Le son du vent dans les branches était doux et entêtant. Une pâle lumière grise filtrait entre mes paupières, alors qu'une odeur sèche et parfumée envahissait mes narines. J'ouvris les yeux complètement, pour ne trouver entre mes doigts que les longues mèches vif-argent de Ren, qui dormait paisiblement à mes côtés. Je faisais souvent ce genre de rêve ces derniers temps... La Terre. De la verdure et des arbres. Quelque chose que je n'avais jamais connu, mais qui était inscrit dans ma mémoire génétique, et qui me manquait.
La douloureuse sensation de serrement au fond de mon abdomen me ramena vite à la réalité. Surtout, j'avais horriblement mal au dos. Je me tournai sur le côté tant bien que mal, faisait face à Ren qui dormait toujours. Mais il avait un sommeil de félin, et ne se reposait toujours que d'un œil. Surtout ces derniers temps... Dès qu'il me sentit bouger, il ouvrit ses grands yeux miroitants et les posa sur moi.
— Tu as mal, remarqua-t-il posément.
— Bonjour, Ren, répliquai-je en esquissant un sourire qui devait plus tenir du rictus.
Ren, lui, ne rigolait pas. Il posa sa grande main sur mon ventre, avec autant de précautions que s'il manipulait un œuf géant.
— Je vais appeler Dea, décida-t-il en se levant.
— Non, pas la peine... Reviens plutôt te coucher.
Mais c'était trop tard. Ren déplia son immense silhouette — j'étais toujours surprise par les dimensions de son corps et l'impression de puissance qu'il dégageait — et se dirigea vers l'holocom que j'avais laissé la veille sur un pouf géant, avant d'aller me coucher. Je me servais de cette machine troquée juste avant de quitter le monde civilisé pour échanger des blagues avec Dea. Mais pour Ren, c'était un outil de commandement.
— Je te prie d'examiner Rika tout de suite, ordonna-t-il d'une voix sombre.
Comme d'habitude, il s'inquiétait.
— Ren, je t'assure, ça va bien ! tentai-je, émergeant à peine des coussins.
Il reposa le holocom.
— Je sais que tu souffres, lâcha-t-il sans me regarder. C'est normal. Le corps humain n'est pas fait pour porter des embryons ældiens. Et tu es...
— ... une faible femelle de petit gabarit, récitai-je en grognant.
Ren m'octroya enfin un regard.
— Je n'allais pas dire faible, tempéra-t-il. Mais oui, tu es en effet une femelle de petit gabarit.
Je le regardai enfiler sa tunique. Ren s'était récemment décidé à remettre ses vêtements ældiens : cela lui allait merveilleusement bien, et le voir revêtir ces tenues de séduisant prince de l'espace me faisait toujours de l'effet. Mais pas autant que de le voir nu. Et j'avais un besoin viscéral de sentir sa peau contre la mienne.
— Tu viens me faire un câlin ? tentai-je timidement.
Ren se tourna vers moi, offrant à mon regard son magnifique torse sculpté. Mais il ne s'approcha pas du lit.
— Dea doit t'examiner.
Il boutonna sa tunique, soustrayant ses muscles noirs à mon regard concupiscent.
— Sois patiente, me rassura-t-il en passant une main caressante sur mes cheveux. On aura tout notre temps pour ça ce soir.
Je me laissai tomber dans les coussins en soupirant. « Ça ». Avec ce démonstratif peu inventif — l'une des nombreuses lacunes de son vocabulaire en Commun —, Ren faisait allusion à ce qu'il nommait également son « devoir de mâle ». Autrement dit, les galipettes.
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LA CHAIR ET LE MÉTAL (Ne me mords pas)
Science FictionLa proie : "On l'appelle Obscur, incarnation vivante des ténèbres. Un cœur plus noir que la nuit elle-même. Cœur ? Ce monstre n'en a pas." Le chasseur : "Je l'appelle Faël, celle à la blanche chevelure. La proie la plus appétissante que je n'ai eu s...