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Je viens d'effacer sept ans d'amitié avec Soraya. Deux jours avant notre rentrée à la fac. Même si cela me brise le cœur, j'ai dû mettre un terme à notre relation. Pourtant on était proches depuis tellement d'années que je la considérais comme un membre de ma famille.
Ces derniers mois, son comportement a changé, elle est devenue incohérente dans ses propos et ses actions, s'en est presque pathologique. Je ne peux plus être amie avec quelqu'un de si envieux, jaloux et en concurrence permanente avec moi. Elle se dit mon amie de toujours et ne peut pas être heureuse pour moi quand il m'arrive quelque chose de bien.
« Avec des amis pareils, on n'a pas besoin d'ennemis »
Alors cela veut dire quoi ? Qu'elle ne peut être amie avec moi que si je vais mal ?
Je n'ai pas besoin que Soraya projette ses névroses sur moi. Son comportement est destructeur, c'en est devenu malsain pour nous.
Comment ne pas être déçue par les gens ? Comment savoir ? Comment ne pas se tromper ? Quand j'ai besoin d'avoir autour de moi une sorte de groupe social aux liens forts qui pour moi joue le rôle de substitut affectif d'une famille. C'est tellement important pour moi de m'investir dans mes relations amicales. J'ai besoin d'être importante pour des gens.
J'espère sincèrement qu'elle aura un électrochoc, que les choses vont changer et que l'issue sera positive. En l'état actuel des choses, elle ne me laisse pas le choix.
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J'ai rencontré un garçon. Je l'ai vu passer deux ou trois fois sur le campus et j'ai dit aux filles de ma promo : « le gars là-bas, il faut que je lui parle ! »
De prime abord, oui je le trouve super mignon... Mais ce n'est pas ça qui a fait que je me suis dit que c'était important que je prenne l'initiative de me planter devant lui et lui demander de me parler.On s'est vus, il m'a plu ! Je me suis dit : « Lui, il n'est pas comme les autres. »
Il est drôle, intelligent, cultivé, attentif, humble, attirant et juste parfait dans ses mots, ses gestes et la manière qu'il a de voir les choses. On a eu des discussions incroyables et j'aime la manière dont il marche. Oh putain, je suis une collégienne !
...................................................................................................................................................................................On s'est revus avec Nathanaël. Encore et encore. Plus je lui parle et passe du temps avec lui et plus je me dis que nous deux c'est une évidence. Je suis Evalina et lui c'est Nathanaël, ça résume nos rapports. Ça résume tout.
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Nathanaël a cette faculté incroyable de rester insensible à toutes sensations humaines. Comme un dieu ou un monstre lointain, il nous regarde nous débattre dans nos problèmes d'humains engoncés dans notre existence. Nathanaël, lui, est atrophié de sentiments, comment les autres peuvent le concevoir et l'accepter ? C'est si terrifiant. Mais la plus grande force de Nathanaël est peut-être là : que personne n'y croit.
..............................................................................................................................................................................................................Je n'aime pas quand il traine avec ses copines de sociologie : Coralie et Virginie. Je n'ai jamais aimé les prénoms de fille qui finissent par le son « i » de toute manière. Elles n'ont même pas idée que lui et moi c'est « Lui et Moi » !
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Voilà c'est fini avec Elio. Comme après chaque rupture, je suis allée chez le coiffeur pour changer de coupe. Grave erreur. Je suis proche du suicide. Je me suis dit qu'en me coupant les cheveux au carré comme Rose Byrne je pourrais devenir canon. En fait je suis juste pareil qu'avant en moins bien.
Nathanaël ne comprend pas, il me voit passer d'une pièce à l'autre en larme version Comedia del Arte. Il me dit d'arrêter de me jeter contre les murs et de briser tous les miroirs de l'appartement.
Je me suis donc mise à écouter de la musique pour survivre : « Il est mort le soleil ».
..............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................J'ai accepté le fait qu'il sache beaucoup plus de choses sur moi que moi sur lui. Je suis plus proche de Nathanaël que n'importe qui sur cette terre et pourtant il y a toujours un hiatus entre nous. Une ribambelle de questions qui restent sans réponses. Dont la plus récurrente : A quoi pense-t-il quand il te regarde sans aucune expression sur le visage, hormis ce regard profond ?
J'aimerais bien savoir ce qui se passe dans la tête de Nathanaël. Je ne sais pas si je serais émerveillée ou terrorisée. C'est drôle, je le connais, je l'anticipe mais parfois il arrive encore à me surprendre. C'est assez effrayant de savoir à quel point il est doué pour cacher ce qu'il pense ou ressent, si tant est qu'il ressente des choses.
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Ce soir, c'est la fête de la musique. J'ai proposé à Nath de se prendre une gaufre et de la manger en chemin, en disant du mal des groupes de musique pourris que la ville veut nous faire avaler comme représentatifs de la vraie musique.
En attendant de sortir, on s'est retrouvé pour un petit débriefing à la salle de bain.
Nathanaël m'apprend qu'en moyenne, une femme achète durant toute sa vie cent onze sacs à mains. Cent onze sacs à mains !? Ma première réflexion a été de dire : « Merde, ça veut dire que je vais bientôt mourir ! ». On a rigolé et ensuite je ne saurais pas dire pourquoi, je me suis livrée à propos de mon père, notre relation, ses addictions,... Nathanaël m'a écouté, comme d'habitude. J'ai donc tout raconté, même des informations classées secret défense. Parfois je lui sors : « ça reste entre nous » et il me répond : « inutile de le préciser ». Je demande par acquis de conscience, alors que c'est ridicule, ma conscience c'est lui.
Si on entend souvent que partager un secret c'est prendre le risque qu'il soit découvert, ça ne vaut pas avec Nath. Il a toute ma confiance. C'est mon coffre-fort de données personnelles.
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Nathanaël est rentré du Népal. Un mois sans lui c'était long. C'était même interminable. Il m'a manqué. Est-ce que je lui ai manqué ?
J'ai parfois du mal à me dire qu'il ne ressent rien. Je préfère penser qu'il apprivoise la douleur, la peur ou tout autre émotion et l'enfouit très très loin, jusqu'à ce qu'elle disparaisse.
C'est bon de le revoir. Quand je le retrouve, je me retrouve un peu aussi.
....................................................................................................................................................................................................................................................................Avec Nath, on fait tout ensemble. Il m'accompagne même quand il le peut chez le médecin. Il patiente avec moi dans la salle d'attente. Il me tient compagnie, parce qu'il sait, vu que je lui rabâche systématiquement, que le pire dans la salle d'attente de mon médecin, après le même magazine qui traine sur cette table basse depuis deux ans, ce sont les gens qui vous parlent pour passer le temps. Nath m'évite de faire des réponses amères aux petites vieilles qui m'adressent la parole, alors que moi aussi je suis malade et je n'ai pas du tout envie de leur parler, au-delà même du fait que ça m'est impossible tellement ma gorge me fait mal.
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Quand j'en ai marre de ma vie, je demande à Nath si on peut se voir dans un débrief baignoire pour : faire comme si tout allait bien, me plaindre, râler, pleurer, enfin les trucs habituels. Et on s'assoit dans la baignoire du partage.
Il peut me regarder deux heures pleurer sans dire un mot, sans faire un geste. C'est Nath. Il a de la chance, je n'arrive pas à lui en vouloir longtemps. Et puis en toute objectivité ce n'est pas une fille, donc les problèmes de « Je me trouve moche » ça doit lui passer à quinze mille au-dessus de la tête. Il répond souvent par une phrase de complaisance mais il écoute vraiment.
Il m'écoute, je lui raconte tous mes problèmes, même les plus dérisoires. Lui en revanche ne me raconte jamais les siens. A croire qu'il n'en a pas. En même temps, Nathanaël n'est pas un garçon à problème, c'est un garçon à solution. Parfois ses solutions sont dures à encaisser mais il a souvent insupportablement raison.
.............................................................................................................................................................................................................................................................................Rêve-t-il ? Quand nous dormons l'un à côté de l'autre et que je me réveille en sursaut à cause d'un mauvais rêve, je me blottis contre lui et il me calme avec ses histoires. Celles qu'il a vécues dans la journée. Je ris, je m'indigne souvent, je me détends, ça m'apaise et je me rendors. Mais lui ? Il est toujours immobile. On a l'impression qu'il ne s'agit que d'un repos physique. Comme une machine qui s'arrête, se coupe puis se rallume au matin pour fonctionner une journée encore. A-t-on besoin d'émotions pour rêver ? Je ne sais pas. Quand on se réveille ensemble il me demande la plupart du temps de lui raconter mon rêve. Il m'écoute attentivement. C'est notre petit rituel matinal. J'aime bien aussi celui quand on rentre d'une soirée. Ce sont nos moments débriefing rien qu'à nous où l'on crache méticuleusement sur les gens au cas par cas. Pour ça Nathanaël il est très fort, je dirais même qu'il excelle en la matière.
