Chapitre 102 - PETER PETTIGROW

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Huit heures du matin – le hangar de la Pierre Philosophale.

Lorsque la diligence s'arrêta, la terreur que ressentait Peter s'intensifia d'un seul coup. Car il connaissait le plan et il savait quelle était la destination de la diligence. Si elle s'était arrêtée après ce trajet d'au moins une heure, cela ne voulait dire qu'une seule chose : ils étaient arrivés dans la Pierre Philosophale, dans la tanière du loup.

Peter et Remus étaient toujours blottis dans un coin de la diligence, loin de ce tas d'or mortel, tapis sous la cape d'invisibilité. Dehors, le jeune conducteur semblait avoir bondi hors de son poste d'où il tenait les rênes des Sombrals. Il avait l'air essoufflé lorsqu'il s'exprima.

- B-bonjour, Mr Goldman... Je suis vraiment désolé pour ce retard...

Goldman ? Ainsi, le patron de la Pierre Philosophale était là en personne. Peter serra la mâchoire et fit de son mieux pour maîtriser ses tremblements.

- Ouvrez ces diligences, que je vérifie si l'or est en sécurité, siffla une voix.

- Tout de suite, Mr Goldman.

Le jeune garde commença par la seconde diligence et les bruits de pas s'éloignèrent avant de se rapprocher. Puis, brusquement, ce fut au tour de leur véhicule de voir ses portes s'ouvrir à la volée. Par pure réflexe, Peter se blottit sur lui-même.

Par l'embrasure de la porte étaient apparus trois hommes. Le jeune garde, qui semblait éprouvé par la situation. Et, autour de lui, deux autres personnes ; Peter les avait déjà vus, l'été dernier. Dominic Brown et l'imposant Nicolas Goldman.

- Vous voyez, Monsieur, fit le garde d'une voix haletante, ils n'ont pas réussi à toucher à l'or. Tout est... Tout est sous contrôle.

Une horrible grimace déforma l'énorme face de Goldman.

- Sous contrôle, hein ? grinça-t-il. Dites-moi, mon garçon, comment ces assaillants ont-ils réussi à vous attaquer sur la route ? Les Sombrals, ça court vite, pourtant.

- Eh bien, les Sombrals ne voulaient plus avancer à cause d'un animal sur la route alors... On s'est... On s'est arrêtés...

- Sans ordre formel de votre chef de convoi ?

- Comme je vous l'ai dit... Les Sombrals ne voulaient pas...

- Quand on fouette une bête, elle nous obéit, mon garçon. Jamais ce convoi n'aurait dû s'arrêter pour une charogne laissée sur une pauvre route moldue.

- Oui, je... Je suis désolé, Monsieur... Soyez sûr que ça ne se reproduira pas.

Goldman fixait son tas d'or de ses yeux bleus et froids. Il avait presque un air pensif.

- Oh, ça, c'est certain, grommela-t-il, ça ne se reproduira pas. Les gars, ce gamin est viré. Faites-lui toucher sa prime de départ.

Des gardes apparurent dans le champ de vision de Peter, ils attrapèrent le jeune conducteur par les bras et le tirèrent en arrière. Le jeune homme semblait terrorisé alors qu'il glapissait d'un ton implorant :

- Non ! S'il vous plaît ! Mr Goldman ! Laissez-moi une chance ! Laissez-moi une chance, je vous en supplie ! Par pitié ! Ça ne se reproduira pas...

En le suivant des yeux, Peter réalisa que les deux diligences s'étaient arrêtées dans un immense hangar qui ressemblait plus, en vérité, à une vaste grotte souterraine dont l'ouverture béante donnait sur du noir d'encre. Le fond d'un océan inconnu dont l'eau était repoussée par quelques charmes qui agissaient sur toute la Pierre Philosophale.

C'était justement vers cette ouverture béante que les deux hommes de main de Goldman, tous vêtus d'une longue cape d'un pourpre tirant vers le noir, tiraient le garçon qui hurlait toujours grâce. Mais, sans ménagement, les gardes le balancèrent par l'ouverture béante et le jeune convoyeur s'évanouit dans les profondeurs ténébreuses de l'océan, ses cris disparaissant avec lui.

Pendant ce temps, Goldman s'était appuyé contre la diligence et ne lâchait pas son tas d'or des yeux. Au moins, la cape d'invisibilité faisait toujours son travail et personne n'avait remarqué que Peter et Remus se trouvaient blottis au fond, derrière le tas d'or.

- Mr Goldman ?

Une sorcière d'âge mûr venait de s'approcher du patron du casino. Elle avait une attitude de secrétaire, aux yeux de Peter.

- Mr Wandcaster est arrivé, Monsieur, dit la femme, il est accompagné d'une sorcière du nom de Sam Doves. Ils vous attendent dans le casino.

Goldman hocha brièvement la tête.

- Mieux vaut ne pas trop faire patienter ces gens, grommela-t-il, ordonnez aux elfes de maison de descendre cet or dans les coffres-forts.

- Tout de suite, Monsieur.

- Dominic ? Avec moi.

Au grand soulagement de Peter, les deux hommes comme la secrétaire disparurent du hangar. Remus n'attendit pas. Il se redressa et fit signe à Peter d'en faire autant.

- Partons d'ici avant que ça ne grouille d'elfes de maison, chuchota-t-il.

- Partir ? siffla Peter. Partir où ? On arrive trop tôt. Lily et Patricia ne doivent pas être encore en place.

- On est sous une cape d'invisibilité, Peter. On trouvera bien un moyen de se cacher quelque part en attendant. Allez !

Le cœur battant tellement fort qu'il en avait l'envie de vomir, Peter se força à se redresser et bondit hors de la diligence à la suite de Remus. Le hangar était encore plus vaste que ne le laissait supposer la vue qu'il avait depuis l'intérieur du véhicule. Mais ils le traversèrent vite et quittèrent la pièce par un couloir nu et éclairé d'une lumière froide.

Remus semblait exactement où aller, ce qui ne surprenait pas Peter. Il avait passé bien plus de temps à étudier les plans de ce bâtiment que lui-même.

Les Maraudeurs et le Maître des Corbeaux (tome 7)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant