Chapitre 43 : Ambre
Dixon me taquine légèrement, et je suis reconnaissante qu'il essaie de détendre l'atmosphère. Pourtant, ce que je m'apprête à lui dire n'est pas joyeux, et va être dur à annoncer, mais je lui dois la vérité.
— Ça s'est passé il y a deux ans...
Ces petits mots me replongent dans des souvenirs que j'aurais préféré oublier à jamais.
— Nous venions d'entrer en dernière année au lycée avec Lina. C'était ma meilleure amie depuis plus de dix ans. Nous connaissions tout l'une sur l'autre et elle était bien plus qu'une simple copine pour moi. À l'époque, je n'étais pas la même fille qu'aujourd'hui. En y repensant, il n'y avait pas plus superficielle que moi, plaisanté-je en me remémorant cette époque.
Je ne suis pas capable de regarder Dixon dans les yeux, la peur qu'il ne me voie différemment me traverse l'esprit. Pourtant, je tiens à lui dire toute la vérité.
— Je passais mes après-midis à faire du shopping avec l'argent de papa et maman, ou bien j'allais au spa et une faire une manucure. En résumé, l'inverse de ce que je fais aujourd'hui. Lina et moi n'étions pas dans la même classe, par conséquent, j'essayais de me réconforter avec des vêtements ou des chaussures. Nous n'avions jamais été séparés depuis notre rencontre alors c'était un sacré changement pour nous.
Je m'arrête une minute pour souffler. Tout ce que je viens de lui dire n'était que l'introduction. Il me faut prendre mon courage à deux mains pour entamer la partie la plus dure de mon récit.
— Elle était raide dingue d'un garçon de notre classe Matthew, on ne va pas se le cacher, c'était un des plus beaux mecs du lycée. Pas le plus studieux, mais en apparence il paraissait très sympathique. Et il était dans ma classe, alors j'avais un peu le rôle d'espionne. Elle me demandait tout le temps avec qui il trainait, ce qu'il faisait, ça tournait à l'obsession. Seulement, je n'ai rien fait pour l'empêcher de tomber amoureuse de lui à un tel point qu'une fois qu'elle a réussi à sortir avec lui, elle ne restait presque jamais avec moi. Je commençais à regretter qu'il soit entré dans sa vie, mais après réflexion j'aurais préféré. Je.. je
Les paroles se bloquent dans ma gorge, je n'arrive plus à réfléchir et à former des phrases cohérentes.
— Ambre, prend ton temps, si c'est trop dur pour toi on en parlera une autre fois.
Dixon s'empare de mes mains pour les serrer et me donner du courage. La chaleur de son corps vient immédiatement réchauffer le mien. Je me sens rassurée en sa présence.
— Après coup, j'aurais préféré qu'il n'existe pas. Sans lui, je n'aurais pas perdu ma meilleure amie et le peu de confiance que je pensais avoir, ricaner-je nerveusement.
Pendant près de deux mois, Lina passait son temps à me parler de lui. Ce qu'elle ne savait pas encore, c'est qu'il me draguait ouvertement. J'avais beau tout faire pour le repousser, il arrivait toujours à me surprendre. Et un jour, tout a dérapé. J'étais en train de laver après l'entraînement de basket. À l'époque, j'étais la capitaine de l'équipe, une grande fierté pour moi. Comme à mon habitude, je profitais des douches du lycée au maximum. Quand tout d'un coup, les lumières se sont éteintes.
Une angoisse soudaine me prend à la gorge. J'ai comme la sensation que je vais vivre à nouveau cette scène, mais il n'en est rien. Dixon pose ses mains sur mes joues et appuie son front contre le mien.
— Souviens-toi Ambre, il ne te fera plus de mal, imagine que chaque geste qu'il t'a fait en mal, je les ferais en bien. Le noir n'est pas ton ennemi, c'est dans ta tête. Ferme les yeux et écoute ma voix. Remplace sa voix par la mienne comme nous avions fait à la salle, me réconforte-t-il avec une délicatesse qui me touche tellement.
— J'ai pensé à une coupure d'électricité, repris-je armée d'un courage inattendu, mais plus les secondes s'écoulaient plus je sentais une présence s'approcher. C'était lui Dixon, il m'espionnait sans cesse depuis des semaines, m'envoyais des messages à la limite du harcèlement. Je n'ai rien dit à personne, ne voulant pas passer pour la folle de service. Mais surtout parce qu'il était populaire et moi aussi et à cet âge-là, on ne s'intéresse qu'à notre apparence et notre positionnement dans la société. Quelle idiote quand j'y repense ! Les pas se sont rapprochés et le seul réflexe que j'ai eu a été de saisir ma serviette pour l'enrouler autour de moi.
Je sens Dixon se tendre à côté de moi, ses poings se serrent si fort que j'ai peur qu'il ne se casse quelque chose. Cette fois-ci, c'est à mon tour de le calmer. Je pose ma main sur la sienne pour le détendre. S'énerver ne mènera à rien, cette histoire est du passé et il ne pourra rien y changer.
— Et d'un seul coup, cette personne m'a poussé contre le mur des douches. Mon dos a cogné contre la paroi carrelée. Je sentais sa respiration sur mon visage, ses mains me toucher. J'ai réellement su que c'était lui quand il m'a demandé si j'avais reçu son texto où il m'invitait chez lui. Je l'avais bien eu et immédiatement oublié. Les minutes m'ont semblé être des heures pendant qu'il continuait à me parcourir avec ses doigts immondes. J'étais totalement tétanisée, mais lorsqu'il s'est approché du nœud qui retenait ma serviette, là j'ai réagi ! Je lui ai donné un coup de genou bien placé, mais c'était déjà fini, il venait de me rendre faible.
— J'étais angoissée de sortir de chez moi, encore plus de retourner au lycée. J'avais même peur quand mon père m'apportait à manger dans ma chambre. Il suffisait qu'il pose sa main sur mon épaule pour qu'une crise de panique me submerge. Le dégoût m'a envahi pendant de nombreux mois, je m'en voulais de ne pas avoir réagi plus tôt et de l'avoir laissé me toucher. Je ne pouvais plus dormir sans une veilleuse comme pour les enfants sauf que j'avais 17 ans. J'ai passé presque six mois, enfermée dans ma chambre, à me goinfrer de nourriture parce qu'à ce moment-là c'était la seule chose qui me réconfortait. Mon corps me répugnait depuis l'agression alors je n'avais pas de scrupule à manger pour le rendre encore plus laid. Je me suis dit que si mon corps était rebutant plus aucun homme ne s'approcherait pour me faire du mal.
— Et qu'est-il arrivé à ce connard ? me demande-t-il sur les nerfs à la suite de mes révélations.
— Il a été arrêté, une aubaine pour moi ma coach venait vérifier qu'il ne restait personne alors elle l'a vu m'agresser. C'est elle qui a appelé la police. Sans elle, peut-être qu'il n'aurait jamais été attrapé.
— Je te promets que la seule envie que j'ai, c'est de le tuer de mes propres mains, me confie-t-il sur un ton sérieux.
Je ne souhaite pas qu'il lui fasse du mal. Non pas pour protéger mon agresseur, mais pour le protéger lui. L'homme que j'aime. Je ne veux pas qu'il gâche sa vie pour un monstre.
— Dixon, je n'envisage pas que tu risques ta vie pour moi. Mon quotidien n'aurait plus aucun sens si je te perds toi aussi.
Je posais ma main sur la sienne, même si ces menaces de mort devraient m'effrayer, je souris. Je suis heureuse qu'il veuille prendre ma défense, mais cela doit rester des paroles et non des actes.
— Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Pourquoi tu dis que tu as perdu ta meilleure amie ce jour-là ?
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Hey,
On approche doucement de la fin de cette histoire il reste une dizaine de chapitres avant de connaître le dénouement de mon histoire qui me tient à cœur. J'espère que vous avez aimé leur relation et ces premières révélations.
Bye bye.
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Il est mon avenir
Romance« Je vais te retrouver, te hanter, te traquer, jusqu'à ce que tu perdes tout, Ambre... » À dix-neuf ans, Ambre est une jeune femme comme les autres, mais elle ne s'assume pas. Loin du cliché de la parfaite bimbo, l'étudiante reflète la réalité et se...