Vaisseau Elbereth
Localisation inconnue
— Si ce prince de pacotille savait ce qu'était un sidhe... Il n'aurait pas dit tout ça, pesta Angraema. Quand je pense à tout ce que Père a enduré !
C'était vrai. Ren ne connaissait même pas ses parents. Il avait été offert au dieu de la guerre tout petit, alors qu'il ne savait encore ni marcher ni parler. Il avait été seul toute sa vie, forcé de tuer ou d'être tué.
Et les humains lui ont fait du mal, a lui aussi.
Ils l'avaient humilié, mutilé, exploité... et forcé à se reproduire avec sa propre sœur.
— Ce mot que votre père a dit tout à l'heure... nien, ou un truc comme ça. Je ne le connaissais pas. Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Lamentation, me répondit Pas Douée. Ou deuil, un truc du genre.
— C'est le prétexte qu'il a donné à l'éloignement de ces deux tárani, intervint Arda. Il fallait leur laisser le temps de pleurer leurs morts en paix... Personnellement, j'y crois pas une seconde : c'était un faux prétexte. Le prince devait avoir ses fièvres, ou quelque chose comme ça. Maintenant que c'est fini, on a le droit de le voir.
J'avais de la peine pour Círdan. Et un peu de difficulté à comprendre le manque de compassion des filles envers lui. Surtout de la part de Pas Douée, que je savais dotée de plus de cœur que ces sœurs.
Je les laissai à leurs occupations et retournai sur l'Elbereth. Les deux vaisseaux étaient reliés par un portail qui donnait sur le pont principal, et qui restait désormais ouvert : tout le monde pouvait circuler librement. Je savais néanmoins que ni Tanit ni Círdan n'auraient osé pénétrer sur le cair de Mana sans y avoir été invités, et, de fait, l'ombrageuse ældienne ne les avait pas conviés. Ils restaient donc à bord de l'Elbereth : c'était nos invités, notre responsabilité. Tanit avait demandé asile et protection à Ren, pas à Mana. Quelque chose me disait d'ailleurs que cette dernière aurait refusé, et les aurait laissés sans pitié sur le vaisseau tombeau.
— Tout se passe bien ici ? demandai-je à Elbereth en rejoignant la salle de commandement.
— Ça dépend ce que t'appelle bien. On navigue à l'aveugle, lâcha la wyrm en ignorant le regard alarmé que lui jetait Dea.
— Ren ne te donne plus d'instructions ?
— Plus depuis qu'on a croisé le Mirhendelas.
Un frisson me glissa le long de l'échine.
Et si on avait ramené à bord ce qui avait contaminé le Mirhendelas... quelque chose comme une malédiction, ou un truc du genre.
Je me repris. De telles choses n'existaient pas.
Même si les ylfes et les wyrms des anciennes légendes, eux, existent.
Je me penchai sur le moniteur, que j'avais installé sur la console ældienne pour mieux comprendre ce qui se passait dehors.
— Il y a un truc qui clignote sur cet écran, pourtant... Vous ne l'avez pas vu ?
Dea et la wyrm échangèrent un regard complice, qui ne m'échappa pas.
Je me redressai, un doigt accusateur pointé sur les deux navigatrices.
— Vous deux, vous me cachez quelque chose !
— On ne voulait pas te le dire, asséna Elbereth.
— Pour ne pas t'affoler, continua Dea.
Je plaquai mes mains sur mes hanches.
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LA CHAIR ET LE MÉTAL (Ne me mords pas)
Fiksi IlmiahLa proie : "On l'appelle Obscur, incarnation vivante des ténèbres. Un cœur plus noir que la nuit elle-même. Cœur ? Ce monstre n'en a pas." Le chasseur : "Je l'appelle Faël, celle à la blanche chevelure. La proie la plus appétissante que je n'ai eu s...