Part 2 Chp 6 - Tamyan : pour les beaux yeux d'une femelle

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Cyg-cerdedd


Cette nuit, je me suis vu dans le corps d'un humain. Une femelle humaine, plus précisément. Elle marchait dans un champ doré, sous les rayons du soleil couchant. Sa longue chevelure blanche flottait librement sur ses épaules. Elle portait une robe simple, sans couleur ni matière. Sa peau avait la texture du fruit défendu.

Faël.

Je me réveille en sueur dans la cabine que mon cousin m'a prêté, seul. Je me souviens que je n'ai pas réussi à toucher aux deux aslith que Lathelennil m'a fait amener, la veille. Je les ai renvoyées en pleurs dans le sérail, en leur disant que je ne dirai rien. Elles avaient peur d'être revendues.

Je n'ai même pas pu boire leur sang. J'ai passé la soirée à écouter leurs doléances, au lieu d'user d'elles, de les torturer, de les dévorer. Je suis devenu faible. Une caricature de moi-même.

Rhach.

Je pose mes pieds sur le sol glacé. On ne peut pas dire que le vaisseau de mon cousin soit des plus confortables... l'ameublement est sommaire, spartiate. Tout mon corps crie de douleur, mais je me force à me lever. Je ressens encore les effets de la configuration. Et maintenant, parce que j'ai échangé mon sang avec elle, j'ai une sorte de... connexion avec Faël.

La prophétie. Alyz l'avait dit.

Non. Non !

J'enfile mes vêtements en vitesse. Il faut que je voie Lathelennil.

Maintenant.


*


— Tu sais où il est ?

Le jeune mâle me fixe d'un air idiot. J'ai pris le premier que j'ai trouvé. Et pas le plus malin de la guilde, visiblement.

— Qui ça ?

— Lathelennil.

Il fronce le nez, révélant des taches de rousseur sur sa peau pâle. C'est encore un hënnel, un môme à peine pubère. Où mon cousin arrive-t-il à dégoter des recrues aussi jeunes ? À croire qu'il cache un vivier de femelles quelque part.

— L'ard-æl ? répond-il de sa voix légèrement rauque. Il est descendu à terre, je crois. Vendre des esclaves.

Trop tard.

Presqu'une petite lune qu'on est amarré à Cyg-cerdedd. Et moi, qui n'ai même pas eu la présence d'esprit de lui demander s'il détenait la sœur de Faël avant, hanté par ces rêveries bizarres...

Non. Avoue plutôt qu'avant, tu t'en fichais.

Mais la situation a changé. Il faut que je la retrouve.

Que je les retrouve toutes les deux. Elle et sa sœur.

— Je descends à terre, annoncé-je au jeune en me ruant sur le sas.

Le Marché à la Chair est l'un des rares endroits qui n'a guère changé depuis la Chute d'Ultar. Les sluaghs continuent de le gérer. Au moment où la catastrophe a commencé, ou avant sûrement, ils ont réussi à isoler cet endroit dans une dimension de poche. Une technologie qu'on a perdue, et qui ne fonctionne aujourd'hui que grâce aux rares portails encore en activité.

Mais les sluaghs continuent à faire commerce de tout et n'importe quoi. De bouffe et d'esclaves, principalement. Je saute parmi leurs silhouettes rabougries et grouillantes, aussitôt suivi de Rizhen qui accoure, mon shynawil à la main.

LA CHAIR ET LE MÉTAL (Ne me mords pas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant