— Raconte-moi tout depuis le début ! Dans les moindres détails, s'impatiente Ava tout en tapant dans ses mains.
Pour la discrétion, on repassera plus tard. Ava vient de nous faire repérer devant l'université. Je lui attrape le bras pour nous emmener dans un endroit bien plus simple, loin des oreilles curieuses.
— Ava ! Je ne veux pas que toute la fac soit au courant de ma vie privée. On en reparlera ce soir chez moi.
— Bon, tu as de la chance d'être ma meilleure amie. En attendant, je crois que nous sommes en retard pour le cours, m'indique-t-elle en regardant l'heure sur sa montre.
Effectivement, nous avons dû courir pour parvenir à la salle sans retard. Faire de la peinture lorsque l'on est essoufflé n'est pas vraiment pratique. Il m'a fallu moins de cinq minutes pour que ma respiration revienne à la normale. On dirait que la salle de sport commence doucement à faire ses preuves. Auparavant, j'aurais mis bien plus de temps pour me remettre d'une telle course à travers le campus.
Le cours est particulièrement intéressant aujourd'hui. Nous devons peindre une scène représentant un moment de bonheur avec pour unique palette toutes les teintes de gris. Un travail dur, le gris évoquant la plupart du temps, la monotonie, la tristesse, ou encore l'oubli. Nous avons jusqu'à vendredi pour finir notre projet. Autant vous dire qu'en deux jours, je vais essayer de faire ressentir la joie à travers ces teintes maussades.
Le reste de l'heure écoule à toute vitesse. Nous ramassons nos affaires et regagnons mon appartement. Cela fait deux jours qu'Ava voulait que je lui raconte comment s'est passé mon rendez-vous avec Dixon. À l'origine, je devais à nouveau apercevoir Dixon hier, mais avec ce qu'il s'est déroulé dans la voiture, je n'ai pas osé le revoir. Heureusement, au café, nous nous étions échangé nos numéros de téléphone au cas où. Alors, après un long moment d'hésitation, je l'ai contacté pour le prévenir que j'étais malade et que notre sortie devait être repoussée.
Seulement, à force de me planquer dans mon coin, de tout cacher aux autres, je fais finir par les perdre. Dixon m'a répondu très succinctement et depuis, je n'ose pas lui envoyer de nouveaux messages, ou encore aller à la salle. La nuit portant conseil, je me suis décidée à dévoiler quelques fragments de mon histoire à Ava et Dixon pour qu'il puisse comprendre pourquoi je réagis de cette façon.
Une fois arrivée à destination, nous nous préparons un bon chocolat chaud et la soirée confession peut commencer.
— Alors, dis-moi tout, je suis tellement impatiente, s'exclame Ava.
— Nous sommes allés dans un café super sympathique et Dixon a été vraiment adorable, puis je me suis légèrement fait cramer en l'observant. Et sans que je ne comprenne pourquoi, son comportement a changé et il a prétendu avoir un truc à faire et m'a ramené chez moi...
— Attends ! Comment ça tu t'es fait cramée ? Qu'est-ce que tu voyais en particulier ? m'interroge-t-elle un peu trop curieuse.
— Il se pourrait bien que mon regard ait glissé vers ses lèvres pendant qu'il parlait et il semblerait qu'il l'ait remarqué.
La bouche d'Ava s'ouvre, sûrement surprise par mes révélations. Il faut dire que mes relations avec les hommes sont peu nombreuses et que ce genre de moments est surprenant de ma part. Je me dis que tant qu'à la surprendre, je vais tout lui dire sur notre baiser.
— Il se pourrait même que nous nous soyons embrassés, annoncé-je sans la quitter du regard.
À cet instant, je crois avoir perdu Ava. Sa bouche s'est agrandie avec ma dernière confession. Pour essayer de la faire revenir, je passe ma main devant ses yeux figés. Tout d'un coup, comme si elle n'avait pas été en bug l'espace de quelques secondes, Ava pousse un cri du cœur.
-Ahhhhhhhhhhh, c'est tellement bien, je suis trop contente pour toi ! s'exclame Ava avec un véritable enthousiasme.
Elle me saute littéralement dessus et nous tombons sur le canapé dans un éclat de rire. Pourtant, je vais devoir casser l'ambiance et lui raconter le reste de notre rendez-vous. Une fois notre rigolade finie, je décide d'aborder le sujet délicat :
— En revanche, il est possible que j'aie tout foutu en l'air après notre baiser, lâché-je à voix basse avant de perdre mon courage.