.....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................Je parle toujours de lui en le glorifiant, quand je le présente à des personnes. Ce qu'il ne fait pas franchement au point que je lui demande de me survendre auprès des gens. Non pas pour que les gens m'aiment, ça je m'en fous, mais parce que j'aime qu'il dise aux gens que je suis importante pour lui et que les gens le sachent.
Les premières fois où je présente Nathanaël à mes petits-copains, je lui demande d'en faire plus que nécessaire. Il doit être sublime à tout point de vue et surtout il doit me dire au cours de la soirée sur un ton naturel et affectif: « Tu es vraiment belle ce soir ». Le superlatif vraiment est essentiel dans la phrase mais je sais qu'il sait. Un ou deux chuchotements à l'oreille, quelques private joke et j'annonce tout de suite la couleur à mes petits-copains. Les jaloux sont prévenus, pas de réclamations possibles.
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Hier, j'ai rencontré un beau spécimen. Il était con mais je ne l'ai pas vu venir. Dans la file d'attente des cons, c'est le bonhomme qui se pointe à la dernière minute et passe devant tous les autres parce qu'il a un billet coupe-file. J'aurais dû m'en douter quand j'ai vu le tatouage sur son bras. Une tête de chien hideuse, une sorte de carlin. Je déteste les gens stupides. Il ne savait même pas faire des phrases avec sujet/verbe/complément. On ne se comprenait pas. Et ce n'est pas comme si je développais mes constructions grammaticales avec des subordonnées conjonctives complétives pures. Non, il avait du mal à argumenter précisément et rompait le dialogue abruptement sans possibilité d'échanges réfléchis. A la fin on a réussi à se mettre d'accord qu'on n'était pas d'accord. Et je suis partie. Le soir j'ai raconté l'histoire à Nath.
Aujourd'hui le gars stupide m'a appelé pour dire que c'était bon et que mon dossier était réglé.
Nath. Je ne peux plus rien lui raconter !
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J'ai fait mon premier enterrement de vie de jeune fille, celui de ma cousine Aurore. Je n'écrirais rien, tout ce qui s'est passé à Londres reste à Londres.
Moi, si un jour je me marie, je veux quelque chose de simple, où l'on finit tous par une sorte de pique-nique en pleine nature avec pleins de vieux fauteuils et pleins de lumières accrochées dans les arbres. Et Nath sera ma demoiselle d'honneur principale, il est prévenu.
........................................................................................................................................................................................................................En ce moment, Nath sort avec une fille. Elle ne lui correspond pas mais il ne le sait pas encore. Ou alors il le sait mais il a trouvé un autre intérêt. C'est constamment pareil avec lui, il cherche un « format » de relation. Il transpose son type de relation d'une fille à l'autre et les embarque dans ses mécanismes. Il reproduit toujours le même schéma. Moi ça me convient, je vois passer ses copines et pendant ce temps-là il reste mon Nathanaël. Elles, elles défilent, nous on reste !
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Hier, nous étions invités avec Nath chez Piotr à une soirée déguisée. Il était habillé exclusivement en noir : costume, chemise, cravate. Je lui avais fait un maquillage de squelette sur le visage. On avait regardé un tuto. Quant à moi je m'étais maquillée en Calavera Catrina avec une petite robe noire et une rose dans les cheveux. On était beaux et assortis.
Nous avons traversé la ville comme ça et lorsqu'on est arrivé à la soirée... Surprise ! Sur les quinze personnes présentes, nous étions les seuls déguisés. Une avait un serre-tête avec des oreilles de lapin Playboy, un autre une chapka en polaire et un dernier le chapeau d'Astérix.
Piotr m'a juste dit que finalement les gens n'étaient pas motivés à se déguiser. Sans blague. Et à quel moment tu comptais m'en informer !? Jamais ? Ce n'est pas comme si on était en cours ensemble.
