Chapitre 25 : Dixon
Notre étreinte se poursuit pendant quelques minutes. Malgré tout ce qui vient de se passer, je n'oublie pas la lettre de menace roulée en boule sur la table basse. Il faut que nous en discutions, cette situation est grave !
— Il faut que tu me dises la vérité Ambre, est-ce que tu sais qui est derrière cette lettre ?
— Je n'en sais strictement rien, je... je, balbutie-t-elle en proie à la panique.
Elle est totalement paniquée, je peux sentir sa peur à des kilomètres. Ces cours de self-défense vont devenir plus récurrents. Je ne peux pas risquer qu'elle soit sans défense si je ne suis pas là pour la protéger.
— Il faut que tu me dises tout ce que tu sais, je vais trouver qui est ce fils de pute qui te veut du mal, lancé-je hargneux.
— Tu ne vas rien faire du tout Dix, on ne sait pas qui est derrière tout ça. Moi non plus, je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit !
Quelle tête de mule !
— Alors, allons voir la police, au moins eux pourront nous aider ! m'invectivé-je.
— D'accord, nous allons y aller, abandonne-t-elle d'une mine dépitée.
Elle se lève pour s'éloigner de moi et cela ne me plait pas. Il faut qu'elle me parle, la communication est la clé de tout.
— Ambre, parle-moi, je suis de ton côté.
— J'ai peur, je suis totalement effrayée. À chaque fois que je marche dans la rue, cette sensation d'être suivie me taraude sans cesse. Dès que je m'approche de ma porte d'appartement, l'angoisse de trouver une nouvelle lettre me tord l'estomac. Mes nuits sont peuplées de cauchemars, je me revois il y a quelques années seule sans défense, et je ne veux plus que ce soit le cas, ajoute-t-elle d'une voix tremblante de chagrin.
— Tu ne l'ai plus, tu n'es plus seule Ambre, lui affirmé-je droit dans les yeux.
Mes mains se posent délicatement sur ses joues. Ce ne sont pas des paroles en l'air, et elle doit le comprendre. Sa sécurité est ma priorité, peu importe ce qu'il faudra faire.
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Il m'a fallu près de trois heures pour la convaincre de se rendre sans plus attendre au poste de police le plus près de chez elle. En aucun cas il était envisageable de la laisser seule dans cette situation cela ne pouvait plus durer. Pourtant, je sais qu'elle ne me dit pas tout, les mensonges marquent son visage. Dès qu'elle est sur le point de me confier quelque chose, des milliers de pensées lui traversent l'esprit puis finalement aucun mot ne sort de sa bouche.
— Tu es sur Dix ? Je veux dire, on est peut-être trop à fleur de peau et les policiers vont se moquer de nous !
— Tu ne me feras pas changer d'avis Ambre, on ne rentrera pas avant d'avoir déposé plainte, grondé-je épuisé par cette bataille verbale.
Cette recherche perpétuelle de fuite me fait tiquer. J'ai la sensation que ce qu'elle me cache est bien plus important qu'une simple lettre de menace. Mes pensées sont arrêtées lorsqu'Ambre s'arrête brutalement en plein milieu du chemin. Mes sourcils se froncent avant de comprendre que nous sommes arrivés. Ambre se tend face à l'édifice, pour lui donner un peu de courage, ma main attrape la sienne. Nous pénétrons dans la station, du monde grouille de partout et je ne sais plus où donner de la tête.
— Je peux vous aider ? nous questionne une voix inconnue.
Une policière nous interroge du regard attendant que l'un de nous daigne ouvrir la bouche. Ma belle ne semble pas décidée à parler pour le moment alors je prends la parole en premier.
— Ma petite amie a reçu une lettre de menace aujourd'hui et elle se sent suivie alors on voulait avoir de l'aide.
— D'accord, je vais voir avec un inspecteur s'il serait disponible pour vous recevoir.
Nous hochons la tête en guise de réponse. Elle nous invite à patienter dans la salle d'attente prévue à cet effet. Les minutes sont longues et le silence entre nous deux pesant. Aucun mot n'est sorti de sa bouche depuis notre entrée dans le poste.