— Quoi ? Comment ça ?
— Je.. Il s'est passé un truc pas joli joli lorsque j'étais au lycée, et depuis on va dire que je garde des séquelles. Notamment de grandes crises d'angoisses qui s'enclenchent lorsqu'un moment me rappelle cette nuit-là. Et depuis quelques jours, je ne me sens pas totalement en sécurité dehors. Quand nous avons fini notre baiser, j'ai cru apercevoir quelqu'un nous observer et ça a déclenché une crise. Du coup, je me suis plus ou moins échappée de la voiture sans rien lui dire et en le laissant en plan devant chez-moi, achevé-je à toute vitesse en inspirant un grand coup après ma tirade.
Son front se plisse d'incompréhension, passer d'un baiser à s'échapper de la voiture en courant en l'espace de quelques instants, cela est assez déroutant. Ou alors ce que j'ai
énoncé avant la perturbe un peu trop. Je n'aurais peut-être pas dû lui avouer, et si elle me jugeait ou que je devais tout lui raconter. Ce n'est pas le bon moment pour tout lui dire, je ne me sens pas encore prête.
— Je suis tellement désolée de ce qu'il t'est arrivé ma belle, si tu le souhaites un jour tu pourras tout me dire, mais pas de pression. Pour ce qui est de la sécurité, tu devrais en parler avec Dixon, tu sais le tas de muscles ambulants. Il t'apprécie vraiment Ambre, d'après tout ce que tu m'as raconté. Tu devrais retourner à la salle et parler avec lui, je suis sûre que si tu lui dis ce que tu viens de me confier, il saura te pardonner et être là pour toi.
Ava me reprend dans ses bras, un moment de réconfort qui me fait tellement de bien. M'être livrée à quelqu'un après toutes ces années est une véritable délivrance. Mon amie a raison, je dois en parler avec Dixon, après tout il s'agit du garçon que je fréquente. Avant même que je ne puisse prononcer la moindre parole, Ava se relève d'un seul coup et s'écrie :
— J'ai une idée de génie !
Devant mon air interrogateur, elle poursuit :
— On va se rendre à la salle de sport toutes les deux, comme ça, tu pourrais parler avec Dixon et je serais là en soutien.
— C'est vraiment une bonne idée, mais on n'a pas de vêtements de sport !
— Ma belle, on ne vient pas vraiment faire du sport. L'unique but est de reparler à ton copain et de le reconquérir, affirme-t-elle avec conviction.
Une conversation s'impose, et je pensais après avoir fait le premier pas avec Ava que cela serait facile de discuter avec lui, mais le stress m'envahit d'un seul coup. Et si je n'étais pas capable de prononcer le moindre mot, et s'il s'en fichait totalement de ce que je vais lui confier, et s'il ne me croyait pas... je secoue la tête. Je dois arrêter d'anticiper toutes les possibilités de réaction des gens. Inspirant un bon coup, je hoche la tête en accord avec Ava. Toutefois, il est nécessaire de corriger un petit détail :
— Allons-y, par contre, ce n'est pas encore mon copain, tu sais, énoncé-je.
— Mais tu en as terriblement envie, sinon tu n'aurais pas dit « ce n'est pas encore mon copain », s'exclama Ava tout en tapant dans ses mains sûrement d'excitation.
Ce serait mentir que de dire que je ne souhaite pas être avec lui, au contraire, même si cela m'effraie. Je n'ai été en couple que deux fois pour de courtes durées, et c'était bien avant d'avoir le physique que j'ai maintenant. Alors, tenter une relation avec un homme bien trop beau pour moi est terrifiant.
Après quelques minutes de préparation, histoire de ne pas avoir l'air trop mal fringué, nous nous mettons en route : direction la salle. Durant tout le trajet, l'angoisse n'a cessé de se frayer un chemin dans mon ventre. Mes pieds s'arrêtent avant de franchir la porte, ce n'est pas le moment de reculer.
________________________________________________________________________________
Hey,
Etant pas mal occupée durant mes vacances, je vous poste ce chapitre même s'il n'est pas corrigé pour éviter de vous faire attendre encore plusieurs jours. Les choses sérieuses arrivent très vite.
Bye bye.
VOUS LISEZ
Il est mon avenir
Roman d'amour« Je vais te retrouver, te hanter, te traquer, jusqu'à ce que tu perdes tout, Ambre... » À dix-neuf ans, Ambre est une jeune femme comme les autres, mais elle ne s'assume pas. Loin du cliché de la parfaite bimbo, l'étudiante reflète la réalité et se...