Au final c'était drôle. On a bu des shooters dans des tubes à essai, on a fait un concours d'ombre chinoise, un type en boxer avec un bonnet de père Noel est passé à la soirée, personne ne le connaissait. Etait-il déguisé ? Ou simplement vêtu de la sorte et il a vu de la lumière alors il est entré ? Nath a mystifié deux mecs, en leur faisant croire qu'il travaillait comme ingénieur du son sur un film de gangster mêlant arnaques et vengeance, avec comme tête d'affiche : Tcheky Karyo, Gilbert Melki et François Berleand. Et moi je marchais dans son jeu. Il m'a fait rire, j'ai fait mon rire Nathanaël a plusieurs reprises. Il m'a demandé si j'avais aimé sa prestation d'ingé son et j'ai répondu : « Evidemment, quelle question ! C'est comme si Anna Wintour posait son regard sur mes chaussures » Il a souri et dans la foulée m'a rétorqué : « A ton tour. Ce soir tu seras celle qui fait des missions humanitaires et serait prête à arrêter de respirer pour produire moins de CO2 ». Puis on est rentré, on s'est couché dans le lit de Nathanaël pour faire le bilan sur la soirée et on s'est endormi sans se démaquiller. Ses draps n'ont pas survécus.
J'ai beaucoup aimé cette soirée.
......................................................................................................................................................................................................................................................................Je suis au bord de la crise de nerfs, je n'arrête pas de vomir. Je n'ai jamais été aussi mal. Je regarde mon portable cinquante fois par minute. Toujours rien.
Robin me déteste, il me hait, il ne veut plus jamais entendre parler de moi. Je vais crever de douleur, j'ai l'impression qu'on m'arrache le ventre.
C'est entièrement de ma faute, j'ai menti. J'ai été horrible. Je n'ai rien dit à personne parce que j'avais honte et quand tout a éclaté au grand jour, les gens ont changé de regard sur moi. Je me sens tellement seule. Tout le monde m'a tourné le dos. Même Sarah a pris ses distances.
Le seul qui soit resté c'est Nathanaël. Il ne m'a jamais jugé. Pas une seconde. Pourtant il connaît mes côtés les plus noirs maintenant. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui... Je le suivrai où qu'il aille de toute façon.
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..................................................................................................................................................................................Robin a demandé à Nath un rendez-vous pour des explications sur toute cette histoire. Il veut comprendre. C'est ma dernière chance, j'ai briefé Nath pendant des heures sur ce qu'il devait lui dire, comment me survendre et qu'il lui répète que je l'aime plus que tout.
J'ai dû l'épuiser avec toute cette histoire. Il a passé les larmes et les « est-ce que j'ai fait le bon choix », maintenant il a ma vie sentimentale entre ses mains.
Je sombre. Je suis triste au fond de mon lit comme une larve, la boule au ventre avec pour seul et unique but : dormir pour ne plus penser, en attendant ce tête à tête décisif.
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Je porte ma vie à bout de bras. Je ressens trop de tristesse et de culpabilité.
Des fois j'aimerais qu'il passe sa main au-dessus de mon cœur et qu'il absorbe tout cela pour le faire disparaitre. Au lieu de ça je suis paumée et je me débats avec ma douleur.
Heureusement j'ai un Nathanaël, il est dans mon camp pour l'éternité. J'aime l'idée qu'entre lui et moi on prenne soin l'un de l'autre, avec beaucoup de respect, sans se leurrer sur nos dysfonctionnements. Il est toujours là. C'est ma valeur sûre. Quand il est à mes côtés, je suis quand même moins triste.
Alors évidemment, quand je suis au plus mal et à fleur de peau, sur le coup je n'ai pas du tout envie d'entendre ses paroles lapidaires et déconcertantes. Mais j'ai fini par comprendre. Il ne tient pas à me blesser, c'est juste que des fois il va trop vite pour moi. En quelques secondes, il a déjà le recul sur la situation. Ce qui donne lieu à des « continuer c'est retarder l'échéance » ou « les choses ont l'importance qu'on leur donne ». Des fois j'ai envie de le gifler pour cette sincérité assassine. Et puis j'essaye de me mettre à sa place. Comment comprendre quelque chose qu'on ne peut pas vivre ?
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Nathanaël, il aime regarder les gens par en dessous, mais en les regardant quand même vraiment. Il aime se moquer des gens mais ne manque jamais de respect aux autres. Nathanaël sait que j'aime quand il sait ce que je pense. Il sait que j'aime qu'il me connaisse sur le bout des doigts. Il aime la façon dont je le fixe, dont je lui montre que je n'ai pas de limites dans l'amour que je lui porte. Nathanaël, il a une façon bien à lui d'être à vous.
.............................................................................................................................................................................................................J'aime pouvoir lui sortir une phrase et qu'il sache la suite sans que j'ai besoin de la dire. J'aime qu'on rigole tous les deux comme si il n'y avait rien autour. D'ailleurs avec lui, n'importe où nous sommes, je me sens au même endroit. C'est étrange comme sensation. Tout autour disparaît. Je m'en suis rendue compte il y a peu de temps. On est allé voir un concert baroque, on était dans un espace froid, public, avec trois cent cinquante personnes et pourtant au-delà de nous il n'y avait rien, c'était comme lorsqu'on était dans notre canapé tous les deux. Je lui ai dit. Il a souri et on a continué à parler dans le noir de la salle. Quand je suis avec lui, je suis moi, je suis bien. Je sais que toute ma vie il sera là et ça me rassure. Quand on est ensemble, c'est comme si on regardait la foule se débattre. Comme si on était au-dessus. C'est inexplicable. Ça a toujours été comme cela en fait. Le problème c'est que les autres paraissent fades parfois.
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Je suis naze comme un vendredi soir alors qu'on est lundi matin et que j'ai dormi tout le dimanche. Organisme de merde. Et puis ce n'est pas comme si j'avais une semaine de dingue !
Entre mon entretien individuel pour parler de l'évolution de mon poste, où d'ailleurs je n'ai toujours rien préparé, alors que c'est mercredi à 14h. Sans compter que mardi soir je ne pourrais pas le faire, la programmatrice a encore choisi un spectacle de merde sur le thème du lyrisme et je suis réquisitionnée. Durée 2h50 ! Elle devient détestable. Encore une pourriture qui va vivre jusqu'à cent dix ans, je parie.
Note à moi-même : Demander de l'aide à Nath ce soir pour mon entretien.
Autre note à moi-même : la prochaine fois que j'ai la gastro, je rentre dans le bureau de la programmatrice et je lèche tous ses crayons, sa souris d'ordinateur et tous les objets sur la surface de son bureau.
Entre le fait que je dois aussi terminer mon atelier pour l'accueil des scolaires de vendredi et préparer la réunion pour le cycle ciné-concert du mois prochain. Ah oui et puis j'ai un déjeuner avec mon chef jeudi midi, cette fois-ci je vais essayer de ne pas vomir dans sa voiture au retour du restaurant.
Et je ne préfère même pas penser aux clients jamais contents qui ne savent ni dire bonjour ni lire une carte que je vais me farcir au Pasta B. Je ne vais jamais tenir. Il est peut-être temps de se mettre à la drogue !
.......................................................................Nath,
La vie est peut-être un cadeau mais elle n'en fait pas. Il fallait que je mette fin à cette espérance. J'ai fait ce choix sans regarder derrière moi, parce que j'étais sûre que si je me retournais, je t'aurais trouvé là.
J'aurais aimé que les choses se déroulent autrement, tu sais à quel point je tiens à la vie. Je n'ai pas envie de me voir décrépir chaque jour. Pour moi c'est trop tard, j'ai décidé d'en finir.
Oui, je n'ai pas tenu ma promesse. On ne passera pas nos vieux jours tous les deux, âgés et fripés, dans une maison de retraite miteuse à se ressasser nos souvenirs. Tu le feras tout seul.
Alors pour t'aider dans cette tâche, je te laisse mon journal, j'y ai relaté tout un tas d'anecdotes nous concernant. Tout un tas de pensées misent en vrac que j'ai eues sur toi, sur nous, sur d'autres...
Je voulais simplement te dire Merci. Merci d'avoir été depuis toujours bienveillant envers moi. Je veux dire foncièrement bienveillant. Et merci parce que je n'ai jamais eu d'échanges aussi simples avec quelqu'un et ce pour une bonne raison... je n'y étais pas obligée.
J'ai eu cette chance infinie que tu sois mon Nathanaël et que je sois ton Evalina, durant ces années que l'on a traversées côte à côte. Je ne crois pas au destin et à toutes ces conneries. Mais j'ai envie de croire que les âmes sœurs se retrouvent toujours.
Alors en attendant, vis pour moi. Continue de faire ton Nathanaël. Il y a encore des légions de connards à punir, fais les tomber sous ton couperet verbal.
Et comme tu dirais si bien en citant je ne sais plus qui : ne pleure pas parce que c'est fini, souris parce que c'est arrivé.
Ne m'oublie pas.Ton Evalina.
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(sans)timent
RastgeleAvez-vous déjà imaginé ne ressentir aucune émotion ? C'est ce que vit Nathanaël Detrait, un jeune homme de 27 ans, atteint d'ataraxie depuis sa plus tendre enfance. Face à n'importe quelle situation il ne ressent rien. Absolument rien. Alors, tel u...