— L'inspecteur est disponible, veuillez me suivre, nous invite une dame d'une cinquantaine d'années.
Toujours main dans la main, je peux sentir à quel point Ambre est fébrile. La paume de sa main est moite à cause de l'angoisse. Nous sommes reçus par un vieil homme dont l'insigne de police est visible autour de son cou. Celui-ci à un visage fermé et ne semble pas très coopératif. J'espère néanmoins qu'il ne va pas nous envoyer bouler.
— Qu'est-ce qui vous amène jeunes gens ?
— Et.. Alors... je, bégaie Ambre face à ce policier.
J'ai l'impression de retrouver Ambre lors de notre rencontre à la salle. Elle avait totalement perdu ses moyens face à Max et moi. La Ambre que je connais a pris en assurance depuis, et cela me fait mal au cœur de la voir perdue face à cet inspecteur.
— Ma petite amie se fait harceler par un inconnu, elle a reçu une lettre de menace aujourd'hui et depuis plusieurs semaines elle a la sensation d'être suivie, prononcé-je à sa place.
— Avez-vous apporté cette lettre pour que je puisse voir ce qu'il en est ?
J'acquiesce d'un signe de la tête puis me penche vers le sac à main d'Ambre qui n'ose toujours pas bouger ou prononcer le moindre mot. Le bout de papier chiffonné est dépassé par ce dernier et je la lui tends. Il hausse les sourcils face à l'état du document puis plonge son regard dans le mien. Gêné d'avoir surréagi à cause de la colère, je me gratte la nuque et lui lance un regard contrit.
— Étant donné l'état du papier, je ne suis pas sûr que l'on pourra en tirer grand-chose. Y a-t-il un autre élément matériel à me soumettre ? Ou uniquement des ressentis ? nous questionne-t-il sur un ton presque blasé par la situation.
Il nous regarde comme si nous lui faisions perdre son temps. Ce comportement a le don de me rendre fou. À notre époque, on ne prend plus les menaces au sérieux. Il faut attendre qu'un crime soit commis pour réagir ? Alors que je m'apprête à lui répondre négativement, Ambre décide de prendre la parole et ce qu'elle ajoute me rend encore plus en colère :
— En réalité, j'ai reçu une autre lettre il y a quelques semaines.
Cette phrase provoque un électrochoc en moi. Cela fait des semaines qu'elle a reçu cette lettre, mais elle ne m'a rien dit. La colère monte un peu plus à chaque instant. J'essaie de faire bonne figure pour le moment, nous en reparlerons plus tard tous les deux.
— Que dit cette lettre, l'avez-vous en votre possession ? l'interroge l'inspecteur.
— Non, je l'ai jetée directement. Je ne voulais pas que ça recommence, souffle-t-elle d'une voix si faible que sa dernière phrase est à peine audible.
Que cela recommence ? Ces mots me permettent de comprendre davantage son comportement. Ce n'est pas simplement une petite peur qui la suit chaque jour. Elle doit être terrorisée de recevoir des menaces, de se sentir suivie. Il n'est pas seulement question d'un ressenti, mais bien d'un acte d'une personne tordue. Et cela me fait plus peur pour elle.
— Il y a aussi eu un incident dans ma salle de sport, quelqu'un a trafiqué le compteur électrique et une autre fois nous avons eu une effraction. La police est intervenue et avec mon associé, nous avons porté plainte, rajouté-je pour apporter plus de poids à notre déclaration.
Les minutes suivantes ne sont que dépositions et discussions entre nous trois. Cette séance de questions-réponses a été éprouvante pour Ambre et moi. Je suis vidé d'énergie et ma seule envie est de me blottir contre elle et dormir pendant de longues heures. Seulement, il faudra d'abord que nous discutions des révélations du jour. Elle ne peut pas me cacher des éléments aussi importants.
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Il est mon avenir
Romance« Je vais te retrouver, te hanter, te traquer, jusqu'à ce que tu perdes tout, Ambre... » À dix-neuf ans, Ambre est une jeune femme comme les autres, mais elle ne s'assume pas. Loin du cliché de la parfaite bimbo, l'étudiante reflète la réalité et se...