Chapitre 83 - SIRIUS BLACK

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- C'est quoi, votre problème, franchement ? Vous battre en plein milieu de la salle des trophées devant Dumbledore et McGonagall ? Même pour vous, c'est d'un puéril.

Sirius soupira devant l'énième sermon de Lily. Mais cette fois-ci, il n'avait pas envie de se laisser faire. Les Maraudeurs et elle marchaient d'un pas vif dans un couloir du château qui s'éloignait de la salle des trophées, parmi quelques septième année qui continuaient de commenter la séance-photo qu'ils venaient de faire.

- Tu as entendu comment il t'a appelée ? s'irrita Sirius. Ce sale fils de chien ! Il est tellement tordu qu'il ose même te dire ça au beau milieu d'une salle remplie, sans aucun problème.

- Et alors ? rétorqua Lily. Ta seule réponse à ça, c'est de sortir ta baguette ? Qu'est-ce que ça aurait changé que tu l'attaques ? Tu penses qu'il n'aurait plus pensé toutes ces choses horribles ?

- Non, maugréa Sirius, mais au moins, ça lui aurait donné une bonne leçon.

Il vit Lily avoir un soupir consterné.

- Une bonne leçon, répéta-t-elle, c'est n'importe quoi. N'oublie pas, Sirius, que j'ai été ami avec lui avant même notre première rentrée à Poudlard. Je vous ai vus, tous les cinq, devenir ennemis sans que rien ne puisse changer. Si tu savais combien de fois j'ai entendu Severus dire qu'il voulait vous donner une « bonne leçon », comme tu dis.

James eut un rire méprisant.

- Là, tu ne nous apprends rien, grogna-t-il, Rogue nous a toujours détesté.

- Autant que toi, tu l'as détesté durant toutes ces années.

- Evidemment. Lui et sa manie du sang pur, sa passion complètement tordue pour les côtés les plus horribles de la magie...

- Là n'est pas la question, James, insista Lily, ce que je veux dire, c'est que j'ai vu les deux côtés. Vous comme lui, vous êtes persuadés d'être les gentils de l'histoire. Et je suis désolée, mais je vous ai trop souvent vus vous donner de « bonnes leçons » en représailles ; aussi bien vous que Severus. Et qu'est-ce que ça a donné ? Qu'est-ce que ça arrangé ? Rien du tout. Tout ce que vous avez fait durant ces sept dernières années, c'est attiser une haine puissante comme on entretient un feu de cheminée.

Sirius resta un peu pensif. Il ne pouvait nier que Lily avait en partie raison. Mais tout de même...

- Tu reconnaîtras que là, dans ce cas précis, on n'a rien fait de mal, dit-il, ça fait plus d'un an qu'on n'a plus cherché à provoquer ton Servilus.

- Ne l'appelle pas comme ça.

- Qu'est-ce qui te dérange ? « Ton » ou « Servilus » ?

- Les deux.

- Très bien. Ça fait plus d'un an qu'on n'a rien demandé à Rogue et voilà qu'il vient nous provoquer gratuitement. Ok, d'accord, je peux encore l'ignorer, ce stupide petit avorton. Mais t'appeler comme ça ? Là, non. C'est juste... ignoble.

Lily ne répondit pas tout de suite. Alors qu'ils s'approchaient du grand hall où avait lieu le croisement de tous les élèves, Sirius lui jeta un petit coup d'œil. Elle semblait pensive.

- Ce n'est pas la première fois qu'il m'appelle comme ça, dit-elle finalement, et franchement ? Tant pis pour lui. S'il s'évertue à me voir comme une Sang-de-Bourbe...

Le flot de protestations qui sortit de la bouche de Sirius s'entremêla à la voix de James, tout aussi choqué.

- Ne dis pas ça, tu es folle ! s'écria ce dernier.

- On ne doit jamais dire ça, insista Sirius en jetant à Lily un regard noir.

A sa grande surprise, elle eut un petit rire.

- C'est bon, dit-elle, ce n'est qu'un mot. Ce que j'essaye de vous dire, c'est que nous sommes adultes, à présent. On ne peut plus être dans la réaction constamment. Dites-vous que cette époque à Poudlard est sur le point d'être révolue et toutes ces rivalités d'écoliers n'auront bientôt plus aucun sens. Je veux dire, le monde est plongé dans la guerre et vous risquez, un jour, de vous retrouver à vous battre aux côtés de Severus.

Cette fois, James, Sirius et Peter partagèrent un rire.

- Nous battre avec Rogue ? s'exclama Sirius. Nous battre avec Rogue contre qui ? Contre les Mangemorts ? Tu y crois encore, à ça ?

Lily semblait hésitante.

- J'ai toujours vu Severus se dresser contre les Mangemorts.

- Oui, du temps où tu le fréquentais encore, dit James.

- Sirius, tu m'as dit toi-même que, l'année dernière, Severus était avec ton frère et sa petite-amie pour récupérer les clefs que les Mangemorts cherchaient pour les tenir éloignées d'eux.

- Non, ma vieille, soupira Sirius, ça, c'est la version de Remus. La mienne est la même sans la partie « pour les tenir éloignées d'eux ».

Lily se tourna vers Remus. Il haussa les épaules.

- Je ne sais pas ce qu'ils fabriquaient là, en vérité. Tout ce que je sais, c'est que les Mangemorts les avaient faits prisonniers, lui, Regulus et la fille Everglade.

- Donc, ils n'étaient pas dans le même camp, insista Lily, ne laissez pas votre haine déformer la réalité.

- Et toi, tu devrais éviter de laisser tes espérances en faire autant, dit James d'une voix douce en l'enserrant par la taille.

Ils venaient d'arriver devant la Grande Salle qui continuait d'accueillir les retardataires qui venaient petit-déjeuner. Sirius vit Lily regarder sa montre.

- Qu'est-ce qu'on fait ? leur demanda-t-elle. Il n'est que dix heures et demie du matin, on ne va pas reprendre un petit-déjeuner.

- Je suppose que tu veux qu'on aille à la bibliothèque réviser pour les ASPIC, maugréa Peter, visiblement abattu par cette seule idée.

- Non, répondit Lily à la grande surprise de tous, avec ce qui s'est passé, je n'ai pas la tête à réviser.

Remus hocha la tête.

- Allons rendre visite à Hagrid, dit-il, ça fait longtemps qu'on n'a pas bu une tasse de thé avec lui.

Les Maraudeurs et le Maître des Corbeaux (tome 7)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant