Planète d'Altaïs, système de Seth, secteur inconnu
Le portail irradie. Luvine se tient devant avec son moniteur improvisé, toute fière.
Elle a réussi.
Gerald la rejoint à grands pas.
— Est-il opérationnel ?
— Il l'est, exulte Luvine avec un sourire énigmatique.
Il se tourne vers moi.
— Les coordonnées, Faith.
Tous les deux me regardent, attentifs. Je m'agenouille devant l'écran posé dans la caisse ouverte et commence à taper la série de chiffres maudits, ceux que le SVGARD a confiné au fond d'un monastère mieux gardé que la prison d'Astantor et qu'on ne peut approcher sans une accréditation spéciale. Les coordonnées de la dimension infernale de l'univers, d'un coin de l'Hadès peuplé de créatures vouées au mal et à la destruction.
Littéralement, l'adresse de Tamyan.
L'immense arche est traversée d'éclairs électriques bleuâtres. Au pied du portail apparaissent toute une série de glyphes, qui glissent d'eux-mêmes comme des serpents sur le sable, s'ajustant et se réajustant. Un triple cercle traversé de lignes, chacune contenant un symbole différent. Gerald observe tout cela avec attention.
— Qu'est-ce que c'est ? m'enquis-je.
— La manière la plus artisanale d'établie une connexion avec un autre monde... Dorśa ne se trouve pas sur notre plan dimensionnel. Elle est cachée par-delà l'Autremer, ce réseau souterrain que nous appelons l'hyperespace.
— D'accord... et on peut s'y rendre ? Je veux dire, autrement qu'avec la technologie des vecteurs.
Les vecteurs ne nous permettent que d'aller d'un point à un autre. Pas de nous promener librement dans l'hyperespace.
— Nous ? Non. Mais avec ce portail, c'est possible. Il manque quelque chose, toutefois, répond tranquillement Gerald.
— Qui est ?
D'un geste aussi brutal que soudain, Gerald agrippe Luvine.
— Un sacrifice, annonce-t-il.
Stupéfaite, je le vois sortir un long couteau de combat, et l'enfoncer dans le ventre artificiel de la hackeuse. Des fluides multicolores s'écoulent alors qu'elle convulse, les yeux révulsés. Finalement, sa tête retombe sur son épaule, inerte.
Mon Dieu. Gerald...
Je suis trop choquée pour parler. Gerald s'en rend compte.
— Ce n'est pas du véritable sang, mais je suppose que ça ira, dit-il en essuyant sa lame sur la combinaison de Luvine. L'essentiel, c'est de sacrifier une vie.
Je fais un pas en arrière, horrifiée. Le sang de Luvine coule sur les symboles, imbibant le sable blanc. Son corps s'écroule au sol comme une poupée désarticulée. Gerald sort un émetteur à faisceau gravitationnel miniaturisé de sa veste tactique et, sans un mot, grille le cortex de Luvine.
Cette fois, elle est belle et bien morte. Sa personnalité n'a pas été sauvegardée.
— Tu l'as tuée... pourquoi ?
Je n'arrive pas à croire qu'il ait fait ça. Même pour réussir une mission commandée par sa hiérarchie. Lui, considéré comme un saint homme par tant de monde ? Lui, qui m'avait tendu la main sans me juger, et avait donné des réponses à mes interrogations les plus noires ?
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LA CHAIR ET LE MÉTAL (Ne me mords pas)
Fiksi IlmiahLa proie : "On l'appelle Obscur, incarnation vivante des ténèbres. Un cœur plus noir que la nuit elle-même. Cœur ? Ce monstre n'en a pas." Le chasseur : "Je l'appelle Faël, celle à la blanche chevelure. La proie la plus appétissante que je n'ai eu s...