Chapitre 27 : Ambre

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Chapitre 27 : Ambre

Tandis que nous sommes sur le point de franchir les portes d'entrée de la salle de sport, mon portable m'annonce l'arrivée d'un message. Je le regarderai lorsque j'irai me changer. Dixon de son côté ne semble se préoccuper de rien. Il marche d'un pas décidé tout en me tenant la main. Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre avec cette première séance de self défense personnalisée. Celles ouvertes au public ont lieu les mardis et jeudis à partir de dix-huit heures. Dixon en a décidé autrement pour moi, pas de cours avec du monde, juste lui et moi. Je dois bien avouer que cela ne me pose pas de problème, l'avoir rien qu'à moi est plaisant.

Rien que de repenser à ce moment unique que nous avons passé tous les deux hier suffit à me donner envie de recommencer. La chaleur de ses mains sur ma peau, ses baisers passionnés qui m'ont tant fait tourner la tête. Sa bouche parcourant délicatement mon épiderme jusqu'à l'explosion totale. L'idée qu'aucune autre femme ne pourra le toucher pendant cette séance est satisfaisante.

Nous passons devant Max qui est prêt à l'accueil pour recevoir les abonnés. Il me lance un clin d'œil qui me fait rire attirant ainsi l'attention de mon cher copain. Il se tourne alors vers son meilleur ami pour connaître l'origine de mon amusement. Max lui lance alors un baiser dans les airs qui nous fait pouffer tous les deux. Ce gars est si drôle et sans prise de tête, je me demande encore pourquoi il n'y a aucune femme qui a su voir ses qualités.

Dix me laisse me rendre au vestiaire tandis qu'il va aller voir si les premiers clients ont besoin d'aide. J'en profite ainsi pour checker mon téléphone. Cela doit surement être Ava ou Lizzie, ces dernières sont à fond sur mon histoire avec le coach sportif. J'ai l'impression de leur raconter un roman qui s'écrit au fur et à mesure de nos rencontres.

À mon grand regret, ce n'est pas leur nom qui s'affiche, mais un numéro que je ne connais pas. Mon cœur loupe un battement en voyant les premiers mots apparaitre. Les autres suivent et me procurent une sensation de peur intense. Comme si j'allais trouver l'émetteur de ce message, je me retourne dans tous les sens. Les prémisses d'une crise d'angoisse font leur apparition. Quand cela va-t-il enfin s'arrêter, je n'en peux plus de vivre avec ce stress permanent.

« Alors comme ça tu es allé voir la police Ambre. Je te pensais un peu plus intelligente ! Si jamais tu vas les revoir, je peux te promettre qu'un de tes proches risques de passer un mauvais moment »

Mes yeux restent fixés sur ces mots qui renferment une menace. Comment puis-je prendre le risque qu'un membre de ma famille ou de mes amis soit blessé par ma faute. Ils ont déjà assez souffert par le passé. Je ne peux pas en parler à Dixon, il se rendrait immédiatement à la police et ça ne ferait qu'aggraver les choses. Angoissée, je range mes affaires dans un des casiers disponibles, puis attache mon cadenas et pars rejoindre l'homme qui me permet de rester la tête hors de l'eau.

Il faut que je réussisse à rester neutre, et pas à montrer ma peur sinon il se douterait de quelque chose. Je le vois en très charmante compagnie, mais j'essaie de prendre sur moi. Je lui fais entièrement confiance, alors il faut que je parvienne à faire face à la réalité. C'est une partie de son métier qui le confronte aux femmes au quotidien. Certes la plupart sont des mannequins dignes de défilés pour les plus grandes marques, seulement, il n'est pas avec elle, mais avec moi. Et ça aussi il va falloir que je l'accepte et que ça se fasse une place dans un coin de ma tête.

Il me rejoint tout sourire, prêt à me montrer les meilleures techniques de défense. Je lui rends son sourire puis m'approche de lui.

— Alors ma belle, prête à te battre face à moi, me demande-t-il avec un air de défi.

Comme si je pouvais le battre. Je monte les yeux au ciel pour lui montrer sa bêtise, ce qui le fait davantage sourire.

— On va commencer par un petit échauffement de dix minutes, tu vas courir autour du ring pour chauffer tes muscles, puis on fera quelques exercices de renforcement. Les dix minutes qui suivent sont de la torture absolue. Pourquoi ai-je accepté de faire ça déjà ? Ah oui pour apprendre à me défendre. Je finis essoufflée comme un bœuf, rien de bien romantique devant son copain. Pourtant, lui semble s'en moquer complètement. Il n'est pas mon petit ami à ce moment-là, mais bien mon entraineur.

— Aller Ambre, on inspire par le nez et on expire par la bouche pour faire redescendre ton rythme cardiaque, me conseille-t-il en me montrant la marche à suivre.

Je suis ce qu'il me dit puis finis par me calmer à nouveau. Cet échauffement m'a refroidi du moins en ce qui concerne mon envie de continuer cette séance.

Il me montre des gestes de base, et comment tirer avantage de mon corps face à un adversaire. Selon lui, ce n'est pas parce que je suis ronde qu'il m'est impossible de me défendre. Je dois chercher les failles chez mon ennemi. De plus, il me montre une technique relativement efficace pour faire reculer un potentiel agresseur.

— Si quelqu'un te prend au piège face à un mur par exemple et que tu n'es pas en mesure de bouger la plupart de ton corps alors dans ce cas-là essaie de viser sa gorge. Si tu le frappe assez fort aux bons endroits, cela va lui couper la respiration et le faire reculer par la même occasion, te laissant ainsi une porte de sortie. On va essayer ensemble. Imagine que je suis une personne mal intentionnée et que je te bloque comment ferais-u ? Souviens-toi de ce que je viens de te dire.

Pour donner un peu plus de réalisme à la scène, il me coince contre un des quatre coins du ring. Ses bras emprisonnent les miens et m'empêchent de me mouvoir. J'ai beau réfléchir, il m'est impossible d'utiliser mes mains comme il vient de me le dire. Voyant mon incompréhension face à la situation, il se met à se moquer gentiment de moi.

— Utilise ta tête Ambre. Quelle partie d'un homme tu pourrais toucher pour le...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que je lui balance un coup de genou bien placé. Sans réellement réfléchir, j'applique ensuite la technique qu'il m'a apprise précédemment. Je frappe vite dans sa glotte. Pour éviter de lui faire mal, je ne le fais que très peu fort. Il recule néanmoins de plus d'un mètre en se tenant les parties intimes. J'y suis peut-être allée un peu fort avec mon coup de genou. Sans plus attendre, je le rejoins à genoux sur le ring.

— Excuse-moi, je t'ai fait mal, pardon Dix, je... je ne sais pas trop ce qui m'a pris, confié-je angoissé par son manque de réponse. En relevant les yeux, je me rends compte que certains clients se sont arrêtés dans leur séance pour nous observer. La honte. Je me reconcentre sur mon copain qui ne parvient pas encore à se remettre debout.

— Tu viens de réduire à néant nos chances d'avoir des enfants Ambre, grogne-t-il tentant de faire une touche d'humour.

Je ne peux me retenir de rire face à ses mots. De son côté, ses iris sont relativement sombres encore, oups, je crois qu'il est toujours en proie à la douleur. Je me relève et lui tends la main. Il s'en saisit, mais au lieu de se redresser il m'entraine avec lui au sol puis me fait rouler. Désormais au-dessus de mois les deux mains prisonnières des siennes, je n'ose pas faire le moindre geste. Une certaine tension apparait dans le creux de mon ventre. Une chaleur sourde se propage dans mon corps. Il se contente de me regarder sans émettre le moindre bruit et sans bouger. Sa respiration est plus lourde, je crois bien que cette séance a légèrement dévié de son objectif initial.

— Et cette fois-ci, tu te débrouillerais comment ma belle ? me murmure-t-il au creux de l'oreille.

Aucune idée ne me vient, mon cerveau semble totalement embrumé par ce superbe spécimen qui me regarde avec envie. Ses yeux me rappellent une scène gravée dans ma tête depuis plusieurs jours. Lui entre mes jambes dans ma chambre.

— Tu sais que je pourrais très bien t'emmener dans notre salle de repos pour te faire toutes les choses auxquelles tu es en train de penser.

Soudain, mon cerveau décide de se remettre en marche et je me rends compte de notre position au milieu de la salle. Je n'ose même pas tourner la tête, les gens doivent nous observer. Mon regard paniqué le décide à me lâcher et sans prendre le temps de regarder autour de moi, je cours jusqu'aux cabines. 

Il est mon avenirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant