Chapitre 47 - JAMES POTTER

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Lily entraîna James hors des serres et ils se mirent à courir, toujours main dans la main, sur ce long pont biscornu qui enjambait le profond ravin qui bordait Poudlard. Ils arrivèrent très vite à l'extérieur, dans le parc vallonné de l'école. L'air était frais mais ils s'en fichaient. Collés l'un contre l'autre, ils n'avaient pas froid. Ils étaient à peine sortis dehors que James attira Lily contre lui et l'embrassa à nouveau.

Il ne voulait plus que leurs lèvres ne se séparent, à présent. Sans cesser ce baiser qui ne devait pas avoir de fin, il cala une des mèches rousses de la jeune femme derrière son oreille. Elle l'embrassait avec tout autant de passion, dressée sur la pointe des pieds, ses deux mains jointes derrière sa nuque.

Mais évidemment, à trop avoir les yeux plongés dans ceux de l'autre, ils finirent par trébucher. Ils roulèrent l'un sur l'autre alors qu'ils dévalaient doucement la pente du parc, tout en éclatant de rire. Ils ne se souciaient même pas d'alerter tout le château. Tout ce qui comptait, cette nuit, c'était eux.

Leur petite cascade s'arrêta au pied de la colline, non loin du saule cogneur qui frémissait, comme pour chasser les premières feuilles mortes de ses branches. James avait terminé cette drôle de course sur le dos tandis que Lily avait fini à califourchon sur lui. Il prit plaisir à sentir cette cascade onctueuse de cheveux qui lui tombait sur le visage.

Au-dessus de lui, Lily essayait de contrôler ce magnifique rire qu'elle avait lorsqu'elle était heureuse. Elle le regardait avec ses magnifiques yeux verts dans lesquels une tendresse touchante se reflétait. Un sourire toujours inscrit sur ses lèvres, elle chassa du doigt une des mèches noires qui venaient barrer le front de James.

- Est-ce que je peux te poser une question ? demanda celui-ci. Je te promets que ce sera la dernière fois que je te la poserai.

Sans cesser de lui caresser les cheveux, elle hocha positivement la tête.

- Est-ce que tu veux sortir avec moi ? lâcha alors James. Je sais que tu as peur de mon... de ma tendance à me mettre constamment en danger mais je te jure que je ferai des efforts pour contrôler ça.

Elle posa un doigt sur ses lèvres, comme un professeur strict qui intimait le silence à un élève.

- Ne fais pas de promesse que tu ne pourras pas tenir, Potter.

- Eh bien... De toute façon, d'après ce que tu ne cesses de me répéter, mon côté casse-cou est en train de te rendre folle. Qu'est-ce que ça changerait si tu sortais avec moi ? Je veux dire, le mal est fait, non ? Pourquoi ne pas répondre « oui » à ma question dans ce cas-là ?

James avait espéré amuser Lily avec cette dernière phrase mais son sourire s'évanouit doucement. Elle avait l'air soudainement pensive et presque mélancolique. Elle s'allongea sur le flanc, à ses côtés, sur l'herbe.

- Ce n'est pas ta tendance à te mettre en danger qui m'empêche de sortir avec toi, James, dit-elle d'une voix douce, je confirme que tes pitreries me rendront totalement dingue, un jour, mais... J'ai du mal à faire confiance à quelqu'un après Thimothée. Je sais que ça va te paraître ridicule de ressasser toute cette histoire après toutes ces années mais voilà, il s'est passé quelque chose avec ce garçon que j'ai du mal à laisser derrière moi.

James hocha la tête.

- Je vois, dit-il.

Elle lui sourit tristement et lui caressa la joue.

- C'est une histoire que seules Mary, Eugénie et Nausicaa connaissent, lui confia-t-elle avec hésitation.

- Tu n'es pas obligée de me la raconter si tu n'en as pas envie.

