrange manière. Comme si elle avait une immondice sous les yeux.

- Menteur, siffla-t-elle finalement sans paraître elle-même convaincue.

James haussa les épaules.

- Si vous le dites. En attendant, Sirius a raison : je meurs de faim ! Allons tout de suite au Chaudron baveur !

On aurait pu croire que partager un repas après une telle épreuve allait être une véritable fête. Car, après avoir fait monter Doves dans une chambre pour l'y ligoter et l'y enfermer, ils se retrouvèrent tous autour d'une table du Chaudron baveur pour y déguster un délicieux repas. Mais ce n'était pas la fête à laquelle Sirius se serait attendu.

En réalité, ils se sentaient tous tellement fatigués alors que la pression retombait d'un coup qu'ils se contentèrent de manger en silence, sans échanger un seul mot.

Il était quinze heures et ils étaient toujours affalés sur leurs chaises à siroter pensivement les Bièraubeurres promises par James. Sirius se disait qu'à présent, une bonne sieste ne serait pas de refus. Du coin de l'œil, il vit Remus donner un léger coup du coude à Peter.

- Eh, tu dois être content que ce soir fini, mon vieux, lui dit-il avec un sourire, tu vois ? Je te l'avais dit qu'on y arriverait.

Peter sourit à son tour.

- Oui, c'est vrai. Même si c'était chaud, à certains moments.

- Pas vraiment, en fait, dit Patricia, le plan s'est passé exactement comme prévu. Rien n'est allé de travers. C'est assez rare pour le souligner. C'est même assez plaisant, quand tout glisse exactement comme on l'avait imaginé.

Ce fut au tour de Lily d'avoir un sourire ironique.

- Plaisant est peut-être un petit peu exagéré. Il y a pas mal de moment que j'ai détesté. Notamment quand on était sur scène à meubler parce que Remus et Peter étaient en retard.

- Je suis sûr que ça t'a plu de faire ton petit numéro sexy devant tous ces hommes, la railla Patricia avec un rire.

- Pas du tout. C'était... abject. C'est la dernière fois de toute ma vie que je ferai une telle chose.

- Dire que j'ai raté ça, soupira James en s'avachissant encore plus sur sa chaise.

- Oh, toi tu auras toujours le droit à mes numéros privés, mon cœur, ajouta Lily en se blottissant contre lui.

La table fut parcourue d'un petit rire. Puis, Patricia vida d'un trait sa pinte de Bièraubeurre avant de la poser devant elle, une lueur déterminée dans le regard.

- Il est temps de rentrer à Poudlard, dit-elle, je vais chercher notre amie Doves et on fiche le camp.

- Et les gardes du convoi de ce matin, que va-t-on en faire ? demanda Lily. Ils sont toujours enfermés dans notre chambre. On pourrait les libérer maintenant.

- Tu ne crains pas des représailles de leur part ?

- Quand on leur a révélé qu'on avait réussi à braquer le casino et que Goldman était un homme fini, ils n'ont eu l'air d'avoir beaucoup de peine pour leur patron.

- Jouons la prudence. J'enverrai un hibou à Tom pour lui dire que des hommes sont enfermés dans la chambre lorsqu'on sera arrivés à Poudlard. Il ira les libérer lui-même.

Les Maraudeurs et le Maître des Corbeaux (tome 7)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant