Il est mon avenir

Chapitre 11 : Dixon

Ma journée a mal débuté ; je me suis cogné le pied deux fois, puis brûlé avec mon café. Généralement, quand ça commence de cette manière, la suite n'est pas très bonne. Finalement, la journée s'est bien déroulée, sans aucune embûche. Elle s'est même avérée d'autant plus positive lorsque je l'ai vue passer le pas de la porte.

Après un échange rapide avec Max, je la vois se diriger vers les vestiaires. D'un seul coup, je sens le regard de mon ami sur moi. Lorsque je le croise, un sourire entendu franchit ses lèvres. Il me fait vraiment rire, je sais pertinemment qu'il essaie de me passer un message par rapport à Ambre. Ce gars n'est pas mon meilleur pote pour rien.

Un client m'interpelle pour aller l'aider. Parfois, je souhaiterais disparaître l'espace de cinq minutes. Mon travail me passionne, mais les gens sont très prenants et ont du mal à se débrouiller par eux-mêmes. Ou bien la seule personne qui m'intéresse et que j'ai envie d'épauler se trouve dans les vestiaires. Absorbé par l'individu en face de moi, je ne me rends compte qu'elle a fini de se préparer que lorsque je la vois monter sur le tapis. Sans savoir pourquoi, le découvrir en train de courir me remonte le moral.

Je ne peux pas m'empêcher d'abandonner mon abonné à ses exercices pour aller lui parler. Cependant, ma bonne humeur soudaine s'éteint lorsque je l'aperçois pleurer. Discrètement, je m'approche sans toutefois l'interrompre. Je ne sais pas ce qui me prend, cela ne me regarde pas, pourtant, m'éloigner d'elle est impossible. Le temps s'écoule et je la vois émerger à nouveau quand l'appareil lui signale que son échauffement est fini. Elle descend de la machine de torture, comme elle aime si bien l'appeler. Ses jambes flageolent toujours un brin trop à mon goût et je ne manque pas de lui faire savoir.

— Tu es allée un peu fort sur le footing, la sermonné-je.

Elle semble surprise de me voir là, mais acquiesce sachant que j'ai raison. Elle utilise son haut pour essuyer les dernières larmes qui maculent ses joues. Cela me fait un pincement au cœur, je n'apprécie déjà pas de regarder les gens pleurer en temps normal, mais la voir elle me chamboule plus. Peut-être que je peux lui montrer que je ne suis pas un ennemi et qu'elle peut se confier si elle en ressent l'envie.

— Tu vas bien ?

— Oui, j'avais juste besoin d'extérioriser un surplus d'émotions, prononce-t-elle peinant à se remettre de cet entrainement.

À en juger par son souffle difficile, et ses yeux rougis par les larmes, ce qu'elle avait à évacuer devait être important.

— Si jamais tu veux en parler, je suis là, proposé-je sincèrement.

Ma proposition semble la toucher même si je sais qu'elle va la décliner. Nous ne connaissons pas depuis très longtemps, et je comprends que se livrer à un inconnu est particulièrement délicat.

— Merci, c'est gentil. Tu es aussi psychologue en plus de coachs sportifs ? rigole-t-elle les joues rougies par l'effort.

— J'ai plusieurs cordes à mon arc.

Je lâche un clin d'œil en lui disant cela, sans savoir ce qui me prend. Je l'invite à s'étirer pour finir d'échauffer son muscle et prévenir tout risque de blessure. Je n'ai pas le temps de discuter davantage, car une cliente vient me demander mon aide ou du moins elle fait semblant. Je ne veux pas paraître méchant, son ultime but n'est pas d'avoir des conseils, mais plutôt mon numéro. Je réponds rapidement et de manière nonchalante à ses questions, voulant rejoindre Ambre qui est bien plus intéressante que cette bimbo, lorsque le courant se coupe.

Depuis que nous tenons cette salle, nous n'avons jamais eu ce problème. J'entends les gens crier de surprise, mais le silence revient aussitôt une fois que j'indique à tout le monde de rester calme. Max me dit qu'il va s'occuper de ramener l'électricité. Quant à moi, je m'assure que les personnes présentes autour de moi aillent bien. Au loin, un bruit presque imperceptible attire mon attention, on dirait que quelqu'un fredonne une mélodie. Je ne m'en préoccupe pas au premier abord, pensant prioritairement à retrouver Ambre. Aucun recoin de cette salle ne m'est inconnu alors je me dirige lentement vers le dernier endroit où je l'ai vue. Tout à coup, la lumière revient et m'éblouit l'espace de quelques instants.