Chapitre 101 - PATRICIA RAKEPICK

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Sept heures quarante-cinq du matin – le casino de la Pierre Philosophale.

Patricia emprunta l'allée centrale qui serpentait entre les différentes tables et les jeux d'argent qui peuplaient la salle. Derrière elle, Lily la suivait comme son ombre. Plus loin, Dominic Brown était occupé à donner quelques instructions à un barman avec son habituel ton digne d'un tyran. Mais lorsqu'il la remarqua, l'expression de l'homme s'adoucit considérablement. Il avait même l'air plus que ravi de la voir.

- Miss Rakepick ! s'exclama-t-il comme s'il saluait son sauveur. Quel plaisir de vous revoir parmi nous, très chère ! Oh, et vous êtes encore plus belle que dans mes souvenirs, ce qui n'est pas peu dire.

Patricia essaya de ne pas se formaliser de l'expression exaspérée que Lily avait derrière elle et adressa son plus beau sourire à Brown.

- Mr Brown, minauda-t-elle, vous, vous êtes toujours autant un vil flatteur, à ce que je vois. Ah, quel plaisir de se retrouver de nouveau dans ce lieu magnifique. Si vous saviez comme ce casino m'avait manqué durant toute l'année que j'ai passé à Poudlard comme surveillante.

- Quelle idée avez-vous eu, vous aussi, de troquer un lieu de fête éternelle comme la Pierre Philosophale contre cet austère et ennuyeux château, dit Brown avec un grand rire, cet endroit n'était évidemment pas fait pour une femme de votre calibre, ma très chère Patricia.

- J'ai cru naïvement que je pourrais retrouver l'ambiance que j'ai connu en tant qu'élève là-bas ; oui, je suis une grande nostalgique. Mais j'ai découvert que Poudlard n'était pas un lieu qui me convenait. Contrairement à ce casino. Quelle générosité vous avez eu de me faire réintégrer après mon départ, l'année dernière ! Je vous en serai éternellement reconnaissante !

C'était imbécile de Brown était plus que flatté ; il n'arrivait même pas à le masquer.

- Oh, non, ce n'est rien, très chère, dit-il, Mr Goldman était lui aussi conquis par vos danses uniques qui captivaient toute la clientèle. Je n'ai pas eu beaucoup de mal à le convaincre de vous réintégrer. Et vous n'êtes pas venue seule, à ce que je vois !

Le moment où Brown allait s'intéresser à Lily était finalement arrivé.

- Oh, quelle maladroite ! s'exclama Patricia. Mr Brown, je vous présente ma petite sœur, Marianne Rakepick. Elle sort tout juste de Poudlard mais c'est une danseuse très douée et après tout ce que je lui ai raconté sur cet endroit, elle mourait d'envie de travailler ici. Je vous en ai parlé dans une des lettres que l'on s'échangeait, j'espère que sa présence ne vous dérange pas.

Cela avait tout l'air d'être le contraire. En regardant Lily, Brown s'était couvert la bouche, comme si c'était Noël avant l'heure, pour lui.

- Ma très chère Patricia, dit-il, j'ai connu votre mère lorsque j'étudiais à Poudlard ; une femme d'une élégance rare. Je n'ai pas été surpris de voir que sa fille aînée était d'une beauté sans égal.

- Oh, Mr Brown, arrêtez !

- Mais maintenant que je vois votre petite sœur, je me dis que les Rakepick ont dû pactiser avec quelques diables pour s'octroyer une beauté sans commune mesure. Ma chère Marianne, bienvenue à la Pierre Philosophale ! Vous êtes la plus charmante créature qu'il m'est été donné de voir.

Brown lui tendait sa main. Un peu hésitante, Lily lui donna la sienne ; elle croyait probablement devoir la serrer. Mais l'homme la porta à sa bouche et déposa sur le dos de sa main un baiser.

- Merci, Monsieur, fit Lily, vous êtes bien trop élogieux à mon égard.

Patricia eut un rire.

- Ma sœur est encore très jeune alors gare aux flatteries, Mr Brown ! Elle pourrait devenir aussi rouge que sa robe.

Ils partirent d'un rire fort et enthousiaste.

- Oh ! Voici Mr Goldman qui arrive, fit Brown.

En effet, le directeur de la Pierre Philosophale se voyait de loin. Il était si massif et obèse que tout le monde devait s'écarter à son passage et sa cape qui luisait comme de l'or ne le rendait que plus ostentatoire.

- Mr Goldman ! s'exclama Brown. Regardez qui est de retour dans votre bel établissement ! Miss Patricia Rakepick et sa jeune sœur, Miss Marianne.

Arrivé à leur hauteur, le regard bleu, froid et glaçant de Goldman passa sur elles comme pour les évaluer. Il eut un bref hochement de tête et son énorme visage se fendit d'une grimace qui semblait être un sourire.

- Un grand plaisir de vous retrouver parmi nous, Miss Rakepick, dit-il d'une voix rugueuse, et c'est très bien que vous ayez emmené avec vous votre jeune sœur. Nous attendons d'ici peu une personnalité très importante. J'espère que votre spectacle saura les divertir.

- Nous ferons de notre mieux, Monsieur, dit Patricia.

- Mr Goldman, ce spectacle va être grandiose, intervint Brown, des étoiles plein les yeux, imaginez le tableau ! Deux sœurs, deux jolies filles rousses qui dansent langoureusement sur scène. Même Mr Wand...

- Dominic m'a dit que vous nourrissiez l'ambition de travailler pour la sécurité de la Pierre, l'interrompit Goldman sans quitter Patricia des yeux.

- C'est vrai, Monsieur. Si vous m'en trouvez digne, ce sera un véritable honneur de faire partie de...

- Nous verrons cela en temps et en heure. Pour le moment, concentrez-vous sur votre numéro de tout à l'heure, toutes les deux.

Goldman allait poursuivre mais il s'interrompit, remarquant deux gardes vêtus de robes d'un noir tirant sur le rouge qui s'approchaient de lui. L'un d'eux lui murmura quelque chose. Mais en tendant l'oreille, Patricia arriva à entendre une bride de phrase :

- ... Le convoi 25.6 vient d'arriver dans le hangar, Monsieur.

Goldman hocha la tête et se tourna vers les deux jeunes femmes.

- Mesdemoiselles, dit-il de sa voix grasse, le devoir nous appelle, Dominic et moi. Veuillez nous excuser. Mais profitez de tout ce que mon casino a à vous offrir. Aujourd'hui, tout est gratuit pour vous.

Et sans plus de cérémonie, Goldman se retourna et suivit les deux gardes qui s'engageaient déjà dans l'allée centrale du casino. Comme à regret, Brown les suivit, non sans adresser un dernier sourire aux deux jeunes femmes.

- Qu'est-ce ce garde lui a dit ? demanda Lily lorsqu'elles se retrouvèrent seules.

Patricia regarda Goldman, Brown et les deux hommes en capes pourpres disparaître du casino.

- Remus et Peter sont dans la place. Le plan suit son cours.

Les Maraudeurs et le Maître des Corbeaux (tome 7)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant