Chapitre 24 : Ambre Rescue - Lauren Daigle
-C'est quoi ce bordel ! fulmine Dixon en lisant ces mots.
La lettre n'a pas le temps de rester intacte, Dixon la réduit en bouillie entre ses doigts. Je peux sentir la colère émaner de lui. En un instant nous sommes passés d'un moment sensuel à une ambiance lourde et pesante. Je n'ose pas prononcer le moindre mot au risque de le rendre encore plus en colère. Sa respiration est bruyante, je sens qu'il essaie de se calmer par tous les moyens. Je m'approche de lui pour le détendre, mes doigts se posent délicatement sur sa peau brûlante de rage.
-Ne me touche pas Ambre ! Je suis bien trop en colère, laisse-moi quelques minutes pour me calmer, assène-t-il d'une voix tremblante.
Je vois dans ses yeux l'inquiétude. Cette lettre n'est pas la première mais ça il ne le sait pas et je ne sais pas si c'est le bon moment pour le lui annoncer. Mon cœur balance entre lui mentir encore un peu plus et être honnête quitte à le rendre fou furieux. Pourtant, je n'ai pas le temps de réfléchir davantage, Dixon prononce ces quelques mots qui me bouleverse :
-Ambre, j'ai déjà perdu bien trop de personnes importantes dans ma vie, je ne peux pas te perdre toi aussi, me confie-t-il tout en prenant ma tête entre ses mains.
Il me regarde droit dans les yeux, ces derniers sont vitreux montrant à quel point la situation le touche. Cette confession me montre à quel point il tient à moi.
-Tu ne me perdras pas d'accord ?
A l'aide de mes pouces, j'essuie les larmes qui glissent le long de sa peau. Je me mets sur la pointe des pieds pour poser mon front contre le sien et triture ses cheveux soyeux. Petit à petit sa respiration se détend pour revenir à la normale.
-Ma maman est décédée dans un accident de voiture quand j'étais adolescent, commence-t-il ému. Les seules personnes sur qui j'ai pu compter pour me sortir la tête de l'eau sont Max et Riven. Nous nous connaissions depuis notre naissance avec Max et Riven est arrivée dans notre école lorsque nous avions 5 ans. Pendant des années, nous ne nous sommes pas quittés. Tu sais, je suis fils unique alors ces deux mecs représentaient ma famille, mes frères. On faisait les quatre cents coups ensemble. Au lycée, on ne brillait pas forcément par notre intelligence, du moins pour Riven et moi. Max lui s'en sortait comme un chef. On a passé notre diplôme tous les trois et nous l'avons tous obtenu haut la main. Tu ne peux pas savoir à quel point on était heureux, on s'est dit qu'il fallait fêter ça dignement. Au fond de moi, j'espérais que mes parents soient heureux de ce que je venais d'accomplir. C'est vrai, j'avais à peine atteint la majorité et j'étais seul. A cet âge-là, on veut juste rendre nos proches fiers de nous. Seulement on m'en avait privé, poursuit-il la voix tremblante de tristesse.
Le voir dans cet état me fait tellement mal, je souffre avec lui. Je pensais être la seule de nous deux à être brisée mais l'homme que j'aime de plus en plus à aussi ses bagages émotionnels. Et je dois être là pour le soutenir. Il peine à reprendre son souffle, les larmes sont de retour au coin de ses yeux.
Je ne sais pas vraiment quoi faire, d'ordinaire c'est plutôt les autres qui me console. Seulement aujourd'hui ce rôle est le mien. Je lui prends tendrement les mains et les caressent. Son regard plonge dans le mien et la seule chose que je vois c'est cet adolescent vulnérable. Nous restons ainsi jusqu'à qu'il est la force de continuer.
-Avec d'autres potes du lycée, on s'était préparé une sorte de feu de camp avec barbecue chez Riven. En plein mois de juillet quoi de mieux ! On s'éclatait comme des fous. Ce jour était l'un des plus beaux pour moi, depuis des mois. Je vais pas te mentir, l'alcool coulait à flot, les filles étaient présentes par dizaines. Vers deux heures du mat, on avait un bon coup dans le nez mais on voulait s'amuser au maximum. Alors on a décidé d'aller prendre un bain de minuit, et comme Riven habitait près d'un lac c'était l'occasion parfaite. Il voulait y aller en premier, pour se la raconter un peu tu vois sauf qu'il n'avait pas prévu que l'eau soit aussi froide par ce temps estival. Lorsque son corps a plongé dans l'eau, on ne l'a pas vu remonter à la surface. Les secondes se sont éternisées et je me suis inquiété. Sans plus attendre, j'ai sauté pour le récupérer. J'ai eu l'impression qu'en quelques secondes mon corps avait totalement désaoulé. Une fois dans l'eau, je l'ai vu un peu plus loin. Son corps flottait sur le ventre. J'ai beau m'être dépêché, il n'y avait déjà plus rien à faire. Il était mort à cause d'une hydrocution. Son corps n'avait pas supporté ce changement brutal de température.
-Oh non Dixon, je suis sincèrement désolé pour toi.
Si je m'attendais à ce qu'il me fasse cette confession. Je ne savais pas qu'il avait perdu sa mère et un de ses meilleurs amis aussi brutalement et en aussi peu de temps. Je suppose que leurs morts à dû le tuer intérieurement lorsqu'il était jeune. Celle de son meilleur ami à fini de l'achever. Jamais je n'aurais pensé qu'il soit aussi traumatisé. Finalement, nous avons tous les deux vécu une adolescence compliquée. Je l'admire tellement, avant cette confession je n'imaginais pas ce qu'il avait pu traverser. Il parvient à cacher toutes ces émotions négatives, tandis que moi, je suis une petite chose qui craque facilement. Deux âmes brisées peuvent-elles s'entraider ? Personne n'a la réponse à cette question mais je vais tout faire pour le réparer comme il le fait avec moi.
- Tu ne pouvais pas savoir Ambre.
-On se ressemble plus qu'on le pensait finalement, me confié-je en tentant de faire un peu d'humour.
Je ne sais pas si faire de l'humour est la meilleure chose, seulement je veux détendre cette atmosphère pesante. Et je sais que Dixon adore mes blagues, du moins celles qu'il comprend, et surtout qui sont drôles. .
-Tu sais que ton humour est vraiment nul Ambre ! plaisante-t-il en chassant les dernières larmes qui maculent sa peau.
-Oh ça va, il est très bien mon humour. Je te défends de le critiquer.
J'essaie de changer l'atmosphère en passant sur le côté humoristique. Dixon semble bien avoir compris cela et rentre dans mon jeu :
-J'ai quand même un peu envie de te taquiner, me taquine-t-il en me faisant un clin d'oeil complice.
-Oui bah c'est pas drôle. !
Je me retourne pour faire semblant de bouder, mais je n'arrive pas à me retenir de rire. Il m'est impossible de lui faire la tête plus de quelques secondes. C'est déloyal !
-Je te connais par cœur, tu n'arrives pas à me faire la tête.
-Si je te parle plus là.
Toujours dos à lui, je ne parviens plus à retenir mon sourire. Je ne suis pas très douée en relation humaine, alors je suis contente d'avoir changé l'ambiance pesante en une plus légère.
- Ah oui et qu'est-ce que tu es en train de faire
- Rien du tout.
Je baisse la tête pour masquer le sourire qui orne mes lèvres, il est tellement énervant mais je l'aime un peu trop. Je sens son doigt contre mon menton, il m'incite à relever la tête vers lui. Ce n'est plus un sourire qui apparaît sur son visage, il a repris son sérieux.
-Ambre, je ne sais pas ce qui se passe dans ta petite tête, mais tu peux tout me dire tu le sais.
-Oui, seulement parfois il y a certaines choses qu'il vaut mieux ne pas dire.
-Dixon, c'est Riven sur une des photos à l'entrée de la salle ?
- Ouai, en fait cette salle nous l'avons achetée tous les trois avant notre diplôme. Avec les gars nous avons travaillé pendant toutes nos études pour acheter ce vieil entrepôt. Et pendant des semaines, nous avons bossé pour la rendre praticable. Nous avons tout mis dans cette salle, à son décès Max et moi avons hérité de sa part. Je ne savais pas du tout qu'ils nous avaient mis dans son testament. C'est vrai qui en fait un aussi jeune ? Lui l'avait fait, il ne voulait pas que son investissement tombe entre de mauvaises mains.
Ces révélations me permettent de découvrir un peu plus l'homme pour qui mon coeur bat un peu plus vite à chaque fois que nous sommes ensemble. Je suis si triste pour lui et ce qu'il a vécu dans son adolescence, et d'un autre côté, je suis heureuse que des gars comme Max et Riven aient été mis sur sa route.
-J'aurais adoré le rencontrer. Je suis sûre que c'était une personne en or, lui confié-je sincèrement.
-Tu n'as pas idée, un brin vantard, mais dans le fond terriblement gentil, honnête et droit, plaisante-t-il en se remémorant son meilleur ami.
-Tu l'es toi aussi, un homme droit et intègre. Et ce n'est pas la peine de dire le contraire.
Il a ouvert sa bouche pour me contredire mais je l'ai pris de court en posant un doigt sur ses lèvres. A la place un superbe sourire illumine son visage. Je le prends dans mes bras, et plonge mon visage dans son cou. Sentir sa chaleur est très plaisant. Ses bras m'emprisonnent comme s'il ne voulait plus jamais me lâcher. Je prends une grande inspiration, son parfum est enivrant et me fait me sentir en sécurité. L'étau de ses bras se resserre autour de moi. J'aime notre complicité, ces moments où rien qu'en se prenant dans les bras nous arrivons à nous comprendre.
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Il est mon avenir
Romance« Je vais te retrouver, te hanter, te traquer, jusqu'à ce que tu perdes tout, Ambre... » À dix-neuf ans, Ambre est une jeune femme comme les autres, mais elle ne s'assume pas. Loin du cliché de la parfaite bimbo, l'étudiante reflète la réalité et se...