Agacée, Priyanca Varma jeta un œil sur son utilitaire. Cela faisait déjà plusieurs heures que cette réunion durait, et aucune véritable décision n'avait été prise.
— Il faut décréter l'état d'urgence et autoriser le SVGARD à prendre les mesures qui s'imposent, éructait Din Ramatory, le secrétaire à la Défense de la Nouvelle Arkonna. On ne peut pas laisser ces morts-vivants faire la loi et détruire des colonies entières !
— Arkonna était un accident, Din, tempéra Singh en levant une main apaisante. Nos services ont établi que les Desséchés n'avaient aucune intention hostile : c'est l'intervention conjointe des rebelles de Padma, menée par un ældien, et les tirs ayant accidentellement touché des armes Korridites non désamorcées qui ont provoqué cette tragédie.
Jon Dassow, l'un des plus gros armateurs de la République, tira une longue bouffée sur son cigare électronique.
— Vous n'allez pas recommencer avec ces ældiens, ricana-t-il. On ne parle que de ça, en ce moment. Les gens deviennent hystériques. On parle même de colonies entières disparues !
— Ce sont des rumeurs, coupa Singh. Ar-waen Elaig Silivren en revanche, existe vraiment.
— Personne ne peut le confirmer...
— Si. Quelqu'un le peut.
Priyanca garda le silence. Jamais elle ne se permettait d'intervenir lors d'une réunion du Président avec les principaux actionnaires de la République. Ce n'était pas son rôle. Si Manmohan estimait nécessaire de la faire intervenir, il le ferait.
— Qu'importe, ces « Desséchés », comme ces rebelles séparatistes, sont des dissidents qui contreviennent aux lois de la République ! Enfin, Manmohan, vous le savez ! On ne peut pas laisser n'importe qui transférer ses données vitales à sa guise. Ces gens n'ont même pas de numéro de citoyen !
— C'est bien pour cela qu'ils ne se réincarnent pas, sourit Singh. Mais mettez-vous un peu à leur place : disparaitre purement et simplement, alors que la technologie existe, tout ça parce que vous n'avez pas les moyens de se faire implanter ? C'est injuste. C'est ça, que ces rebelles fustigent.
— On n'a pas les moyens matériels d'implanter tout le monde, ni d'accueillir toute la misère de l'univers dans le Crypterium, grinça l'Administrateur du Réseau. Vous savez combien il y a d'habitants, dans la Voie ?
— Oui. Six cent dix milliards en moyenne par système-monde, c'est ça ?
— Et nous administrons trente-trois mille sept cent quatre-vingt huit systèmes-mondes. Je ne compte même pas les organiques non-citoyens des colonies, qui se reproduisent comme des lapins... Ils veulent vivre selon leurs lois, loin de la République, eh bien ! Qu'ils meurent comme tels.
Une sonnerie bienvenue tira Priyanca de toute cette agitation. Un message de son aide de camp. Elle sortit de la salle et prit la communication.
— Oui ?
— Les rebelles, Amirale.
— Quoi, les rebelles ?
— Les fuyards de Padma. Ils sont revenus.
*
Les fuyards, c'était beaucoup dire. Une poignée de croiseurs quasiment à l'état d'épave, voilà tout ce qu'ils restaient de la fière flotte indépendantiste. Leur flotte avait subi une débâcle terrible. Le chef de l'escadron de chasseurs, le légendaire Levi Fenrig, était l'un de ceux qui avaient survécu. Priyanca se félicitait à avoir été prévenue la première : elle voulait l'auditionner elle-même, avant que le SVGARD ou autre ne lui tombe dessus.
VOUS LISEZ
LA CHAIR ET LE MÉTAL (Ne me mords pas)
Science FictionLa proie : "On l'appelle Obscur, incarnation vivante des ténèbres. Un cœur plus noir que la nuit elle-même. Cœur ? Ce monstre n'en a pas." Le chasseur : "Je l'appelle Faël, celle à la blanche chevelure. La proie la plus appétissante que je n'ai eu s...