« Chaque relation nourrit une force ou une faiblesse en vous. »
Mike MurdockJ'ai mon entretien annuel, normalement c'est en septembre, mais il a été décalé, puis repoussé et voilà pourquoi je le passe seulement maintenant. Je suis dans le bureau de mon responsable, nous passons en revue les objectifs. Tout va bien. Pour une fois il n'hurle pas, il parait plutôt satisfait.
Monsieur Chavalier m'explique que je suis un bon élément, que je fais le travail qu'on me demande, que je passe bien auprès des familles qui font de très bons retours sur moi. Bref, il faut que je continue sur ma lancée car il pense à moi pour le poste de conseiller chef, pour chapeauter les autres et le remplacer lorsqu'il est absent ou en congés.
Je reste silencieux.
Il m'informe qu'il a tenu le même discours à Albane et que cela se jouera entre nous deux.
Je hoche la tête.
Pour clôturer l'entretien, il me fait juste une remarque sur l'importance de la synergie d'équipe dans un groupe, notamment si je suis amené à avoir ce poste de « référent ». Comique au passage, quand on voit comment il manage.
Et pour cela, sans détour, il me pose la question suivante : « Pourquoi tu ne t'intègres pas avec eux ? »
Réponse instantanée dans ma tête : Parce que ça n'a pas d'utilité pour moi, ce sont des boulets.
Un jour Gabriel m'a sorti verbatim : « Tu sais, on n'est là que pour quelques années sur cette terre, un bref passage, alors pourquoi gaspiller le peu de temps que l'on a avec des boulets !? » Je le rejoins sur cette idée. D'ailleurs c'est pour cela que j'ai constitué mon capital social en évinçant les relations inutiles.Je garde, en général, contact avec une personne dans chaque univers que j'ai fréquenté. Une personne qui vaille la peine qu'on s'intéresse à elle. Ce qui fait qu'à aujourd'hui, il y a sept personnes dans mon entourage, que l'on pourrait communément appeler : des amis. Sept c'est bien. C'est comme les sept jours de la semaine, les sept merveilles du monde, les sept couleurs de l'arc-en-ciel, les sept péchés capitaux ou encore la somme de deux faces opposées d'un dé.
Evalina : mon alter-ego et mon professeur.
Victor : mon parasite et ma muse.
Sarah : mon fardeau. Elle bénéficie seulement du statut de copine d'Evalina.
Sybille : « Ma première », on s'est connu en classe de première, c'est ma première vraie amie et aussi ma première fois avec une fille.
Siaolhan : ma psy.
Gabriel : mon rayon de soleil. Enfin ayant une préférence certaine pour l'astre de nuit, je dirais plutôt mon rayon de lune.
Et Martin : mon dialecticien et mon pote de défonce. Cent soixante-douze centimètres, brun, cheveux courts, petites lunettes. Il inspire une tranquillité étonnante. Un agnostique convaincu à tendance athée. Très cultivé, Martin a de la matière grise à revendre mais contrairement à la plupart des gens de son statut, il n'en fait pas étalage. Il se contente de lâcher avec parcimonie quelques savoirs intéressants. Si je le considère comme mon partenaire de défonce, c'est que nous avons testé, de manière récréative, quelques drogues ensemble.
Je l'ai connu en travaillant comme surveillant au lycée, on était collègues. Nous en avons passé des presque nuits blanches à tenir des conversations en tout genre. Il fait partie des rares personnes en qui j'accorde ma confiance. Il sait, accepte et s'amuse de mon ataraxie. Si je devais le définir en quelques mots, je dirais qu'il a un supplément d'âme.
Sa petite particularité à lui, est qu'il aime prendre des photos de filles, qu'il connaît plus ou moins, voulant bien se prêter au jeu en chaussant une paire de lunettes et s'attachant les cheveux façon queue de cheval. Ensuite il épingle ces photos sur l'un des murs de son entrée. Ne me demandez pas pourquoi il le fait, Martin est toujours resté discret sur cette toquade. Il doit bien y en avoir une petite centaine de photos sur ce pan de mur. Evalina et Sarah figurent parmi elles.Pour en revenir à mes collègues de travail, je les ai étudiés et ma conclusion c'est qu'ils ne m'apportent rien, rien dont j'ai besoin. Mais je ne peux décemment pas dire cela au père Chevalier.
- On a une prime de bonne ambiance avec ses collègues ? Sans paraitre vénal, ça change quelque chose à mon salaire à la fin du mois ?
- Euh...non, exprime-t-il un peu surpris de mon retour.
- Vous avez votre réponse alors.
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(sans)timent
عشوائيAvez-vous déjà imaginé ne ressentir aucune émotion ? C'est ce que vit Nathanaël Detrait, un jeune homme de 27 ans, atteint d'ataraxie depuis sa plus tendre enfance. Face à n'importe quelle situation il ne ressent rien. Absolument rien. Alors, tel u...