- D'accord... Alors disons seulement que je suis prudente, à présent. Tu vas trouver ça un peu vieux-jeu de ma part, mais je ne peux sortir avec un garçon que si c'est du sérieux. Je veux dire... Je pense que je vais m'impliquer un peu trop émotionnellement comme je le ferais dans chacune de mes relations et, James, si je fais de toi la personne la plus importante dans ma vie mais que toi, tu vois notre histoire comme un simple flirt de septième année, ça me détruirait.

James ne dit rien. Il restait silencieux, contemplant le visage tourmenté de Lily à moitié éclairé par une demi-lune dans le ciel. Comme il ne disait rien, elle se tourna sur le dos et regarda la voûte étoilée qui s'étendait au-dessus d'eux.

- Oui, soupira-t-elle, Miss Parfaite est comme ça. Même quand il s'agit de sortir avec quelqu'un, il faut qu'elle se ramène avec ses grands discours, son manque d'indulgence et sa quête puérile du grand amour. J'ai envie de sortir avec toi, James. Mais je me dis parfois que je ne suis pas faite pour toi, que tu te lasseras vite de mon caractère insupportable.

Cette fois, elle s'était tournée vers lui. Il crut voir quelques larmes perler dans les yeux plus magnifiques qu'il avait jamais vu. A son tour, James se tourna sur le flanc pour mieux la regarder.

- Durant mes premières années à Poudlard, commença-t-il, je ne pensais jamais à l'avenir ; c'est normal, tu me répondras, je n'étais qu'un gosse et les gosses vivent l'instant présent. Mais même dans mes dernières années dans ce château, je ne pensais pas vraiment à ce que le futur me réservait. Pourtant, l'adolescence, c'est le moment où on commence à se poser beaucoup de questions. Mais à chaque fois que j'essayais d'imaginer à quoi allait ressembler l'avenir, je voyais cette grande guerre meurtrière que Dumbledore prédisait. Alors je préférais rester dans le présent, à Poudlard, avec Sirius, Remus et Peter, à rire et à s'amuser dans le fond de la classe.

« Aujourd'hui, je fais ma dernière année en tant qu'élève et le monde est encore plus sombre que jamais. Pourtant, maintenant, j'arrive à penser à l'avenir. Tu sais pourquoi ?

Silencieuse, Lily fit un non de la tête. Ses grands yeux verts ne le quittaient plus.

- Parce que quand j'imagine l'avenir, à présent, je vois une jolie maison au cœur de la campagne, reprit James, une maison dans laquelle on vivrait au gré des saisons. On serait envahis de feuilles mortes, l'automne, et de l'odeur de la terre humide qui vient de la forêt juste à côté. On serait enfouis sous une épaisse couche de neige, l'hiver, à lire un livre au coin du feu avec une tasse de thé à la main. Les matins de printemps, on se réveillerait au chant des oiseaux et la cuisine serait envahie par l'odeur de l'herbe qui pousse dehors. Et l'été, on irait se baigner dans les étangs au cœur de la forêt.

« C'est cette image qui m'aide à tenir. Mais toute cette vie au fil des saison, elle n'aurait aucune valeur sans toi à mes côtés.

James ne s'était jamais autant confié à quelqu'un et cela le terrifiait un peu. Il regarda Lily. Elle semblait bouche bée et, durant un instant, il crut qu'il allait la faire fuir avec cette image pathétique qui, pourtant, le réconfortait dans les moments les plus sombres.

Quelques larmes débordèrent des yeux de Lily. Puis, sans crier gare, elle monta sur lui et se mit, à nouveau, à l'embrasser à pleine bouche. Un peu surpris au début, James répondit finalement à ce baiser plus passionné que jamais et la serra contre lui.

- Tu n'as toujours pas donné ta réponse à la question que je t'ai posée, fit-il remarquer lorsqu'elle s'écarta un peu de lui pour le contempler.

Un mince sourire se peignit sur les lèvres de Lily.

- Au contraire, il me semble que je viens de te donner la réponse la plus claire possible, répliqua-t-elle avant de se remettre à l'embrasser.

Les Maraudeurs et le Maître des Corbeaux (tome 7)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant