Les Maraudeurs et le Maître des Corbeaux (tome 7)

Chapitre 28 - SEVERUS ROGUE

Pour les septième année de Serpentard, les cours avaient commencé ce mardi matin-là par deux heures de Métamorphose. Severus avait toujours apprécié la rigueur et la logique que réclamait cette matière. Et le professeur McGonagall avait toujours su faire évoluer ses exigences au fil des années, notamment lors de la cinquième année où la difficulté de la Métamorphose avait fait un bond drastique en avant. Mais en cette septième année d'étude, le professeur semblait vouloir briser tous les records en matière de complexité. C'était la première fois que Severus quittait un cours où il estimait n'avoir compris que la moitié de la leçon.

Après une courte pause durant la récréation, toute la classe se rendit au deuxième cours de cette matinée : la Théorie magique. Le professeur Steinher donnait ses cours dans une vaste salle qui se situait au rez-de-chaussée, non loin de son bureau. Les hautes fenêtres donnaient sur un lac nappé de brume et projetaient sur les tables correctement alignées une lumière blanche. Tout au bout de ces rangées de tables, le bureau de Steinher se trouvait vers le mur du fond, sous un escalier en arcade qui grimpait vraisemblablement vers la pièce où Severus avait fait son conseil d'orientation, hier matin.

Le cours de Théorie magique était aujourd'hui en commun avec les Gryffondor, à la grande exaspération de Severus. Celui-ci s'était installé tout au fond de la salle, contre le mur de droite, en compagnie d'Avery, Mulciber et Nott. A la même rangée mais tout à la gauche de la salle de classe, vers le pan de mur parcouru de longues fenêtres, se trouvaient les Maraudeurs. Et en tête de la classe se trouvaient comme toujours les élèves les plus assidus comme Maeva Felix pour les Serpentard mais aussi... Lily, comme toujours en compagnie de ses deux amies Macdonald et Danglars.

Severus savait qu'avec le temps, il aurait dû prendre l'habitude du silence-radio qu'il y avait entre Lily et lui. Après tout, cela faisait plus d'un an qu'ils ne s'étaient pas adressé la parole. Pourtant, la voir l'ignorer comme s'ils ne s'étaient jamais connus, comme si cette formidable amitié qu'il y avait eu entre eux lors de leurs cinq premières années à Poudlard n'avait jamais existé lui fendait le cœur.

Mais aujourd'hui, il y avait autre chose qui vint le titiller douloureusement. En plus de faire comme si Severus n'était pas dans la salle, elle jetait, parfois, des petits regards vers les Maraudeurs. Était-il possible... Était-il possible que Lily soit devenue si superficielle qu'elle était elle aussi tombée dans le panneau ? Que, comme la grande majorité des crétins qui occupaient ce château, elle faisait à présent parti du fanclub des Maraudeurs ?

Non... Non, ce n'est pas son genre, se dit-il en observant Lily qui parlait avec vivacité avec Macdonald et Danglars au premier rang, elle a toujours méprisé les Maraudeurs.

Mais cette horrible idée avait tout de même fait son chemin. Après tout, l'année dernière, elle avait l'air de plutôt bien s'entendre avec Potter durant les séances du club de duel de Maugrey. Et n'avait-elle pas fait équipe avec lui pour coincer Jericho Hornbeam, celui qui avait créé le Bâton des Illusions ?

Ça n'a rien à voir ! Lily a été obligée de prendre Potter dans ses fichues Chroniques de Poudlard à cause de McGonagall. C'est tout simplement impossible que...

- Bienvenu à tous, mes chers, à votre premier cours de Théorie magique !

Severus n'avait même pas vu Steinher entrer. Les quelques bribes de conversations éparses qu'il y avait eu dans la salle de classe s'éteignirent alors que le professeur se postait devant son tableau, les mains jointes dans le dos.

- Même si c'est une matière abordée bien trop tard selon moi à Poudlard, la Théorie magique n'en reste pas moins des plus importante. C'est d'ailleurs une matière qui se révélera très décisive durant vos ASPIC en juin prochain, alors je ne saurais trop vous conseiller de la prendre au sérieux.

« Contrairement à ce que certaines autres matières étudiées dans ce château ont pu vous laisser croire, la magie n'est pas un domaine seulement réservé à la pratique. La magie se réfléchit. Et c'est ce que nous allons faire durant nos séances. Je vous demanderai donc de bien vouloir ouvrir votre cahier afin de débuter ensemble le premier chapitre du programme.

Comprenant, comme tous les autres élèves, qu'aucune magie ne serait faite dans ce cours, Severus échangea un regard blasé avec Avery et sortit de son sac un vieux cahier qui sentait le moisi et qu'il avait récupéré dans le bazar qu'entreposait son oncle chez lui.

Steinher venait d'écrire en grosses lettres, avec une écriture très scolaire :

Chapitre I :

Les quatre règles de l'impossibilité paradoxale de la magie

Alors que Severus griffonnait à la va-vite ce titre en haut de la première page de son cahier, le professeur se retourna vers eux, sa craie toujours en main.

- En septième année, vous savez tous qu'il existe quatre actes que la magie ne pourrait accomplir ; recréer la monnaie du monde de la magie, faire apparaître de la nourriture ou de l'eau à partir du néant, créer le sentiment amoureux ou encore faire ressusciter les morts. Vous le savez tous car vos professeurs n'ont eu de cesse de vous le répéter durant vos six premières années à Poudlard. Mais à présent, la question que l'on ne vous a jamais posé – et que vous ne vous êtes jamais posé, très certainement – est la suivante : pourquoi ? Pourquoi est-ce impossible ? La magie a-t-elle de réelles limites ? Ou peut-être est-ce impossible de ressusciter les morts parce que personne n'a encore réussi à créer un sortilège ou une potion pour le faire ? Nous allons voir que la réponse n'est pas aussi simple qu'un simple « oui » ou « non ».

Alors que Steinher se remettait à écrire au tableau – I – Les exception à la loi de Gamp sur la métamorphose élémentaire – Severus comprit qu'il allait passer cette dernière heure de la matinée dans une torture soporifique.