Autremer
— ... Quand mon troisième est né, mon grand était déjà sevré, mais il a tout de même fait une crise de jalousie. Est-ce que les hënnil sont jaloux comme ça, chez vous ? Normalement, dans les familles orcneas, on partage tout. Les frères et sœurs se tiennent les coudes. Alors j'ai dit à Kharwar...
Le bavardage de Tymyr n'a pas de fin. Tellement incessant, que je n'écoute même plus. Je connais déjà tout sur sa famille. Ses huit gosses – six filles et deux garçons -, son époux le fameux Kharwar, ancien gladiateur à succès, mais aussi sa grand-mère, son grand-père, et ses innombrables frères, sœurs, et cousins.
— ... Quand il a tenté d'assassiner son petit frère, là, j'ai vu rouge. Je lui ai dit... (Elle s'arrête enfin.) Ta main, patron. L'autre. J'ai fini la droite.
Je récupère ma main. Tymyr a fait du bon boulot. Mes griffes poussent très vite, et je suis obligé de les faire tailler régulièrement.
— L'eysh est prêt. Tu peux mettre tes doigts dedans.
L'eysh. Ce mélange d'iridium fondu et d'autres substances secrètes – chacun a sa façon de le préparer – dans lequel les guerriers dorśari trempent leurs griffes et leurs crocs pour les renforcer. J'ai soudain un pensée pour Dasma, et toutes ces malheureuses aslith dont j'ai lacéré la peau tendre avec ces serres métalliques.
— Laisse, je vais les garder comme ça.
Tymyr me jette une œillade réprobatrice.
— Si tu comptes encore combattre dans l'arène, ard-æl...
— Je ne compte pas combattre dans l'arène.
Je vais chercher l'Aonaran. Et, ensuite, arracher la tête d'un perædhel. Je pense y arriver sans griffes laquées. D'autant plus que tu me l'as fait tout récemment.
Mais Tymyr semble adorer les taches ménagères. La bouffe, la taille des griffes.
— Bon, grogne-t-elle. Comme tu veux. C'est toi le chef ! Mais je vais te raser les tempes et tresser tes cheveux en arrière. Comme ça, tu auras au moins un peu l'air d'un guerrier. J'ai jamais vu un ylfe aussi négligé ! Que tu sois atteint de muil n'excuse pas tout.
— On dirait que tu veux me faire ressembler à un chef orc, souris-je en relevant les yeux vers elle.
— Tu seras plus beau comme ça, ard-æl, insiste Tymyr. Plus redoutable. Enfin, tu es déjà beau et redoutable, mais là, vraiment, tu seras comme un véritable drughi !
Un chef de guerre orc. C'est un compliment, je suppose.
— D'accord. Fais ton office.
Tymyr passe ses doigts sur mon crâne, et après avoir enduit mes cheveux d'huile, commence à me masser le cuir chevelu. Ce n'est pas désagréable.
— Je serais presque jaloux, se moque Rizhen en se plantant devant nous, une coupe de gwidth à la main.
J'ouvre ma paume. Il me cale une deuxième coupe dedans. Quand je me redresse pour boire, Tymyr gronde.
— Tu peux l'être, lance-t-elle à Tymyr. Tu n'es pas l'ard-æl, il n'y a qu'à lui que je fais ça. Et à mon mari.
— Il y a quelques jours encore, tu disais que tu étais prête à venir partager mon khangg ! s'indigne Rizhen. Tu peux bien me masser la tête, Tymyr.
— Non ! bougonne-t-elle, imperturbable. Je t'ai proposé ça avant de décider que Tamyan serait mon ard-æl. Et il a défendu les orcs. Je suis à son service.
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LA CHAIR ET LE MÉTAL (Ne me mords pas)
Fiksi IlmiahLa proie : "On l'appelle Obscur, incarnation vivante des ténèbres. Un cœur plus noir que la nuit elle-même. Cœur ? Ce monstre n'en a pas." Le chasseur : "Je l'appelle Faël, celle à la blanche chevelure. La proie la plus appétissante que je n'ai eu s...